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Un milliardaire du capital-investissement envisage de quitter le Royaume-Uni, comme de plus en plus de riches

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Logo CVC Capital Partners. Getty Images

Rolly van Rappard, cofondateur de CVC Capital Partners, songerait à quitter Londres pour s’installer à Milan, attiré par un environnement fiscal plus avantageux.

 

Selon Private Equity News, qui cite des sources proches du dossier, aucune décision définitive n’a encore été prise. Un porte-parole de CVC s’est refusé à tout commentaire.

À la tête de 200 milliards de dollars d’actifs sous gestion, CVC est l’un des poids lourds mondiaux du capital-investissement, avec des participations dans des entreprises comme Petco, la marque horlogère suisse Breitling ou encore la ligue espagnole de football La Liga.

D’après Forbes, la fortune de Rolly van Rappard est estimée à 1,5 milliard de dollars, essentiellement liée à sa participation dans CVC, qu’il préside encore en tant que président non exécutif.

Le départ potentiel de Rolly van Rappard vient raviver les inquiétudes d’un exode des grandes fortunes du Royaume-Uni, alimenté par les récentes réformes fiscales du gouvernement travailliste. Ce dernier a annoncé une série de mesures alourdissant la fiscalité sur les plus-values et les héritages, tout en mettant fin au statut fiscal avantageux des résidents non domiciliés.

Le mois dernier, les milliardaires Ian et Richard Livingstone ont eux aussi transféré leur résidence à Monaco, selon des déclarations déposées au registre des sociétés, repérées par Bloomberg. Ce changement est intervenu entre fin mars et début avril, peu avant l’entrée en vigueur des nouvelles hausses d’impôts.

Contactée, leur société London & Regional n’a pas souhaité réagir. Selon Forbes, les deux frères disposent chacun d’une fortune estimée à 5,2 milliards de dollars. Leur groupe détient de nombreux biens à Londres et exploite plusieurs hôtels de luxe à Los Angeles, Las Vegas et Miami.

Nassef Sawiris, l’un des hommes les plus riches du monde arabe, a lui aussi tourné le dos au Royaume-Uni. Héritier de la plus grande fortune d’Égypte, le milliardaire — copropriétaire du club de football Aston Villa — dispose d’un patrimoine estimé à 9,3 milliards de dollars selon Forbes.

Lui aussi a changé de résidence avant l’entrée en vigueur des nouvelles mesures fiscales. Dans un entretien accordé au Financial Times à la mi-avril, il a expliqué s’être installé à Abu Dhabi et en Italie, pointant une « mauvaise gestion de l’économie » prolongée. « On ne peut pas en vouloir aux travaillistes », a-t-il déclaré. « C’est le résultat de dix années d’incompétence de la part du Parti conservateur le plus à gauche de l’histoire. »

Le régime des non domiciliés, qui permettait à certains résidents fortunés d’éviter l’impôt sur leurs revenus étrangers pour une durée allant jusqu’à 15 ans, avait déjà été dans le viseur des conservateurs. Mais c’est la chancelière travailliste Rachel Reeves qui, dans son budget d’octobre, a franchi le pas en supprimant purement et simplement ces avantages fiscaux historiques.

Et Rachel Reeves ne s’est pas arrêtée là. Déterminée à combler ce que le gouvernement travailliste qualifie de « trou noir » de 22 milliards de livres (soit 26 milliards d’euros) laissé par les conservateurs dans les finances publiques, la chancelière a également durci la fiscalité sur les plus-values et réduit les exonérations sur les droits de succession — des mesures qui ciblent directement les contribuables les plus aisés.

Un porte-parole du gouvernement a défendu une politique fiscale « juste et progressive », affirmant qu’elle permettait au Royaume-Uni de rester un pays attractif tout en finançant les investissements publics nécessaires à la relance de la croissance. La fin du régime des non domiciliés, a-t-il ajouté, rend également le système « plus simple et plus lisible ».

L’Office for Budget Responsibility (OBR) estime que l’ensemble de ces réformes pourrait rapporter 33,8 milliards de livres au Trésor sur cinq ans. Mais une étude du Centre for Economics and Business Research (CEBR) avance une vision plus pessimiste, évoquant au contraire des pertes fiscales de plusieurs milliards.

Selon les analystes du groupe de réflexion, l’exode des contribuables fortunés pourrait annuler, voire inverser, les bénéfices escomptés par le Trésor. Si un quart des non domiciliés quittent le Royaume-Uni, les gains fiscaux deviendraient nuls, préviennent-ils. Et plus ce taux d’émigration grimpe, plus les pertes se creusent : dans le scénario où la moitié des contribuables concernés par la réforme partiraient d’ici 2030, les recettes publiques pourraient chuter de 12,2 milliards de livres sterling, selon le groupe de réflexion.

 

Une contribution de Robert Olsen pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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