En créant Posos, Emmanuel Bilbault et Benjamin Grelié s’attèlent au problème aussi fréquent que dangereux des interactions médicamenteuses qui explosent avec la multiplication des traitements. La medtech vient de lever 9,8 millions d’euros.
L’interaction médicamenteuse ou un problème de santé publique
On parle d’interaction médicamenteuse quand l’administration simultanée de plusieurs médicaments modifie les effets thérapeutiques ou renforce les effets indésirables d’au moins un de ces médicaments. Malgré les «contre-indications », « associations déconseillées » et autres « précautions d’emploi », il est difficile de s’y retrouver dans l’océan de ces interactions médicamenteuses, voire, cela devient un problème de santé majeur : entre 2007 et 2018, les hospitalisations liées à un effet indésirable de médicaments ont augmenté de 136% avec un million de journées d’hospitalisations pour 130 000 patients[1] et plus de 15 000 morts par an en France. Parallèlement, le savoir médical double tous les 73 jours[2]. Difficile, voire impossible de suivre un tel rythme.
Posos ou l’aide aux soignants dans la prescription médicale
Après 3 ans de recherche et de développement, Emmanuel Bilbault et Benjamin Grelié ont développé la première intelligence artificielle capable d’analyser une ordonnance et de formuler une recommandation de traitement pour aider les soignants. Leur outil de recherche permet de vérifier en cas de doute la posologie ainsi que le traitement prescrit au patient. Pour cela, l’IA de Posos se base sur plus de 200 sources médicales internationales analysées grâce au traitement de langage naturel.
Déjà utilisée par 85 000 praticiens, la medtech vient de lever 9,8 millions d’euros. Grâce à ce nouveau financement, l’entreprise, qui compte aujourd’hui 40 collaborateurs, souhaite doubler ses effectifs et accélérer son développement. Deux ans après la création de Posos, en 2017, les deux entrepreneurs avaient déjà réussi à lever 2 millions pour mener une phase d’essai auprès des professionnels de santé. Aujourd’hui, les deux entrepreneurs souhaitent déployer Posos dans les hôpitaux et Ehpad, puis auprès des autres professionnels de santé hospitaliers et libéraux. Un projet qui s’inscrit dans la feuille de route du gouvernement, qui a initié en 2021 un volet numérique du Ségur de la Santé. Mais la numérisation est un processus long et les besoins sont urgents. Le secteur ne dispose toujours pas d’outils numériques à la hauteur de ses enjeux.
L’entreprise se voit comme un soutien aux médecins, en leur permettant d’identifier rapidement les risques dans une ordonnance. Une aide qui permet également de leur faire gagner du temps et d’alléger leur charge mentale au moment où la situation de l’hôpital est au cœur de toutes les préoccupations : manque de moyens, pénurie de soignants, surmenage, cyberattaques…
[1] Etude du Collège national de la pharmacologie médicale
[2] Etude Peter Densen, 2011
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