Parmi les vingt plus grandes fortunes mondiales dans les cosmétiques recensées par Forbes, huit sont françaises – un record. Des géants comme L’Oréal, Chanel, LVMH ou le Groupe Rocher placent la France en tête d’un marché en pleine expansion, porté par l’innovation, le prestige et une demande mondiale toujours plus forte.
Si on savait que les milliardaires français performaient dans le luxe, ils excellent également dans le secteur de la beauté. Parmi les 20 plus grosses fortunes mondiales du monde des cosmétiques, huit sont issues de l’Hexagone, peut-on constater au sein des dernières données récoltées par Forbes. Avec en prime, les quatre premières places du classement.
Bernard Arnault arrive sur la première marche du podium. À la tête de LVMH, il a fait de son groupe un empire tentaculaire qui domine aussi bien la mode que la parfumerie et les cosmétiques. Grâce à des marques comme Dior, Givenchy ou Guerlain, le secteur beauté de LVMH pèse aujourd’hui plusieurs milliards d’euros, avec une croissance soutenue tirée par l’Asie et les États-Unis.
En seconde position, on retrouve Françoise Bettencourt Meyers, héritière du groupe L’Oréal. Elle incarne l’histoire même du succès familial dans la cosmétique. L’Oréal, fondé en 1909, est aujourd’hui le premier groupe mondial du secteur avec des marques phares comme L’Oréal Paris, Lancôme, ou encore Kiehl’s. Son modèle, alliant recherche scientifique et stratégie marketing redoutable, continue de faire ses preuves à l’international.
Des géants mais pas que…
Troisième et quatrième fortunes de ce classement : Alain et Gérard Wertheimer, les deux frères à la tête de Chanel. Si la maison est avant tout connue pour la mode et les accessoires, elle réalise aussi une part significative de son chiffre d’affaires dans la beauté, notamment grâce au succès intemporel de ses parfums, à commencer par le célèbre Chanel N°5, ainsi qu’à ses gammes de maquillage et de soins haut de gamme.
À côté de ces géants, d’autres figures françaises pèsent également lourd dans le secteur de la beauté. Avec une fortune de 25 milliards chacun, Bris Rocher et Daniel Rocher, héritiers du Groupe Rocher (Yves Rocher), incarnent une approche plus accessible de la cosmétique, avec un positionnement éthique et durable qui séduit toujours davantage de consommateurs. Le baromètre Posternak-Ifop classe Yves Rocher à la troisième place des entreprises bénéficiant de la meilleure image en 2024.
Philippe Benacin et Jean Madar, cofondateurs d’Interparfums, ont quant à eux bâti un empire discret, mais puissant dans la parfumerie sous licence, en développant des fragrances pour des marques comme Montblanc, Jimmy Choo ou Coach.
Une croissance de 100 milliards ?
Mais pourquoi le secteur de la beauté française cartonne ? Comme pour le luxe, ce succès s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, une image de marque forte : la France reste perçue comme le berceau du raffinement, de l’élégance et du savoir-faire en matière de parfum et de soins. Ensuite, une stratégie industrielle et commerciale très efficace : les géants du secteur investissent massivement dans la R&D, le marketing digital, et l’expansion internationale, en particulier dans les marchés asiatiques et du Moyen-Orient. Enfin, le secteur bénéficie d’un effet “post-Covid” avec un retour massif de la consommation de produits cosmétiques, notamment le maquillage et les parfums, symboles de plaisir et de reprise de contrôle sur son image.
Contrairement au luxe qui a connu un ralentissement cette année, le secteur de la beauté est appelé à connaître de belles années. Alors qu’il génère actuellement 280 milliards de dollars par an, le patron de l’Oréal estime qu’il pourrait rapporter 100 milliards de plus.
« Nous sommes peut-être l’un des rares acteurs économiques pour qui le vieillissement de la population représente une opportunité, soulignait Nicolas Hieronimus en novembre dernier dans Les Échos. (…) On compte déjà 1,2 milliard de personnes de plus de 60 ans qui représentent un tiers de la consommation dans l’univers de la beauté. Ils seront deux fois plus nombreux d’ici à 2050. Et ce sont des consommateurs qui ont généralement un certain pouvoir d’achat. »
Dans ce contexte et alors que les grandes fortunes cherchent des placements à la fois rentables et durables, la beauté, entre désirabilité immédiate et fidélité de la clientèle, reste l’un des secteurs les plus résilients. Et les milliardaires français, eux, ont su en faire un levier de puissance économique mondiale.

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