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Virage numérique des PME : une révolution forcée mais nécessaire

Depuis le début de la pandémie et l’essor du télétravail, les entreprises et en particulier les PME (organisations de moins de 250 employés) font face à des problématiques d’équipement en matière de logiciels. Manque de connaissances, coûts ou encore fonctionnalités spécifiques sont autant de points qui peuvent décourager les décideurs à prendre le virage de la transformation numérique. Rencontre avec Thibaut De Lataillade, Directeur général de GetApp.

Que propose GetApp ?

Thibaut de Lataillade : GetApp est une plateforme qui aide les entreprises en recherche de logiciels à affiner leurs besoins, comparer les solutions disponibles sur le marché, découvrir les avis de plus 1,6 million d’utilisateurs et entrer en contact avec les éditeurs de logiciels. Elle est actuellement disponible dans plus de 30 pays et 10 langues.

La crise sanitaire a forcé de nombreuses entreprises à prendre le virage radical du numérique. Avez-vous observé un boom de l’utilisation des logiciels SaaS sur le marché français ?

Au début de la pandémie, nous avons constaté un véritable besoin des entreprises en outils facilitant le télétravail. « Comment conserver une communication fluide à distance ? », « Comment maintenir un travail d’équipe solide ? » sont autant de questions que se sont posées les PME. Selon une enquête que nous avions menée, il s’est avéré que 59 % d’entre elles ont investi dans des outils collaboratifs et de communication pour garantir la continuité de leur activité durant le confinement. Ces logiciels collaboratifs sont donc soudainement devenus indispensables. 85 % des logiciels adoptés ont été qualifiés d’« essentiels à la survie de l’entreprise ».

Les éditeurs de solutions SaaS ont ainsi dû répondre aux besoins de nombreuses entreprises qui cherchaient alors à se transformer en digital workplace, système de travail entièrement accessible via des outils numériques tels que les réseaux sociaux d’entreprises.

Ce virage forcé du numérique a également profondément changé la relation entre les employeurs et les employés, soulevant entre autres des questions de confiance au sein même des équipes, notamment au niveau de l’assiduité et de la capacité des effectifs à produire autant qu’en présentiel.

Nous avons par ailleurs observé que 45 % des employés interrogés confiaient que leur entreprise utilisait des outils de surveillance intégrés à leur poste de travail. Si un peu moins de la moitié d’entre eux l’acceptaient et en retiraient des avantages comme une sécurité optimale et un accroissement de la motivation, 59 % la rejetaient, invoquant une forme d’infantilisation ou encore la crainte d’une atteinte à leur vie privée.

Quels sont, selon vous, les secteurs qui sont les plus en retard au niveau de la transformation numérique ?

Beaucoup de PME, de TPE et de professions indépendantes ont été prises de court par le changement brutal provoqué par la crise sanitaire. Parmi elles, des professions libérales, comme les avocats, ou de petites entreprises artisanales qui n’ont jamais vraiment pris le temps de se former au digital. En ne développant pas de présence en ligne, ces entreprises se coupent d’une clientèle habituée à consulter ou à consommer en ligne.

Je pense que toutes les entreprises, quels que soient leurs secteur, taille ou mission, doivent être à l’écoute des évolutions du numérique pour rester en avance sur la concurrence. Nous avons constaté que la grande majorité des professionnels de PME ont compris l’intérêt des nouvelles technologies pendant la crise sanitaire, comme vecteur de survie pour les uns et de croissance pour les autres, et tendent maintenant à en pérenniser l’usage.

Quelles sont les stratégies et solutions que peuvent adopter les PME françaises pour compenser une potentielle fracture numérique au sein des équipes ?

Au sein d’une entreprise, tous les employés ne disposent pas des mêmes facilités à appréhender le numérique. Un fossé générationnel a pu être noté pendant le confinement : si les employés les plus jeunes s’étaient déjà familiarisés avec les technologies et avaient plus de facilités à adopter de nouveaux logiciels, leurs collègues plus âgés ont eu plus de mal à s’adapter à leur usage et, par conséquent, à travailler à distance.

Afin de s’assurer que l’ensemble des collaborateurs soit à l’aise avec les solutions digitales, il est capital d’organiser des formations aux nouveaux outils collaboratifs. Il peut également être pertinent d’ouvrir de nouveaux canaux de communication, comme des chats d’équipe et privés, afin de s’assurer qu’aucun salarié ne se sente exclu et puisse échanger facilement avec l’ensemble des collaborateurs. Enfin, les éditeurs de logiciels peuvent également proposer des démonstrations et des formations gratuites, afin de faciliter une première approche pour les entreprises encore indécises.

Justement : du côté des éditeurs de logiciels, quelle carte les acteurs français du numérique peuvent-ils jouer ?

En comparaison avec d’autres pays, on remarque en France que les entreprises ont moins confiance envers les éditeurs étrangers, notamment pour des raisons de protection des données personnelles, se tournant prioritairement vers des éditeurs français, plus sensibles aux problématiques RGPD et fournissant un service client localisé.

En ce qui concerne les tendances d’achat de logiciels par les PME françaises, une étude que nous avons publiée en mars 2022 a mis en lumière que la sécurité, la facilité d’utilisation, le coût, le support client et la formation à la mise en œuvre faisaient partie de leurs principaux critères de sélection. Les acteurs français du numérique ont donc une carte à jouer pour répondre à ces divers besoins pour attirer une clientèle locale.

De plus en plus d’entreprises s’équipent d’outils afin de constituer une digital workplace ou lieu de travail numérique. Quels sont leurs bienfaits pour la croissance d’une entreprise ?

Encore une fois, la généralisation du télétravail a favorisé l’adoption d’outils utiles à plusieurs départements tout en facilitant la collaboration ou la gestion de projets. Par exemple, les solutions de business intelligence en self-service permettent à des collaborateurs novices moins avancés techniquement de créer et d’analyser des données réunissant plusieurs sources. Via des interfaces intuitives, les PME peuvent réagir plus rapidement !

Quelles tendances pouvez-vous voir se dégager pour l’année 2022 ?

2022 est une année pleine de défis, avec une certaine normalisation de la pandémie et la résilience qui l’accompagne. Nous avons déjà repéré le formidable dynamisme du secteur médical avec le financement record des startups autour de la santé, aidé aussi par la création récente par le gouvernement de La Health Tech. Son lancement ainsi que l’existence de mouvements comme La French Tech ou Les Pépites Tech sont le symbole que le territoire français regorge de ressources, de talents et de créativité en matière de technologie.

D’autres tendances se dégagent et ne cessent de susciter l’intérêt des utilisateurs : la réalité virtuelle, l’utilisation du metaverse pour améliorer la communication à distance, l’intelligence artificielle, l’audio 3D, la finance décentralisée… Si toutes les PME ne disposent pas aujourd’hui des fonds nécessaires pour investir dans ce type de technologies, il est cependant important qu’elles se tiennent informées de leurs évolutions et imaginent les cas d’usage dans leur secteur.

La pandémie a définitivement modifié les habitudes de consommation et les façons de travailler. Le digital s’est révélé plus que jamais porteur de grandes révolutions, si bien que les entreprises n’ont plus d’autres choix que de se les approprier. Un véritable tournant pour les PME que nous accompagnons sur la totalité de leur transition numérique.

 

 

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