À SUIVRE | ByoRNA mise sur la bioproduction pour démocratiser les traitements à l’ARN messager

Fondée en 2022 à Bordeaux par Chantal Pichon, Thierry Ziegler (CTO), et Pascal Viguié (CEO), ByoRNA entend révolutionner la production d’ARN messager (ARNm). Elle vient de lever 1,5 million d’euros pour financer sa phase de développement.

La majorité des ARNm sont aujourd’hui produits in vitro par synthèse enzymatique, une approche qui génère des molécules courtes, de qualité inégale et difficilement reproductibles. Des obstacles qui pèsent particulièrement sur le développement de traitements pour les maladies rares, les cancers ou encore les infections virales. Pour répondre à ce problème, ByoRNA propose une technologie centrée sur la production in vivo d’ARNm directement dans des cellules de levure.

« ByoRNA, en produisant de l’ARNm en levure, permettra de produire un ARN naturel de meilleure qualité. En particulier, alors que pour les ARNm actuels produit in vitro, dans plus de 10% des cas la protéine médicale finale n’est pas la bonne à cause de modifications artificielles introduites dans l’ARN, pour ByoRNA le fait d’utiliser un ARNm naturel issu de la levure réduira ces erreurs à moins de 1%. », détaille Pascal Viguié, CEO et cofondateur de ByoRNA.

Ce procédé, protégé par un brevet, permet donc de concevoir des ARN plus longs, naturellement maturés et donc moins immunogènes, tout en abaissant drastiquement les coûts de production, jusqu’à 100 fois moins cher que les méthodes classiques. Et si l’ARNm est une molécule instable, naturellement vouée à être dégradée par la cellule une fois son message délivré, ByoRNA parvient à stabiliser cette molécule à l’intérieur même des cellules productrices.

La jeune pousse biotech peut compter sur l’expertise transverse et complémentaire de ses fondateurs : Dr. Chantal Pichon, chercheuse à l’Inserm, Dr. Thierry Ziegler, ex-cadre dirigeant chez Merck-Serono et Sanofi, ainsi que Pascal Viguié, entrepreneur diplômé de l’École polytechnique et de l’Université d’Oxford. La start-up a déjà validé des étapes structurantes à l’aide de son équipe de 10 chercheurs scientifiques. Elle a notamment signé un partenariat stratégique avec Tron, un institut allemand à l’origine de BioNTech, reconnu pour ses travaux en immunothérapie personnalisée.

Un pré-amorçage pour finaliser le développement de sa plateforme

Pour soutenir cette montée en puissance, ByoRNA lève 1,5 million d’euros auprès de Polytechnique Ventures, d’IRDI Capital Investissement et de business angels spécialisés. Ce tour de table permettra de finaliser le développement de sa plateforme de design moléculaire et de bioproduction, ainsi que de valider ses premières applications thérapeutiques et vaccinales via des collaborations ciblées.

ByoRNA vise en priorité des partenariats avec des laboratoires académiques et industriels, en santé humaine comme vétérinaire, afin de démontrer l’efficacité de sa solution à l’échelle industrielle. Sa solution vise « trois types de clients (biotechs, grandes entreprises pharmaceutiques et universités) et quatre principaux types d’applications (vaccins traditionnels, vaccins contre le cancer, remplacement de protéines, édition génomique) ».

« Nous nous concentrons en priorité sur les prospects qui ne parviennent pas à trouver les fabricants d’ARNm dont ils ont besoin en raison des limites de la méthode IVT actuelle (…). Nous ciblons en priorité les biotechs, les universités et les sociétés pharmaceutiques vétérinaires, les grandes entreprises pharmaceutiques humaines étant plus conservatrices. Nous nous concentrons également sur l’édition génomique et les virus émergents, ces clients étant plus sensibles à la longueur de l’ARNm (édition génomique – pour produire Cas9), à son prix (virus animaux et émergents) ou aux deux (ARN auto-amplifiant pour les vaccins). », souligne Pascal Viguié.

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