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Au-delà des incantations, la réindustrialisation de la France est possible !

Ouvriers sur un poste de démontage, usine de recyclage automobile GPA, 20 février 2020, Livron-sur-Drôme, France. (Photo by Jean-Marie HOSATTE/Gamma-Rapho via Getty Images)

TRIBUNE | Le sentiment de déclassement que ressentent les Français est fortement lié à la désindustrialisation du pays, le secteur secondaire représentant 80% de la R&D du secteur privé, 74% des exportations et donc des emplois qualifiés bien rémunérés.

La désindustrialisation constitue l’un des drames contemporains les plus aigus de notre pays. Au troisième trimestre 2021, l’industrie ne pesait plus que 13,42% du PIB selon France Industrie, contre 23% en 1980 et plus de 30% dans les années 50. En Europe, son poids est encore de 16%, dont 22% en Allemagne, 17% en Italie et 19% en Suisse. En 50 ans, cette part a donc chuté de 50% en France, ce qui a généré une chute de l’emploi industriel, passé de 5,3 millions en 1980 à 3 millions en 2020.

Ce drame, beaucoup de territoires et de citoyens l’ont vécu dans leur chair. On pense spontanément à la crise du textile vosgien, à la fermeture des mines et de hauts fourneaux en Lorraine. Mais on pense moins à l’affaiblissement considérable de notre production automobile, paradoxalement contemporaine de l’émergence de grandes groupes mondiaux que sont devenus Renault et le groupe PSA. C’est donc un tissu unique de compétences, de capacités exportatrices et un pôle de création de richesses qui se sont effondrés, phénomène mis à nu par la récente crise sanitaire.

Pourtant, au-delà des incantions et des effets de manche, une réindustrialisation est réellement possible, mais elle ne passera pas par des subventions à partir de chèques en bois, mais par une action forte dans trois directions : prélèvements obligatoires, énergie et recherche.

Permettre à nos entreprises de se battre à armes égales en Europe pour relocaliser la création de richesses dans nos territoires et augmenter le pouvoir d’achat

Selon une étude KPMG de 2019, une PME qui dégage 34M€ de chiffre d’affaires affiche un résultat net (i.e. après impôts) suivant sa localisation de 5M€ aux Pays-Bas, 4,4 M€ en Allemagne, 3M€ en Italie et… 1M€ en France. Concernant les actifs, sur 100€ dépensés par l’employeur, il ne reste que 47€ dans la poche du salarié français contre 60€ en moyenne au sein de l’Union européenne (UE) et 70€ en Suisse qui a pourtant des taux de pauvreté et d’inégalité bien inférieurs aux nôtres.

Sur la base d’une réforme ciblée de l’action publique permettant une baisse de 10% des dépenses, soit près de 150Md€ en 2021, il est possible de :

  • réduire de 34 Md€ les prélèvements pesant sur les entreprises, en particulier les TPE, PME et ETI qui emploient 70% des salariés dans nos territoires ;
  • consacrer 17 Md€ au pouvoir d’achat des Français, soit une hausse du salaire net de 100€/mois jusqu’à 1500€ et 1000€/an jusqu’à 2500€.

Mais permettre à nos entreprises de se battre à armes égales en Europe ne se limite pas à un alignement du niveau des prélèvements obligatoires sur la moyenne en vigueur sur le continent. Cela consiste aussi à élaguer de façon systématique le maquis normatif, notamment en supprimant toutes les surtranspositions de directives et de règlements européennes (à l’image des néonicotinoïdes) pour revenir aux exigences minimales de l’Union.

 

Retrouver notre souveraineté énergétique

Les entreprises industrielles françaises souffrent aussi de l’explosion des coûts de l’énergie. Après une année très difficile, l’INSEE prévoit encore une hausse des prix de l’électricité de 84% en 2023.

Dans ce contexte, il devient urgent de recouvrer notre souveraineté énergétique :

  • en sortant de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) qui oblige EDF à vendre un quart de sa production nucléaire à des intermédiaires quasiment au coût de production (42€ le MWh) pour libéraliser artificiellement le marché de l’électricité sur le dos des entreprises et des consommateurs qui subissent ou subiront les prix de « marché européen », soit plus de 400€ le MWh aujourd’hui ;
  • en construisant à moyen terme 15 nouveaux EPR afin de relancer la filière et garantir à la fois notre souveraineté énergétique et une réduction massive de nos émissions de CO2, en sachant que le maintien d’un parc à 40GW (la puissance installée aujourd’hui est de plus de 60GW) nécessiterait 29 EPR à technologie constante.

Refaire de la France un phare du progrès technologique

Les pays les plus dynamiques et prospères sur le temps long (Allemagne, Etats-Unis et Corée du Sud par exemple) consacrant entre 3,5% et 4,5% de leur PIB à la recherche contre 2,2% en France, il faut augmenter d’au moins 25Md€ (1% du PIB) les moyens dédiés à l’enseignement supérieur, à la R&D et à l’innovation pour accroître la rémunération des enseignants, des chercheurs et investir massivement dans les secteurs d’avenir comme les technologies vertes, l’intelligence artificielle et le numérique.   

En actionnant ces trois leviers, il est possible de relancer notre industrie et, par là même, redonner un peu d’espoir à la France paupérisée des sous-préfectures, des territoires, celle qui fait tourner le pays, mais qui désespère de ne plus espérer…

 Par Patrice Huiban,  Président du Mouvement France Ambitions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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