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Ursula von der Leyen survit à la censure, mais affaiblie par sa propre majorité

La présidente de la Commission européenne a  survécu à une motion de censure portée par l’extrême droite au Parlement européen, mais cette victoire masque un malaise croissant au sein de sa majorité, qui critique son virage à droite.
VALENCIA VALENCIAN COMMUNITY, SPAIN - APRIL 29: The President of the European Commission, Ursula Von Der Leyen, during the Congress of the European People's Party (EPP), at the Feria de Valencia, on 29 April, 2025 in Valencia, Valencian Community, Spain. This Tuesday, April 29, the Congress of the European People's Party (EPP) starts with the absence of the leader of the PP in Spain, Alberto Nuñez Feijoo, who has prioritized contacting the regional presidents to analyze the situation caused by the massive blackout in the Peninsula. (Photo By Eduardo Manzana/Europa Press via Getty Images)

La présidente de la Commission européenne a survécu à une motion de censure portée par l’extrême droite au Parlement européen. Si elle conserve son poste, ce vote révèle un malaise croissant au sein de sa majorité, notamment chez les sociaux-démocrates et les Verts, inquiets de ses rapprochements avec la droite radicale.

 

Ce qu’il faut retenir

Ursula von der Leyen a échappé ce jeudi à une motion de censure, rejetée par 360 voix contre, 175 pour et 18 abstentions. La tentative, lancée par le nationaliste roumain Gheorghe Piperea, dénonçait notamment son refus de publier les échanges de SMS avec le PDG de Pfizer pendant la pandémie. Fait marquant : plusieurs groupes traditionnellement opposés se sont alliés dans ce vote. L’extrême droite – à l’exception des Italiens –, une partie de la gauche radicale et certains non-inscrits ont voté pour la destitution.

Les partis pro-européens – droite modérée (PPE), centristes (Renew), sociaux-démocrates (S&D) et une partie des Verts – ont, eux, rejeté la censure. Mais ce soutien cache des tensions croissantes, plusieurs députés ayant exprimé leur désapprobation face à l’évolution politique de la présidente.


 

Pourquoi c’est important à suivre

Cet épisode illustre l’instabilité politique croissante au sein des institutions européennes, où la poussée de l’extrême droite fragilise les équilibres traditionnels. La motion de censure, bien que vouée à l’échec, a servi de catharsis pour les forces centristes et progressistes, qui reprochent à von der Leyen ses compromis répétés avec la droite conservatrice et nationaliste.

Depuis septembre 2024, le Parti populaire européen (PPE) – auquel appartient von der Leyen – forme ponctuellement des majorités avec les groupes ECR et Patriotes pour l’Europe, incluant des partis comme le RN (France), le FPÖ (Autriche), Fratelli d’Italia ou le PiS (Pologne). Ces coalitions cherchent à affaiblir le Pacte vert adopté entre 2019 et 2024, à durcir la politique migratoire, et à imposer une lecture plus conservatrice de l’éthique et des droits fondamentaux.

Ce virage alimente le malaise dans la majorité pro-européenne issue des élections de 2019, qui reposait sur un équilibre entre écologie, droits fondamentaux et croissance.

 

Citations principales

« Démanteler la Commission en pleine crise géopolitique serait irresponsable », a estimé Iratxe García Pérez, cheffe du groupe S&D, tout en dénonçant « un glissement vers les promesses de l’extrême droite ».

« Merci. Dans un monde instable, l’Europe a besoin de force, de vision et de capacité d’action », a réagi sur X la présidente Ursula Von der Leyen.

 

Le chiffre à retenir

175 eurodéputés ont voté en faveur de la censure, soit près d’un quart du Parlement, un niveau inédit pour une telle procédure depuis l’échec de la motion contre la Commission Santer en 1999. Ce score reflète la montée en puissance des forces eurosceptiques et conservatrices dans l’hémicycle.

 

À surveiller

La suite du mandat de von der Leyen s’annonce sous haute tension. Elle devra réconcilier sa majorité avec les sociaux-démocrates et les Verts, déçus par les reculs sur les politiques climatiques, sociales et éthiques. Les prochaines batailles autour de la gouvernance économique, de la fiscalité des entreprises, de la réforme du Pacte de stabilité ou de la politique industrielle verte testeront sa capacité à reconstruire une coalition cohérente.

À moyen terme, la montée des extrêmes menace l’équilibre du Parlement, à mesure que les élections nationales à venir (en Allemagne, Espagne, Pologne) influencent les alliances bruxelloises.

Enfin, la Commission est confrontée à des défis géopolitiques majeurs : la reconstruction de l’Ukraine, les relations tendues avec Pékin et Washington, les pressions migratoires, ou encore le besoin d’autonomie stratégique. Sans projet européen fédérateur, le leadership de von der Leyen pourrait être remis en question bien avant 2029.

 


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