Fondée par le groupe Alcen en 2019, la greentech française Khimod développe des technologies bas-carbone destinées à produire des molécules de synthèse — e-méthane, e-méthanol, e-kérosène — à partir de CO₂ recyclé et d’hydrogène bas carbone. Objectif : fournir des carburants propres pour les secteurs difficiles à décarboner comme l’aviation, le maritime, l’industrie chimique.
L’approche de Khimod s’inscrit dans une tendance plus large de transition de la chimie industrielle, où les procédés en flux continu remplacent progressivement les systèmes batch traditionnels, plus énergivores et moins adaptables.
Les carburants de synthèse comme le e-kérosène ou le e-méthanol, mais aussi les carburants biosourcés, sont aujourd’hui perçus comme des leviers majeurs de la décarbonation, en permettant de réutiliser du CO₂ capté plutôt que d’extraire de nouvelles ressources fossiles. C’est la voie choisie par Khimod, qui entend ainsi apporter une solution modulable, du démonstrateur local jusqu’à l’unité industrielle.
Une technologie made in France
Les réacteurs-échangeurs de Khimod, cœur de sa technologie, sont fabriqués à Wissous (Val-de-Marne). Ce sont des dispositifs monolithiques constitués de plaques métalliques usinées et soudées par diffusion, selon une technique issue des travaux du programme ITER. Ce design permet une intensification des procédés thermochimiques et une réduction du volume et du coût d’installation.
« Nos réacteurs innovants permettent de rendre ces procédés plus compacts, plus sûrs, et plus efficaces, ouvrant la voie à une chimie industrielle plus durable », explique Nicolas Serrie, président de Khimod.
Khimod a récemment été distinguée au niveau européen, en recevant le Prix de l’intensification des procédés pour l’innovation industrielle remis le 5 juin 2025 par la Fédération européenne de génie chimique (EFCE) et Europic. Khimod pilote également le projet AVEBIO, première unité française de production de carburants d’aviation durables (e-SAF) à base de CO₂ biogénique. Le démonstrateur, en cours de finalisation, devrait entrer en service au second semestre 2025. Il marquera la première production de e-SAF sur le territoire national, un jalon symbolique pour la souveraineté technologique de la filière aéronautique française.
23 millions d’euros pour industrialiser à grande échelle
Pour accélérer sa croissance, Khimod annonce une levée de fonds de 23 millions d’euros, auprès du fonds SPI (géré pour l’État par Bpifrance dans le cadre de France 2030), du fonds Audacia dédié à la décarbonation industrielle, et du groupe Alcen, son actionnaire historique.
Cette levée permettra de lancer deux pilotes industriels inédits en France : l’un dédié à la production de e-kérosène (e-SAF), l’autre à celle de e-méthanol, tous deux déployés à Wissous, en partenariat avec Elyse Energy.
“À horizon 2030, KHIMOD entend devenir un acteur de référence dans les e-carburants et la chimie durable, capable de répondre aux enjeux des filières difficiles à décarboner”, confie Nicolas Serrie.
Cette nouvelle étape de développement s’accompagnera d’une évolution de la gouvernance. Khimod prévoit de mettre en place un conseil d’administration avec des membres indépendants, aux côtés des investisseurs et de l’équipe dirigeante, afin d’accompagner sa structuration industrielle et son expansion internationale.
Lire aussi : “À SUIVRE | Bonx veut accélérer le déploiement d’ERP dans les PME européennes”

Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits