Nombreuses sont les banques à travers le monde qui ont manifesté un engagement en faveur de la neutralité carbone d’ici à 2050. Mais ces dernières semblent encore afficher un retard sur le sujet. Selon un rapport de l’ONG Reclaim Finance, publié mardi, les 65 plus grands établissements financiers, dont les quatre principales banques françaises, ont accordé entre 2021 et 2024 plus du double de financements aux énergies fossiles qu’aux énergies vertes.
Une trajectoire à contre-courant des objectifs environnementaux
L’organisation française Reclaim Finance, qui milite pour une finance au service de la transition, a fait état des financements des banques mondiales en matière d’énergie. Entre 2021 et 2024, elles ont accordé 3 285 milliards de dollars aux hydrocarbures, contre 1 368 milliards pour l’éolien ou le solaire. Or, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, il faudrait atteindre un ratio de 6 pour 1 d’ici 2030. Actuellement, pour chaque dollar investi dans le pétrole, le charbon ou le gaz, seuls 42 centimes sont dirigés vers des secteurs durables.
Pour Rémi Hermant, auteur du rapport et analyste chez Reclaim Finance, le constat est paradoxal :
« […] Dans la façon dont certaines banques communiquent, elles donnent l’impression qu’elles sont les premiers soutiens aux alternatives durables. Mais quand on regarde le ratio, on voit que les deux courbes évoluent en parallèle. Le décrochage n’a pas lieu, elles continuent de déverser plus du double dans le fossile », explique-t-il.
Il déplore aussi la prise en compte par les banques de technologies dites “clean”, comme la biomasse, qui n’est pas neutre en carbone, ou le nucléaire, jugé trop lent à déployer pour respecter les échéances du « net zéro ».
Aucune banque n’échapperait au non-respect des objectifs climatiques. Mais certaines s’en sortent un peu mieux, notamment en Europe. Les banques américaines Goldman Sachs, Bank of America ou encore Morgan Stanley, elles, ont accru leurs investissements dans les hydrocarbures tout en réduisant ceux liés aux énergies durables. Elles ont même quitté l’alliance bancaire pour le climat (NZBA), ce qui a conduit à la suspension de ses activités.
La France, un moins mauvais élève pour la transition énergétique
Selon Reclaim, le ratio était en 2024 de 2,6 euros pour les énergies renouvelables contre 1 euro pour le fossile pour les six plus grandes banques françaises. BNP Paribas et Crédit Agricole ont annoncé en mai 2024 qu’elles ne participeraient plus à l’émission d’obligations classiques pour les entreprises d’extraction et de production de pétrole et de gaz, « ce qui devrait renforcer la tendance des banques françaises dans les années à venir », souligne le rapport.
La Banque Postale se distingue avec un ratio de 8,97 pour 1, grâce à une faible exposition historique aux hydrocarbures. « Il faut saluer ces efforts, mais ça ne rattrape pas le constat global », conclut Rémi Hermant.
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