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Trump en quête de fonds : qui sera son ange gardien financier ?

TrumpL’ancien président américain Donald Trump quitte la Trump Tower le 15 février 2024, à New York. Getty Images

L’ex-président américain Donald Trump cherche des fonds pour payer ses amendes juridiques croissantes, mais les grandes banques américaines se montrent réticentes et ses amis milliardaires silencieux. Voici les personnes et les institutions susceptibles de lui apporter un soutien financier.

Un article John Hyatt et Kyle Mullins pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

L’ancien président américain est milliardaire, mais il doit désormais environ 454 millions de dollars (419 millions d’euros). Ce montant ne cesse de croître, avec plus de 110 000 dollars (100 000 euros) d’intérêts journaliers à l’État de New York, après qu’un juge a déclaré ses sociétés coupables de fraudes répétées. M. Trump doit également quelque 88 millions de dollars (81,2 millions d’euros) à l’écrivaine E. Jean Carroll pour des accusations d’abus sexuels et de diffamation portées contre lui.

Mercredi, après la publication de cet article par Forbes, un juge d’appel a accordé à M. Trump un répit provisoire, l’autorisant à solliciter des prêts auprès de banques enregistrées à New York. Le juge n’a toutefois pas libéré M. Trump des 454 millions de dollars d’amendes et d’intérêts. Les allers-retours juridiques ont plutôt mis en évidence le manque de liquidités de M. Trump. Ses avocats ont fait valoir qu’il serait « impossible » pour lui de déposer une caution pour l’intégralité du montant et ont prévenu que, sans cette aide, « les propriétés devraient probablement être vendues pour réunir des capitaux dans des circonstances urgentes ».

 

Stratégies douteuses : les options de Trump à l’étranger

Selon les dernières estimations de Forbes, M. Trump dispose d’environ 400 millions de dollars (369 millions d’euros) en espèces et autres liquidités. Cela ne suffira pas à couvrir sa dette obligataire, et certainement pas à couvrir ce qu’il doit à l’État et à l’écrivaine. De plus, il ne voudra probablement pas abandonner toutes ses liquidités d’un seul coup. Et même avec un accès théorique aux prêteurs à New York, pour Trump, lever des fonds auprès d’autres personnes ne sera plus aussi facile qu’auparavant.

Comme l’explique un milliardaire à Forbes, l’ancien président, qui a l’habitude d’escroquer ses partenaires et de faire faillite, n’est pas l’emprunteur idéal. « Trump poursuit tout le monde », explique le milliardaire, qui a demandé à rester anonyme. 

M. Trump possède de nombreux actifs à mettre en garantie, notamment 27 propriétés non hypothéquées d’une valeur totale de plus de 1,1 milliard de dollars (1 milliard d’euros). Les banques enregistrées à New York avec lesquelles il a travaillé au fil des ans, comme UBS et la Bryn Mawr Trust Company, pourraient encore se montrer frileuses. La Deutsche Bank, citée dans la plainte du procureur général, avait déjà décidé de rompre ses liens avec l’ancien président bien avant l’annonce de la décision du juge.

« Compte tenu du risque de réputation croissant que représente le fait de faire des affaires avec Trump, je pense qu’il doit de plus en plus traiter avec des prêteurs relativement peu conventionnels, tels que des particuliers fortunés, des sociétés financières à capital limité et des entités étrangères qui ne sont pas soumises à la législation ou à la réglementation bancaire américaine », déclare Bert Ely, chercheur associé au Center for Monetary and Financial Alternatives de l’Institut Cato et directeur d’Ely & Co. Inc. un cabinet de conseil bancaire. « Personne ne sait de qui il s’agit. »

Evan Gotlob, associé du cabinet d’avocats Saul Ewing, mise sur le Moyen-Orient et la Chine. « Il y a beaucoup de banques dans les Émirats arabes unis, le nouveau Wall Street, ainsi que dans des pays comme l’Arabie saoudite. Il a également des liens étroits avec la Chine », note M. Gotlob. « Cela le soumet à la contrainte, mais ne limite pas sa liberté d’action. »

Même Wilbur Ross, l’ancien secrétaire au commerce de Trump, est d’accord, affirmant qu’il pense que les « banques étrangères » seront heureuses d’aider Trump. « La Deutsche Bank était un gros prêteur pour lui dans le temps », affirme M. Ross, qui a lui-même menti pendant des années sur le fait qu’il était milliardaire. 

