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Comment les entreprises doivent-elles aborder la durabilité aujourd’hui ?

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Comment les entreprises doivent-elles aborder la durabilité aujourd’hui ? Getty Images

L’incertitude règne parmi les équipes développement durable, ESG et gestion des risques des multinationales, qui cherchent des repères face à un avenir réglementaire flou. En Europe, les États membres peinent à s’entendre sur le paquet de simplification Omnibus, envoyant des signaux contradictoires, tandis qu’aux États-Unis, la déréglementation environnementale soulève encore de nombreuses questions.

 

Le constat est clair : beaucoup d’entreprises ont consacré du temps et des moyens à se préparer aux nouvelles exigences en matière de durabilité, convaincues que des réformes majeures comme la Directive relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD) allaient bientôt entrer en vigueur. Résultat : elles se retrouvent aujourd’hui en plein flou réglementaire, sans réelle visibilité sur leurs futures obligations. Alors, que doivent-elles faire dans cet entre-deux ?

 


Se recentrer sur l’analyse de matérialité 

En clair, c’est le moment idéal pour faire le point sur le chemin parcouru — à commencer par l’analyse de matérialité. Dans le monde financier, la matérialité renvoie aux informations susceptibles d’influencer les décisions économiques d’une organisation. Transposée au champ de la durabilité, elle sert à identifier les enjeux ESG les plus significatifs pour l’entreprise et ses parties prenantes. Ces priorités ne déterminent pas seulement le contenu des rapports extra-financiers : elles guident aussi la stratégie globale et les choix d’investissement.

L’analyse de matérialité constitue ainsi une base fondamentale : elle met en lumière les valeurs, objectifs et engagements d’une entreprise, tout en vérifiant leur cohérence avec sa stratégie. C’est aussi le point de départ indispensable pour choisir les informations à inclure dans la déclaration de durabilité, en reflétant les impacts, risques et opportunités qui concernent l’entreprise et l’ensemble de sa chaîne de valeur, en amont comme en aval.

Dans un contexte en constante évolution, où les prises de position des entreprises sur la durabilité peuvent rapidement être récupérées ou politisées, une analyse de matérialité rigoureuse et bien expliquée ancre la stratégie RSE dans des faits tangibles. Elle dépasse les discours émotionnels en mettant en lumière les raisons économiques et stratégiques des actions entreprises, tout en garantissant que la démarche évolue en phase avec les besoins changeants de l’entreprise.

 

S’inspirer des pratiques de référence

Malgré l’incertitude réglementaire, les forces qui poussent le marché vers la durabilité restent intactes, voire renforcées. C’est donc le moment idéal pour les entreprises d’observer attentivement les pratiques de reporting RSE de leurs concurrents. Cette veille deviendra bientôt un référentiel clé, tant pour s’évaluer soi-même que pour être jugé par les autres.

Alors que les régulateurs peinent encore à définir un cadre clair, plusieurs pionniers ont déjà publié leurs rapports conformes à la directive CSRD. À ce jour, près de 500 entreprises ont diffusé des rapports répondant à ces nouvelles exigences. L’éditeur de logiciels ESG KEY ESG a d’ailleurs rassemblé une base de données consultable en ligne.

Ce qui frappe à la lecture de ces documents, c’est que beaucoup proviennent de pays où la CSRD n’a pas encore été intégrée dans la législation nationale. Selon une analyse approfondie de PwC sur 100 rapports, près de 90 % émanent de cinq pays européens, dont l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas, qui n’ont pas encore transposé la directive. Autre constat : ces rapports varient beaucoup en longueur et en contenu, certains faisant 30 pages, d’autres 300, avec des focus très différents sur les risques liés à la durabilité.

Pour les dirigeants qui peaufinent encore leur stratégie de reporting, le message est clair : des centaines d’entreprises — dans l’industrie, la tech, la finance, le commerce ou l’énergie — ont déjà amorcé cette transition. En prenant les devants, elles gagnent en maîtrise du processus et participent à définir les standards du secteur. Elles se positionnent aussi comme des leaders aux yeux des investisseurs, clients et partenaires, de plus en plus sensibles aux enjeux de durabilité.

 

Revenir à l’essentiel

Dans le contexte actuel, marqué par des retards de mise en œuvre et des tensions politiques, il est facile pour les dirigeants de perdre de vue l’essentiel. Pourtant, qu’elles soient différées ou non, les obligations en matière de reporting RSE finiront par s’imposer — que ce soit par la réglementation ou, déjà aujourd’hui, sous la pression croissante des investisseurs et des clients.

Plus tôt les entreprises s’aligneront sur ces standards, mieux elles seront préparées le moment venu. D’autant que de nombreuses sociétés publient déjà des rapports conformes à la CSRD, et que cette dynamique volontaire ne cesse de prendre de l’ampleur. Cette tendance crée une pression implicite sur celles qui n’ont pas encore communiqué sur leurs engagements.

Ce n’est donc pas le moment de ralentir, mais bien de consolider et d’affiner ses pratiques en matière de durabilité, en se concentrant sur ce qui compte vraiment pour l’entreprise et ses parties prenantes.

 

Une contribution de Mary Foley pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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