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Les 7 Vies Du Slasher

Dans les nouvelles tendances RH, le slasher est un cas passionnant. Il se crée une vie professionnelle sur-mesure, fondée sur la multiplication des identités professionnelles par goût (et non par nécessité). Il se réinvente en permanence, s’épanouit, et ce faisant, invente un nouveau rapport au « travail ».
Pour donner corps à ce nouveau mode de travail, j’ai décidé d’imaginer un personnage de fiction, synthèse de nombreux échanges avec des slashers.
Ce personnage s’appelle donc Julien et il a 38 ans. A travers lui, je vous propose de découvrir la pluralité de sa vie professionnelle : les 7 vies du slasher.

Mon métier « d’avant »

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La première vie de Julien – notre slasher fictionnel – est assez banale, puisqu’il travaille à mi-temps en CDI dans un grand groupe français. Comment a-t-il sauté le pas d’un poste en CDI à ce statut de slasher ?

« Durant 12 ans, j’ai été salarié dans une grande entreprise française. Avec ma formation d’ingénieur, j’aurais pu mener une carrière et gravir les échelons tranquillement.
Mais il y a deux ans, j’ai eu une sorte de passage à vide. Mon job ne m’intéressait plus, j’avais l’impression qu’il fallait que je révolutionne tout, que je change diamétralement de métier. C’est d’ailleurs dans cet état d’esprit de « terre brûlée » que j’ai démarré mon bilan de compétences.
Après un long point sur mes savoir-faire et ma personnalité, nous en sommes arrivés à la conclusion que j’avais un désir d’entreprendre, inassouvi dans mon job de l’époque. Mais avec deux enfants à charge, je n’avais pas la possibilité de « tout quitter ». J’ai pu négocier de passer à temps partiel puis, récemment à deux jours par semaine, pour pouvoir travailler sur un projet qui me tenait à cœur. »

Redevenir étudiant : le savoir à portée de clic

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La curiosité insatiable des slashers est un trait commun à tous ceux que j’ai pu rencontrer, voilà pourquoi la deuxième vie de Julien consiste à assouvir sa soif de connaissances par le biais de formations.

« Avant de me lancer dans ce projet, j’ai déjà passé beaucoup de temps à me former en ligne. Ca a été une étape importante qui m’a permis de sortir de mon statut d’ingénieur un peu geek et de me prouver que je pouvais m’intéresser à autre chose, en l’occurrence le webmarketing qui était, jusque-là, le pré carré de ma sœur.
Intellectuellement, j’ai également trouvé cette période stimulante. J’ai retrouvé l’état d’esprit dans lequel je me trouvais étudiant : j’adore apprendre. Et pour ça, internet est une source intarissable car on y trouve des formations sur quasiment tout.
Finalement, par le biais de la formation en ligne, j’ai enrichi mon profil d’une dimension intéressante et j’ai déjà été approché par plusieurs cabinets de recrutement pour des missions auxquelles je n’aurais jamais pu prétendre auparavant !
J’ai ainsi été rassuré sur ma décision de passer à temps partiel et ai pu moi-même rassurer mon entourage. »

Ma nouvelle vie d’entrepreneur

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La troisième vie de Julien est celle d’un entrepreneur, ce n’est pas le cas de tous les slashers qui cumulent parfois des activités en CDI ou en freelance. Ce qui est intéressant pour tous, ce sont les synergies qui émergent et aussi le fait que chacun exerce ses différentes activités avec sa propre patte. On dépasse vraiment la notion de clones interchangeables, c’est enrichissant aussi bien pour le slasher que pour les entreprises pour lesquelles il va travailler.

« Depuis quelques mois, je me suis officiellement lancé dans la création d’un projet d’entreprise dans le domaine du webmarketing.
Je suis passé d’une vie professionnelle linéaire à une vie pro tentaculaire, c’est passionnant même si ça demande évidemment quelques ajustements.
Par exemple pour organiser mon temps entre mes différentes missions, j’ai déjà changé plusieurs fois l’organisation, en accord avec mon manager. J’ai observé que j’effectue mieux certaines tâches à des moments donnés de la journée. Finalement, avoir plusieurs activités m’oblige à optimiser mon temps de travail. J’ai supprimé le superflu, je vais plus à l’essentiel et j’en deviens plus performant.
J’ai aussi réalisé que certaines de mes compétences « techniques » me sont très utiles dans mon nouveau métier. Par exemple, en ce qui concerne la modélisation des besoins des clients, ça rejoint ce que je fais dans mon métier d’ingénieur. Chaque jour, je découvre de nouvelles synergies, car il y a toujours un moment où mes différentes activités se recoupent. »

Assouvir ma passion pour le théâtre

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En tant que recruteur, ce qui m’intéresse dans cette quatrième vie de slasher, c’est qu’il se connaît très bien. Il a fait un travail sur lui pour analyser ses motivations profondes et est en capacité d’exprimer pleinement sa personnalité.

