Une tribune écrite par Olivier Descamps, Directeur Général d’iad France, premier réseau d’entrepreneurs immobiliers en France
Depuis le Covid, un souffle nouveau traverse notre pays. Un Français sur deux déclare que son rapport au travail a changé. Ce n’est pas seulement de la lassitude, mais une quête profonde pour retrouver de l’autonomie, de la flexibilité. Derrière ce mouvement silencieux se cache une révolution culturelle : près d’un Français sur deux aspire à lancer sa propre entreprise, estimant possible d’entreprendre sans diplôme ni capital de départ.
Briser les mythes
On a trop longtemps laissé croire que l’entrepreneuriat était réservé à une poignée de privilégiés : diplômés des grandes écoles, citadins connectés, dotés d’un réseau solide et d’un capital de départ.
L’image d’un entrepreneuriat élitiste, celui des start-up qui lèvent des millions, occupe encore trop souvent les récits médiatiques. Ce modèle a sa place, bien sûr. Mais il ne peut être l’unique horizon. Car il intimide. Il décourage ceux qui ne se sentent pas “assez armés”.
Car sur le terrain, la réalité est tout autre. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus d’hommes et de femmes se lancer dansl’aventure entrepreneuriale avec succès sans avoir coché toutes ces cases. Des parcours inspirants comme celui d’une aide-soignante qui ouvre une micro-crèche, d’un salarié de la grande distribution qui se forme à la transition écologique, d’un technicien qui devient artisan chocolatier. Parfois sans diplôme, parfois après une pause ou une reconversion, ils prouvent que l’entrepreneuriat n’est pas un privilège : c’est une liberté. Et cette liberté doit être offerte à chacun.
L’entrepreneuriat, une quête d’émancipation
Ce que recherchent ces nouveaux entrepreneurs, ce n’est pas la réussite flamboyante, mais la liberté. Plus de la moitié citent l’autonomie comme première motivation, suivie du désir d’être son propre patron et l’envie de rééquilibrer vie professionnelle et vie personnelle. L’entrepreneuriat devient alors un outil d’émancipation, un moyen de reprendre la main sur sa vie.
Quotidiennement des profils très divers ou d’anciens professeurs, commerciaux en reconversion ou mères au foyer sans diplômes ni capital de départ, créent leur activité grâce à un modèle combinant liberté, formation continue, accompagnement collectif, mentorat humain : ils démontrent que l’entrepreneuriat est accessible à tous.
Lever les freins
Alors pourquoi tous ne franchissent-ils pas le pas ? Parce que des obstacles majeurs subsistent comme le manque d’accompagnement, la peur de l’échec et près de 40 % de Français qui pointent l’incertitude des revenus et un tiers la complexité administrative.
Il est temps de sortir du mythe du “self-made man” isolé. Réussir, c’est aussi être accompagné, soutenu, encouragé. C’est avoir accès à des réseaux, des formations, des financements.
Mission collective
Ouvrir le champ des possibles à tous les entrepreneurs, c’est croire dans l’intelligence collective. C’est changer notre regard sur la réussite : elle ne se mesure pas seulement à la croissance exponentielle ou aux levées de fonds spectaculaires, mais surtout dans la capacité à vivre dignement de son activité, à redonner vie à un territoire, à se réinventer à 40, 50 ou même 60 ans.
D’ailleurs, 8 Français sur 10 estiment qu’un changement de vie professionnelle est possible à tout âge. Nous avons devant nousune immense opportunité : transformer l’envie d’entreprendre des Français en véritable projet de société. Cela passe par trois leviers simples :
- Former à l’esprit d’initiative dès l’école,
- Accompagner localement grâce à des réseaux humains et de proximité,
- Simplifier administrativement et financièrement le passage à l’acte.
Car entreprendre n’est pas réservé à ceux qui s’en sentent “capables depuis toujours”. C’est aussi, souvent, un choix de renaissance.
Vers un nouveau contrat social
Et si, en 2026, nous faisions le pari de l’entrepreneuriat inclusif comme nouveau contrat social, moteur de notre cohésion nationale, en cessant de demander “d’où viens-tu ?” pour plutôt poser la question “qu’as-tu envie de construire ?”.
La France gagnerait à reconnaître que les reconversions ne sont pas des détours, mais des accélérateurs de sens. Que les réussitesdu quotidien méritent autant d’être célébrées que les succès spectaculaires.
Il ne s’agit pas seulement de favoriser la création d’entreprises, mais bien d’offrir à chacun les moyens de bâtir son avenir, de créer de la valeur locale, de se réinventer.
C’est en ce sens que l’entrepreneuriat, loin d’être l’affaire de quelques-uns, peut devenir le nouveau contrat social de notre pays : une aventure collective, portée par tous, pour tous.
(1) étude iad x Selvitys “L’entrepreneuriat, le rêve français”, septembre 2025.
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