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William Abadie, le « French Lover » qui veut casser son image

© Getty Images

Au casting de la série phénomène Emily in Paris sur Netflix, William Abadie connaît une grande exposition médiatique. Pour autant, sa parole est rare. Pour Forbes, il revient sur son rêve américain qu’il a durement arraché. Et révèle comment il compte casser son image de French lover. L’entreprise ?  Un autre projet qui va bientôt prendre forme.

Propos recueillis par Sabah Kaddouri.
Article issu du numéro 24 – automne 2023 de Forbes France

 

Beaucoup font le choix des États-Unis après s’être fait un nom en France. Pourquoi avoir commencé là-bas ?

WILLIAM ABADIE : Dans les Alpes où j’ai grandi, j’ai été bercé par la culture américaine à travers les nombreuses séries à succès, les films iconiques comme Midnight Express, Rocky ou Star Wars. Ayant été plus « touché » que mes frères et sœur, j’ai évolué à contre-courant en préférant pratiquer le hockey sur glace plutôt que le foot ou en regardant des matchs de NFL ou de NBA. L’envie de partir pour devenir acteur n’est pas tout de suite venue, avant il y a eu une décision que j’ai dû assumer : celle de quitter le foyer familial très jeune. L’adolescent rebelle que j’étais savait bien sûr mieux que tout le monde…

Devant ce fait accompli, mes parents, restaurateurs à Megève, m’ont demandé de travailler, et ma mère tenait particulièrement à ce que j’apprenne l’anglais. Je suis allé à Londres puis à Paris où j’ai rencontré une comédienne. Tout a changé à ce moment… En assistant à ses représentations théâtrales, j’ai eu l’étincelle.

 

Avez-vous regretté votre décision d’arrêter l’école si tôt ?

W.A. : Oui, mais j’ai eu la chance de rencontrer un professeur quand j’ai intégré mon premier cours de comédie à Paris : Claude Mathieu. Claude a cru en moi et m’a fait le plus beau cadeau : il m’a appris à travailler. J’ai commencé à dévorer tous les grands classiques littéraires, à me plonger dans l’univers des grands auteurs adaptés sur scène et à l’écran. Au contact de ce monde, j’ai découvert que le métier d’acteur permettait de voyager, d’étudier des personnages, l’histoire, des cultures, de mémoriser des textes. Je n’apprenais certes pas les maths, mais j’avais accès à tant d’autres savoirs. Lorsque j’ai eu ce déclic, j’étais inarrêtable ! C’était l’Amérique et le prestigieux Lee Strasberg Institute de New York, sinon rien !

William Abadie © Sparkles & Bubbles

 

Vous avez réussi à tourner aux côtés de Diane Lane et de Richard Gere, puis dans plusieurs séries phénomènes : Sex and the City, Gossip Girl et, maintenant, la production Netflix, Emily in Paris… Tout est possible à présent ?

W.A. : En fait, c’est à la fois un bonheur et en même temps une difficulté d’être au casting de séries au retentissement planétaire. Je l’observe encore avec Emily in Paris. Je suis le Frenchie qu’on aime placer dans le rôle de French lover, un Lars von Trier, par exemple, ne pensera pas tout de suite à moi pour jouer un barman irlandais et sa descente aux enfers… Évidemment, aujourd’hui, j’ai envie d’avoir plus accès à des rôles de composition… Au Lee Strasberg Institute, j’ai joué Richard III, du Tennessee Williams, ainsi que des rôles comiques. J’ai donc un désir énorme d’évoluer dans ces registres. Ma dernière gifle cinématographique est The Whale, un grand film et un rôle exceptionnel pour Brendan Fraser, qui lui ont permis de revenir en force et de décrocher un Oscar.

 

Vous avez donc à cœur de casser cette image qui vous colle à la peau…

W.A. : C’est ma priorité aujourd’hui. Je veux qu’on me propose ce que je n’ai jamais fait. Ma boussole, c’est la qualité et non la quantité. À moi de persuader les réalisateurs de me mettre dans les habits d’un père de famille du Kentucky ou d’un journaliste de la BBC. Et, plus que tout, de convaincre les metteurs en scène français de collaborer avec moi. J’ai beaucoup d’ambition tout en essayant de toujours garder les pieds sur terre. Je suis prêt à enfoncer la porte du cinéma français !

 

Est-ce que l’on vous tient rigueur d’avoir regardé en priorité outre-Atlantique ?

W.A. : Je dois lever ce malentendu. Pour moi, les deux industries sont très différentes. Aux États- Unis, le box-office est roi, c’est pourquoi le cinéma américain est saturé de Marvels. Auparavant, on pouvait encore voir un chef-d’œuvre comme Le Cercle des poètes disparus, maintenant, c’est devenu très difficile. En France, on a la chance d’avoir l’un des cinémas les plus inspirants du monde, d’avoir toujours la possibilité de tourner des films d’auteur. Regardez la dernière Palme d’or de Cannes, le magnifique long métrage Anatomie d’une chute de Justine Triet, n’aurait jamais pu se faire sans ce modèle vertueux franco-français.

Le contenu est plus profond chez nous. De fait, c’est pas à pas que je montrerai mon amour, mon estime pour le cinéma hexagonal et ma capacité à incarner des rôles de composition. Et plus largement, européen, il y a un nombre croissant de grosses coproductions de qualité. D’ailleurs, après cette interview, je m’envole pour l’Italie pour apprendre l’italien.

 

Ce côté « belle gueule » vous dessert-il finalement ?

W.A. : Mon image a été ce véhicule qui m’a permis de décrocher mes premiers rôles, mais je suis loin d’être un sex-symbol ! Parlons d’un vrai sex-symbol : Leonardo di Caprio. Il a réussi à sortir de ce rôle auquel il a longtemps été cantonné, à donner confiance à l’industrie qu’il pouvait tout interpréter. Même si on est encore venu me chercher pour cette image de French lover dans Emily, je reste très fier de cette aventure. Il ne faut pas être trop sévère avec soi-même.

 

Restons sur Emily in Paris… Les Américains ont décidément une image très romancée de Paris, de la France. En tant que Français, qu’est-ce qui vous a fait le plus sourire dans les stéréotypes véhiculés ?

W.A. : C’est une carte postale à la France pleine d’amour ! Tout me fait sourire, comme la cigarette au boulot, les déjeuners interminables, la bouteille de vin qui est toujours de sortie, les ménages à trois ou encore l’élégance des femmes et des hommes à tous les coins de rue. Ayant passé beaucoup de temps à l’étranger, je réalise que nous sommes assurément uniques et je comprends cette relation « love-hate » pour les Français. Nous nous plaignons tout le temps alors que nous avons le plus beau pays du monde ! Nous sommes d’ailleurs des gens très polis. Finalement, Emily in Paris diffuse une image flatteuse des Français. Et c’est du soft power bienvenu.

 

Avez-vous des projets dans l’entrepreneuriat ?

W.A. : J’ai des projets tous azimuts, notamment dans la restauration. J’ai la gastronomie dans le sang, mais j’ai aussi le goût des autres. L’hospitality est un environnement parfait pour traduire cela. Parallèlement à ma carrière d’acteur, j’ai aussi longtemps travaillé dans ce domaine à New York. Prochainement, et si tout s’aligne comme mes partenaires et moi l’entendons, je devrais inaugurer mon premier restaurant dans l’Upper East Side, à Manhattan. Il s’agit de revisiter le traditionnel bistrot français et d’y ajouter une touche festive. Ce ne sera pas facile car Big Apple a une telle concentration d’établissements. Quoi qu’il en soit, j’ai le goût du défi !

 

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