« Le théâtre a fait partie de ma vie du collège à la fin de mes études supérieures. Mais quand j’ai commencé la vie active, je me suis plongé dans mon travail et j’ai laissé de côté cette passion.
Lors du bilan de compétences, le théâtre a émergé. Il était clair que je devais lui redonner une place, mais comment ? Avec un emploi en CDI à mi-temps, ma vie d’entrepreneur et ma famille… ajouter le théâtre en plus, n’était-ce pas courir à la catastrophe ? Risquer le burn-out ?
J’ai trouvé une troupe amateur qui répète chaque jeudi soir et un samedi par mois. Ca a demandé une organisation spécifique (et de la souplesse) de la part de ma compagne mais elle préfère un mari au taquet, qu’un mari dépressif.
Étonnamment, cette passion me nourrit aussi pour mon activité d’entrepreneur. Moi qui suis un peu timide, j’ai pris confiance et appris à poser ma voix. Ce n’est pas l’objectif (qui est du pur plaisir) mais il n’empêche que ça me sert quand je démarche. Je me mets dans la peau d’un personnage.
Comme je stimule ma créativité par ce biais, ça impacte aussi positivement mes activités : j’ai de nouvelles idées, inédites, qui ont été remarquées en entreprise. Un peu comme si j’étais sorti du moule et que ça se remarquait. Il y a une semaine, j’ai proposé aux RH d’animer un atelier basé sur l’improvisation pour favoriser la créativité en interne dans mon entreprise, on verra si le théâtre peut me permettre d’explorer de nouvelles voies professionnelles mais déjà sans ça, ça m’apporte beaucoup ! »

Du temps pour mes enfants ou comment ne plus perdre mon temps à le gagner

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Je le place ici en cinquième vie, mais sans ordre d’importance, car le slasher est bel et bien en quête d’équilibre et d’harmonie. Sa vie de famille est aussi importante que sa vie professionnelle, c’est pour lui un enjeu d’épanouissement.
Pour y parvenir, il fait preuve d’une grande agilité et de grandes capacités d’organisation, c’est un atout !

« Il y a quatre mois, notre famille s’est agrandie avec l’arrivée du petit dernier. Nous sommes donc passés en statut de famille nombreuse… Avec les joies et les contraintes associées.
C’était un des points abordés lors de mon bilan de compétences : l’équilibre vie pro – vie perso. Avant, je travaillais beaucoup avec des amplitudes importantes en termes d’horaires. Il faut avouer que ma femme en a fait les frais pour les deux aînés et qu’on dépensait beaucoup en nounou. J’ai réalisé que ça ne me satisfaisait pas. C’est vrai que j’ai beaucoup d’exigences car je veux m’épanouir dans ma vie professionnelle, autant que dans ma vie familiale.
Comme je travaille pour moi trois jours par semaine, j’ai largement gagné en souplesse d’organisation. Trois soirs par semaine, je vais chercher les enfants à la sortie de l’école et je passe un mercredi après midi sur deux avec le cadet.
Et quand l’un des enfants est malade, mon statut nous permet une plus grande agilité ce qui a très nettement réduit le stress « organisationnel ».
Par ailleurs, quand je travaille de la maison, je suis largement plus concentré et nettement plus efficace. »

La communauté de slashers

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Fortement inspiré par la culture geek, le slasher pratique spontanément le peer-to-peer, c’est sa sixième vie, sorte de trait d’unions avec ses pairs mais aussi avec d’autres personnes ou centres d’intérêt qui lui permettent d’ouvrir sans cesse son esprit et penser en dehors du cadre.

« J’ai une vie sociale beaucoup plus riche qu’avant, je participe à des conférences, je me rends sur des salons. J’y fais des rencontres inattendues et enrichissantes, qui m’ouvrent parfois sur de nouveaux univers ou domaines. Ca a été le cas avec tout ce qui est « réseaux sociaux », pas vraiment ma tasse de thé à l’origine. Une rencontre a tout changé. Ensemble, nous pratiquons la co-formation : c’est-à-dire que cette personne m’a initié aux bases du social média et en échange je la forme aux techniques de base de la modélisation des besoins clients.
Je fais également partie de « groupes » en ligne comme sur Facebook pour le SEO ou via une slack-room privée avec des pairs dans le domaine du webmarketing. J’adore cette manière de fonctionner, assez geek finalement.
En général, je travaille de manière beaucoup plus collaborative qu’en entreprise, et ça favorise l’émulation… donc j’essaie d’essaimer ça quand je reviens en entreprise. »

Le Yes Man saisit toutes les occasions

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La septième vie du slasher est plus diffuse, on ne pourrait pas la comptabiliser dans le temps au rythme d’un jour par semaine ou par mois. Elle est pourtant fondamentale pour le slasher car ce mode de fonctionnement de Yes Man lui permet de saisir des opportunités et d’explorer le champ des possibles ouvert par ses multiples rencontres et centres d’intérêt. C’est ce qui le stimule et lui confère une force créative sans limites.

« Fatalement, en multipliant les activités professionnelles, extra-professionnelles et les moments de rencontres, je favorise les opportunités. C’est ainsi que j’ai animé pendant un semestre un cours à des élèves en management et que j’ai déjà effectué des missions de conseil en freelance. C’est un complément de revenus mais surtout, ça s’inscrit dans cette recherche de polyvalence et de stimulation intellectuelle donc c’est parfait !
Surtout, je valorise enfin l’aspect ‘pluriel’ de ma personnalité. Là où ce trait de personnalité pouvait être jugé comme de l’éparpillement, c’est devenu un atout. A bientôt 40 ans, la multi-activité me permet de lutter contre l’obsolescence des compétences et de ré ouvrir une multitude de possibilités en ce qui concerne la suite de ma carrière. »

Ses différents métiers, son goût immodéré pour l’apprentissage, ses activités extra-professionnelles et sa vie de famille… Bien évidemment, cette fiction synthétise un courant en lui donnant vie.
Il existe autant de profils de slasher que de slashers eux-mêmes : en CDI à temps complet, en CDD, en mission freelance… Certains choisissent un job alimentaire pour financer une passion, quand d’autres réussissent à trouver le lien entre tout… En matière d’épanouissement, les slashers ont beaucoup à transmettre.

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