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Un nouveau contrat social au cœur du modèle de l’entreprise de demain

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La contribution des entreprises au bien commun s’est historiquement inscrite dans un cadre indirect où l’impôt qu’elles acquittent finance les actions décidées et mises en œuvre par l’Etat. Ce modèle construit sur un principe de fiscalité redistributive est évidemment bousculé depuis les années 2000 par l’émergence des politiques RSE, qui postulent une responsabilité extra-financière des entreprises. Mais celles-ci restent le fruit d’une vision réactive et réparatrice qu’il est temps de dépasser en refondant l’entreprise sur un nouveau contrat social qui intègre pleinement et de façon (pro)active l’entreprise dans tous ses environnements économiques, sociétaux comme environnementaux. 

 

La rentabilité : frein ou moteur d’un développement durable ? 

Les modèles classiques font de l’entreprise un agent purement économique, justifié et mû par la recherche du profit et de la rentabilité. Cette grille de lecture place forcément l’entreprise du « mauvais » côté de l’histoire, par opposition à l’Etat, perçu comme un régulateur nécessaire et vertueux, jusque dans la figure de l’Etat-Providence qui se généralise après la Seconde Guerre mondiale. 

Pourtant, cette opposition binaire a vécu. D’une part, car l’Etat a de plus en plus de mal à assurer son rôle en matière sociale (hôpitaux surchargés, réforme des retraites). Mais aussi parce que face à la polycrise actuelle (sociale autant que climatique), les entreprises intègrent à leur modèle, pour répondre aux attentes de leurs parties prenantes et de l’opinion publique, mais aussi au nom de convictions individuelles et d’engagements collectifs sincères, des exigences et des initiatives de plus en plus fortes en termes de développement durable. Nous devons travailler ensemble, au sein de l’entreprise et en dehors, avec l’ensemble des partenaires. Car l’Etat ne peut plus tout faire, et justement les entreprises disposent d’un potentiel d’innovation, d’investissement, d’efficacité opérationnelle considérable. C’est celui-ci qu’il s’agit de mobiliser, tout simplement parce que l’entreprise n’est pas une abstraction hors sol. Elle n’existe que dans les relations qu’elle entretient avec un marché où évoluent clients et prospects, une société dont sont issus les talents dont elle a besoin et des écosystèmes qui lui fournissent les ressources qu’elle mobilise.

 

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De la raison d’avoir à la raison d’être et à la raison d’agir 

Jalons majeurs, l’émergence et la généralisation des projets RSE participent d’une prise de conscience par les entreprises et l’ensemble de leurs parties prenantes de l’impact généré par leurs activités. Mais si assumer cette responsabilité est une chose, chercher à le prévenir ou à le dépasser en est une autre. 

En effet, si les entreprises veulent « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », principe fondateur de la notion de développement durable, celles-ci ne peuvent plus se contenter de compenser. Elles doivent devenir elles-mêmes durables. C’est le fondement vertueux d’un nouveau contrat social qui peut permettre aux entreprises de réinventer durablement leur raison d’avoir, non seulement dans une raison d’être, mais aussi et surtout dans une raison d’agir. 

 

Redéfinir le rôle de l’entreprise 

L’entreprise doit être porteuse d’un nouveau modèle de société, en érigeant le développement durable au rang de pilier fondamental, au même titre que l’équilibre financier. Allier ces deux principes pour fonder un nouveau contrat social, qui permettra à l’entreprise d’atteindre une nouvelle dimension économique, sociétale et bien sûr environnementale. 

Il s’agit de faire de l’entreprise un agent (pro)actif, partie intégrante de la société au même titre que l’Etat, les communautés, les individus. L’entreprise peut (re)devenir un lieu d’ancrage pour ses collaborateurs et de contribution positive au bien commun, via par exemple le dividende sociétal, qui consiste à redistribuer volontairement et librement une partie de ses bénéfices à des associations. 

Pour atteindre cet objectif, les « sociétés à mission » sont d’ailleurs un premier pas dans la bonne direction. En déclarant publiquement leur raison d’être et certains objectifs associés de développement durable, ces entreprises, souvent de grande taille, annoncent la couleur. Et pas question, là, de faux semblants, puisqu’à l’inverse de la RSE, totalement libre, les sociétés à mission acceptent de se soumettre à un contrôle externe. D’ailleurs, une autre idée prometteuse est celle de l’économie sociale et solidaire (ESS), au sein de laquelle les entreprises sont organisées sous forme de coopératives dont le fonctionnement et les activités sont fondés sur la solidarité et l’utilité sociale. Basées sur un mode de gestion démocratique et participatif, ces entreprises proscrivent le profit individuel, réinvestissant les bénéfices dans l’intérêt commun.

 

Une tribune rédigée par Elodie Baussand, Associée fondatrice chez Tenzing Conseil. Spécialiste Diversité, Inclusion et Mobilité

 

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