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Xavier Belvaux (We Invest France) : « L’immobilier est une aventure humaine avant tout »

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Xavier Belvaux (We Invest France)

Passé de la sommellerie à l’immobilier, Xavier Belvaux est à la tête de We Invest France, filiale du groupe belge éponyme qui veut redessiner les contours de l’immobilier dans l’Hexagone grâce à un modèle hybride et à un engagement fort pour l’inclusion.

 

Forbes France : Votre parcours est pour le moins atypique. Qu’est-ce qui vous a conduit à l’entrepreneuriat et, plus spécifiquement, à l’immobilier ?

Xavier Belvaux : Mon parcours est né d’une nécessité. J’ai grandi dans une famille modeste, avec un père militaire, mais alcoolique, et une mère ainsi que deux sœurs en situation de handicap. Très tôt, j’ai dû assumer des responsabilités. Pour subvenir aux besoins familiaux, j’ai choisi la restauration, un métier qui permet de gagner sa vie rapidement. J’ai été le plus jeune sommelier de France, puis je suis devenu directeur d’exploitation de Baccarat à 20 ans.


L’immobilier est arrivé un peu par hasard, par le réseau, notamment chez MacArthur Glen. J’ai ensuite évolué vers des missions de cession d’entreprises, notamment aux côtés d’Auguste Thoire puis de Michel Simond à Paris. Ce goût du contact m’a poussé à décliner plusieurs propositions avant de dire oui à Orpi. En 2023, un chasseur de têtes m’a proposé de rencontrer Jonathan Pham, fondateur de We Invest. J’ai eu un coup de cœur professionnel et humain.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet We Invest ?

X. B. : We Invest, c’est une entreprise née en Belgique en 2014, très axée tech, marketing et expérience client. Elle a su créer un modèle unique, avec une approche à la fois premium et humaine. En 2018, la marque est passée en franchise tout en gardant un haut niveau d’exigence. Mon défi a été d’implanter cette marque en France, en m’adaptant aux particularités locales : ici, les mandataires représentent 25 % du marché, ce qui n’existe pas en Belgique.

Nous avons donc bâti un modèle hybride, combinant agences physiques (vitrées ou non) et réseau de mandataires. J’ai aussi instauré une stratégie de centralisation des leads, un CRM performant et une approche retail inspirée du comportement client. L’objectif ? Créer un écosystème digital où le conseiller est mis en valeur, grâce au personal branding et à la proximité locale.

Quels sont vos objectifs de développement en France ?

X. B. : En six mois, nous avons signé 50 agences et recruté 70 mandataires. Nous comptons aujourd’hui 170 collaborateurs et mandataires. Notre ambition est d’atteindre 300 points de vente et 1 000 mandataires d’ici cinq ans. C’est un objectif ambitieux, mais réalisable, car nous misons sur l’agilité, la formation et la transparence.

Dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, est-ce aujourd’hui un bon moment pour investir dans l’immobilier ?

X. B. : Absolument. Beaucoup de gens ont une perception erronée du marché. Après le Covid, on a eu un pic de ventes (1,2 million), mais le niveau médian est autour de 900 000 transactions par an. Les taux sont à nouveau abordables – autour de 3 %, parfois moins – et les prix ont baissé dans de nombreuses zones.

Le vrai enjeu aujourd’hui, c’est la location, notamment avec les contraintes du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Mais pour l’achat, il y a de belles opportunités, notamment dans les villes moyennes ou dans le Nord, où l’on peut trouver des biens à 35 000 ou 45 000 euros pour des primo-accédants ou des personnes souhaitant se lancer dans l’investissement. Il faut juste arrêter de croire au “coup idéal” en 2025. L’investissement est une construction sur le temps long.

Quels conseils donneriez-vous à un primo-investisseur ou à quelqu’un souhaitant diversifier son patrimoine ?

X. B. : Le plus tôt est le mieux. On apprend en investissant, même avec de petites sommes. Il faut se former, comprendre le financement, négocier, s’informer. Des outils comme Castorus peuvent aider à voir depuis combien de temps un bien est en vente, par exemple.

Je recommande de ne pas se concentrer uniquement sur les grandes villes, souvent inaccessibles pour les débutants. Il faut aussi réfléchir à ses objectifs : veut-on générer un revenu ? Transmettre un patrimoine ? Aider ses proches ? Et surtout, il faut diversifier : immobilier, assurance-vie, PER, un peu de bourse, un peu d’or… Il faut construire une cartographie patrimoniale cohérente avec son profil.

We Invest se veut une agence « nouvelle génération ». En quoi votre approche diffère-t-elle des acteurs traditionnels ?

X. B. : Nous faisons le pont entre technologie et proximité. Nos outils digitaux permettent une meilleure réactivité, mais le contact humain reste central. Nos agents ne sont pas de simples vendeurs : ce sont des accompagnateurs de vie. Nous valorisons aussi leur image via le personal branding. Aujourd’hui, le client est moins fidèle qu’avant : il veut une réponse rapide, claire, et des conseils personnalisés.

Vous êtes engagé pour l’égalité des chances. Comment cela se traduit-il chez We Invest France ?

X. B. : Je suis très sensible à la question, compte tenu de mon histoire. Nous avons des partenariats avec des Écoles de la Deuxième Chance. Beaucoup de jeunes ignorent que l’immobilier peut être un métier-passion, accessible et valorisant. Chez nous, les collaborateurs peuvent aussi consacrer une partie de leur temps de travail à des actions bénévoles locales. C’est un moyen d’avoir de l’impact et de renforcer le lien avec les territoires.

Je suis également investi dans des réseaux liés au handicap. Je travaille notamment avec Axel Allétru, sportif de haut niveau devenu paraplégique, pour sensibiliser à l’inclusion dans nos métiers. La différence doit être une force.

Un mot de conclusion ?

X. B. : L’immobilier est une aventure humaine avant tout. Ce n’est pas seulement une question de chiffres ou de taux, c’est une question de sens. Ce métier m’a permis d’aider ma famille, de rebondir, de m’accomplir. C’est ce que j’essaie aujourd’hui d’offrir à mes collaborateurs et à nos clients : une aventure qui commence toujours par une rencontre.

 

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