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COP28 : Les cinq enjeux majeurs d’une conférence climat cruciale alors que le réchauffement climatique s’accélère

COP28COP28. | Source : Getty Images

COP28 | Les conférences sur le climat démarrent avec de grands espoirs, mais les résultats et les promesses sont généralement décevants, tant il est complexe de parvenir à un consensus mondial. Pourtant, la COP28 est d’une importance primordiale : 2023 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée sur la planète et la communauté scientifique multiplie les avertissements concernant les conséquences du réchauffement climatique.

 

Les perspectives de transition énergétique de la société de conseils Wood Mackenzie prévoient une trajectoire de réchauffement de 2,5 °C d’ici 2100, un chiffre bien au-dessus des objectifs de l’Accord de Paris, qui visait à limiter la hausse des températures à bien moins de 2 °C. La COP28 peut-elle tenir ses promesses ou sera-t-elle une énième déception ?

 

1. L’industrie doit payer pour les émissions. Le premier bilan mondial quinquennal fournira une évaluation complète, pays par pays, de l’état d’avancement des contributions déterminées au niveau national (CDN) de chaque pays en vue de réduire les émissions. Le bilan n’est pas très réjouissant : aucun des 195 signataires n’a atteint l’objectif fixé. Il y a des progrès, mais ils ne sont pas assez rapides.

Que faut-il faire ? La COP28 doit permettre l’alignement des gouvernements sur des objectifs plus ambitieux et une mise en œuvre efficace. Ce ne sera pas facile, car certains pays leaders ont reculé cette année par rapport à certains objectifs antérieurs, reflétant les sensibilités politiques nationales liées à la promotion d’un programme à faible émission de carbone à la suite de la guerre en Ukraine.

En supposant qu’un accord collectif soit trouvé, les gouvernements doivent à leur tour trouver des moyens de faire peser sur les différents secteurs de l’économie la responsabilité de payer pour émettre. Les taxes et les prix sur le carbone sont parmi les moyens les plus rentables d’y parvenir, mais ils sont loin d’être universels. D’autres solutions consistent à renforcer la réglementation et à réduire les subventions accordées aux combustibles fossiles.

La COP28 accueillera également des « focus streams » sur les technologies et les ressources naturelles essentielles à l’extension du système énergétique à faible émission de carbone, notamment l’hydrogène, le CUSC (captage, utilisation et stockage du dioxyde de carbone), l’énergie nucléaire et les minéraux clés de la transition.

Les grands pays et blocs émetteurs (l’Union européenne, la Chine et les États-Unis) doivent prendre l’initiative, faute de quoi les autres ne pourront pas faire leur part du travail. La déclaration commune du président américain Joe Biden et du président chinois Xi Jinping, publiée la semaine dernière, est porteuse d’espoir, car elle relance à la fois le principe et la pratique de la coopération entre les deux pays en matière d’énergie et d’émissions.

 

2. Un financement pour le monde en développement. Les nations développées ont fait miroiter des capitaux : 100 milliards de dollars par an pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement ont été promis en 2009. Jusqu’à présent, les résultats n’ont pas été à la hauteur, bien que 83,3 milliards de dollars aient été débloqués en 2020 et que l’objectif de 100 milliards de dollars puisse être atteint en 2023. Le montant devrait être sensiblement revu à la hausse en 2025, avec des estimations allant de 400 à 1 300 milliards de dollars par an en 2030. Le nouvel objectif en matière de financement de la lutte contre le changement climatique doit être négocié et finalisé avant la COP29 en 2024. Les résultats de l’inventaire mondial serviront de référence pour illustrer la situation des pays par rapport à leurs objectifs et ce qui est nécessaire pour intensifier les efforts.

L’accès à des capitaux bon marché est essentiel pour les pays en développement, où les taux d’emprunt peuvent atteindre plus de 10 %, contre 1 % à 4 % pour les pays riches.

La Banque mondiale et le FMI gèrent les droits de tirage spéciaux (DTS), une forme d’actif de réserve à l’échelle mondiale qui peut être échangé contre des liquidités au niveau de la banque centrale afin d’être affecté aux efforts d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Le FMI a utilisé cette méthode au plus fort de la pandémie et a débloqué 650 milliards de dollars. La même méthode est proposée pour combler le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

 

3. Mettre de l’ordre dans les marchés des crédits d’émission de carbone. L’article 6, qui consacre les règles des marchés du carbone alignées sur l’Accord de Paris, a été un moment fort de la COP26 à Glasgow. Les négociations de la COP28 se concentrent sur l’article 6.4, un travail inachevé depuis la COP27 de l’année dernière. Les crédits d’émission de carbone, souvent générés dans les économies en développement, manquent actuellement de règles claires pour évaluer les projets et mesurer les émissions. La comptabilité est une zone grise, le manque de transparence actuel limitant la valeur des crédits et étouffant le développement du marché.

On s’attend à un renforcement des règles de l’article 6.4 afin d’introduire un nouveau mécanisme d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre. Les pays et les entreprises pourront acheter des crédits internationaux qui seront pris en compte dans les CDN. L’inconvénient est que les pays devront mettre en place des structures administratives pour participer au mécanisme, et si le pays a du mal à respecter ses CDN, il pourrait révoquer l’autorisation accordée aux entreprises d’échanger des crédits à l’échelle internationale. On s’attend également à ce que les solutions technologiques et naturelles soient autorisées dans le cadre du mécanisme. La résolution de l’article 6.4 devrait rétablir la confiance dans le marché des crédits d’émission de carbone.

 

4. Les compagnies pétrolières et gazières se remettent. Le secteur a un rôle important à jouer dans la transition, notamment en fournissant le pétrole et le gaz à faible coût et à faible teneur en carbone dont l’économie dépendra encore pendant des années, ainsi que les capitaux nécessaires au développement d’une énergie à faible teneur en carbone.

L’industrie doit également répondre à une demande spécifique et urgente lors de la COP28. Le pétrole et le gaz sont responsables de près d’un quart des émissions de méthane d’origine humaine. Si certaines grandes entreprises se sont engagées à réduire leurs émissions de méthane, les gouvernements n’ont généralement pas été assez stricts : les objectifs de réduction sont en grande partie volontaires ou liés à des objectifs généraux en matière d’émissions.

De retour sous la tente, les compagnies pétrolières internationales et nationales ont une occasion en or d’asseoir leur crédibilité en tant qu’agents de la réduction des émissions de méthane en adoptant des engagements plus ambitieux et plus contraignants.

 

5. Comment réussir. L’Accord de Paris a fait des miracles en alignant des pays et des agendas disparates sur un objectif commun. Sept ans plus tard, ces bonnes intentions risquent de se heurter aux réalités économiques et politiques. Une COP28 efficace doit restaurer cette confiance.

Si les Émirats arabes unis parviennent à galvaniser l’esprit et l’enthousiasme des pays participants, rappelant ainsi l’esprit qui régnait lors de l’Accord de Paris, la COP28 sera une grande réussite.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Wood Mackenzie

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