Trump a de nombreuses relations à l’étranger. Il vient de conclure un partenariat avec une société immobilière saoudienne et le gouvernement d’Oman. Son gendre Jared Kushner, quant à lui, s’est acoquiné avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salman. La société de capital-investissement de M. Kushner, qui a deux ans, aurait reçu un investissement de 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) de la part du fonds souverain d’Arabie saoudite. Bien sûr, s’engager dans cette voie soulèverait de nouvelles questions sur ses partenaires commerciaux et les conflits d’intérêts en plein milieu d’une élection, mais cela ne dissuadera probablement pas Trump, en particulier compte tenu des obstacles qu’il aurait à franchir dans son pays.

Il existe encore quelques options aux États-Unis. Axos Bank est un candidat évident. Ce prêteur en ligne basé à San Diego, qui possède 22 milliards de dollars (20,3 milliards d’euros) d’actifs, a prêté 225 millions de dollars (207,6 millions d’euros) à M. Trump en 2022 pour refinancer deux biens immobiliers, et son PDG, Gregory Garrabrants, a fait un don à la campagne de M. Trump en 2020. Axos n’a pas répondu aux demandes de commentaires de Forbes pour savoir si elle continuerait à prêter à Trump, mais si l’interdiction faite par le juge aux banques new-yorkaises de prêter à Trump est rétablie, Axos ne serait pas affectée, déclare Milana Dostanitch, avocate basée à New York chez Lipsky Lowe LLP.

« L’entité californienne de la banque Axos ne serait pas agréée ou enregistrée auprès du New York State Department of Financial Services, ce qui signifie que Trump et ses organisations sont libres de faire des affaires avec eux également », explique Milana Dostanitch. « Le jugement est rédigé de manière restrictive et ne semble pas assez large pour englober l’entreprise californienne. » Les restrictions en matière de prêts limitent toutefois les prêts d’Axos à 301 millions de dollars (277,6 millions d’euros) par emprunteur, ce qui signifie qu’Axos ne pourrait accorder que 75 millions de dollars (69 millions d’euros) supplémentaires à M. Trump.

Une autre option nationale pourrait être Ladder Capital, un fonds d’investissement immobilier de 5,5 milliards de dollars (5 milliards d’euros), qui a accordé trois prêts à Trump pour le 40 Wall Street, le Trump International Hotel and Tower et le Trump Plaza, selon la dernière déclaration financière du candidat à la présidence. Ladder Capital, qui n’a pas répondu à une demande de commentaire, n’a toutefois financé aucune des transactions les plus récentes de M. Trump, à savoir la Trump Tower et le Trump National Doral Miami Resort. Il n’est pas certain que la société, qui a fait l’objet d’un examen approfondi en raison de ses liens avec M. Trump, veuille approfondir ses relations avec l’ancien président.

 

Trump et les mégadonateurs : un dernier recours financier ? 

Si Trump ne trouve pas de banques disposées à agir assez rapidement, il peut essayer de s’adresser à de riches investisseurs et à des mégadonateurs républicains milliardaires qui disposent non seulement de liquidités, mais qui ont aussi un intérêt à se rapprocher d’un futur président potentiel. Trump a certainement des amis riches.

