À SUIVRE | Arago veut faire entrer les puces IA dans l’ère de la photonique

À la croisée de la photonique, de l’électronique et de l’apprentissage automatique, Arago promet de diviser par dix la consommation d’énergie des GPU traditionnels, sans compromis sur les performances ni le coût. Une technologie tout récemment boostée par un tour de table de 26 millions de dollars.

Avec la montée en puissance de l’IA s’accompagne une forte augmentation de la consommation énergétique des infrastructures informatiques, rendant leur modèle insoutenable sur le long terme. Fondée il y a moins d’un an par trois chercheurs français Nicolas Muller (CEO), Eliott Sarrey (CTO), et Ambroise Müller (CSO), la deeptech parisienne Arago souhaite répondre à cet enjeu à l’aide de puces d’intelligence artificielle (IA) alimentées par la lumière.

« La capacité de calcul est l’un des outils les plus précieux pour dépasser nos contraintes physiques. Elle a permis à l’humanité d’explorer des planètes et de découvrir des traitements contre des maladies rares. Arago a été créé parce que nous refusons que les découvertes et le progrès soient ralentis par un manque d’infrastructure adaptée. », résume Nicolas Muller, CEO et co-fondateur d’Arago.

Arago a mis au point « JEF », un premier processeur qui promet de diviser par dix la consommation d’énergie nécessaire à l’exécution des modèles d’IA. Là où les GPU actuels chauffent et consomment massivement, JEF exploite des photons, générés par des lasers, plutôt que des électrons. Cette approche photonique génère moins de chaleur et permet un traitement de l’information plus efficace. L’architecture de JEF repose sur une combinaison de technologies numériques, analogiques et photoniques. Fruit d’une vision conçue « from scratch », elle s’appuie sur les dernières avancées du secteur pour offrir des performances accrues sans rupture avec les standards en place.

« Nous n’avons pas le luxe d’attendre que l’écosystème s’adapte – notre technologie doit être compatible avec tous les éléments, des processus de fabrication à la pile logicielle d’IA, dès le premier jour. L’enjeu est donc de repenser en profondeur le fonctionnement d’un processeur spécifique pour l’IA, sans pour autant s’engager dans un projet de recherche sur plusieurs années. », justifie Nicolas Muller.

Arago a réuni une équipe de vingt experts issus de groupes de référence et de laboratoires prestigieux. L’entreprise bénéficie également du soutien de dirigeants venus d’Apple, Nvidia, Microsoft, Hugging Face, ainsi que d’investisseurs spécialisés dans les technologies deeptech. Parmi elles, Pierre Boudier, ancien Nvidia Fellow et architecte GPU chez Intel, se dit impressionné par le potentiel d’Arago : « J’ai travaillé pendant près de dix ans avec Jensen Huang, CEO de Nvidia. Je reconnais dans l’équipe d’Arago les mêmes qualités qui permettent de réussir dans ce secteur. ».

26 millions de dollars pour industrialiser son projet

Pour accélérer l’industrialisation de sa technologie, Arago a sécurisé une série A de 26 millions de dollars co-dirigé par Earlybird, Protagonist et Visionaries Tomorrow et réunissant Generative IQ, C4 Ventures ainsi que des investisseurs de renom tels que Bertrand Serlet (ex-vice-président d’Apple), Olivier Pomel (cofondateur de Datadog), Thomas Wolf (Hugging Face) et Jack Abraham (Exowatt).

Avec ce financement, Arago entend franchir un cap industriel dont l’objectif est triple : d’abord accélérer la mise sur le marché de JEF, ensuite étoffer les équipes sur ses trois pôles géographiques en France, en Amérique du Nord et en Israël, et enfin renforcer ses partenariats commerciaux.

« L’objectif d’Arago est de développer le processeur d’IA le plus avancé et performant au monde, pour que chacun puisse bénéficier du potentiel de l’intelligence artificielle. Cela passe par la combinaison de 3 facteurs qui font l’ADN même d’Arago : une technologie propriétaire, une équipe réduite composée de certains des meilleurs talents au monde dans leur domaine, et une collaboration étroite avec nos partenaires industriels et commerciaux. », conclut Nicolas Muller.

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