Prenons l’exemple de Phil Ruffin, magnat de l’immobilier à Las Vegas et ami de longue date de Trump. Les deux hommes se sont rencontrés dans les années 1990 et sont devenus rapidement amis. « Je suis allé en Russie avec lui », a déclaré M. Ruffin à Forbes en 2017. « Nous avons pris mon avion. » Trump était le témoin de Phil Ruffin en 2008 lorsqu’il a épousé sa femme, Oleksandra, une ancienne Miss Ukraine de 47 ans sa cadette. (Il a maintenant 88 ans.) M. Ruffin et M. Trump sont également partenaires en affaires. Ils ont développé le Trump International Hotel à Las Vegas, une tour de verre dorée sur le Las Vegas Strip où ils sont toujours copropriétaires de centaines de condominiums. La moitié des parts de M. Trump vaut 60 millions de dollars (55,3 millions d’euros), et M. Ruffin, lui-même milliardaire, pourrait certainement se permettre de prêter de l’argent à M. Trump en échange de sa participation. M. Ruffin n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Andrew Beal, un milliardaire du secteur bancaire basé au Texas et dont la valeur de la fortune est estimée à 14,9 milliards de dollars (13,7 milliards d’euros), est un autre partisan de longue date de M. Trump qui pourrait intervenir. Sa holding Beal Financial Corp contrôle deux filiales bancaires distinctes, Beal Bank USA (enregistrée au Nevada) et Beal Bank, SSB (enregistrée au Texas), qui pourraient toutes deux prêter à M. Trump, tout comme M. Beal lui-même. M. Beal n’a pas souhaité faire de commentaire.

Il y a aussi le milliardaire des télécommunications Kenny Troutt qui, en plus d’avoir donné près de 2 millions de dollars (1,8 million d’euros) aux campagnes présidentielles de Trump, aurait été l’un des premiers investisseurs dans Truth Social, le réseau social de l’ancien président américain. M. Troutt n’a pas répondu à la demande de commentaire de Forbes. 

Forbes a contacté plus de 10 milliardaires ayant des liens avec Trump, dont Isaac Perlmutter, qui aurait été l’un des principaux conseillers de l’ancien président américain au département des Anciens combattants des États-Unis, un ami de Mar-a-Lago et un promoteur du Super PAC de Trump; le magnat des casinos Steve Wynn, un ami et donateur de longue date de Trump ; et Vivek Ramaswamy, l’entrepreneur en biotechnologie qui a modelé sa politique d’extrême droite grandiloquente sur celle de Trump et qui le représente parfois lors des campagnes électorales. M. Wynn et M. Ramaswamy n’ont fait aucun commentaire, et les autres n’ont pas répondu à la question de Forbes de savoir s’ils prêteraient de l’argent à Trump.

Truth Social est également une autre bouée de sauvetage potentielle pour Trump. Au début du mois, la Securities and Exchange Commission a autorisé la fusion entre Trump Media & Technology Group (la société holding de Truth Social) et Digital World Acquisition Corp, une société d’acquisition à vocation spécifique (SPAC), après un long délai. « Il recevra un milliard de dollars en actions de la SPAC », prédit Wilbur Ross. (Les actions sont bloquées pendant six mois après la fusion, mais l’entreprise peut renoncer à cette restriction). On peut supposer qu’il s’agit d’une garantie, en plus de ses biens immobiliers. 

En fin de compte, toute institution ou personne qui intervient pour aider M. Trump est confrontée à un degré élevé d’incertitude. « Tout prêteur qui accorde un prêt à Donald Trump, quelle que soit sa réglementation, risque d’être impliqué dans un litige lié à ce jugement », déclare David Pratt, partenaire du cabinet d’avocats Bradley, basé à Dallas et spécialisé dans les institutions financières.

« Trump possède une expertise inégalée dans la gestion de situations financières complexes », déclare M. Ross, qui a travaillé à la recapitalisation de l’un des casinos de l’ancien président américain à Atlantic City il y a 27 ans, avant que celui-ci ne le nomme secrétaire d’État au commerce. « Je serais très surpris s’il n’était pas capable de trouver une solution à ce problème. »

 


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