La dernière déclaration annuelle du président américain dévoile les revenus tirés par la Trump Organization de plusieurs contrats conclus avec le promoteur immobilier saoudien Dar Al Arkan.
Depuis sa victoire à la présidentielle en novembre dernier, la Trump Organization, l’empire immobilier familial de Donald Trump, a entamé une série de transactions à un rythme soutenu. Depuis le début de l’année 2024, l’entreprise a multiplié les accords pour développer des gratte-ciel résidentiels de luxe et des clubs de golf dans plusieurs pays, notamment au Qatar, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Vietnam. La déclaration financière déposée vendredi par le président américain met en lumière l’ampleur des revenus tirés de ces projets au cours de l’année écoulée.
Parmi tous ses partenaires étrangers, aucun n’a versé autant d’argent à Trump que Dar Al Arkan, un géant saoudien de l’immobilier coté en Bourse, dirigé par le multimillionnaire Yousef Al Shelash. Selon les documents, la société a versé 21,9 millions de dollars en 2024 à la Trump Organization pour l’utilisation de son nom dans des projets immobiliers à Dubaï et à Oman.
Ce montant s’ajoute aux 5,35 millions de dollars déjà payés entre 2021 et 2022 pour des droits de licence sur un complexe hôtelier, un club de golf et des villas de luxe à Oman. En tout, Forbes estime que Trump a encaissé plus de 27 millions de dollars de la part de Dar Al Arkan depuis 2021.
Trump a également déclaré avoir perçu 2,5 millions de dollars d’honoraires de l’entreprise saoudienne dans une précédente déclaration déposée en août 2024 — une somme couvrant 2023 et une partie de 2024, qui pourrait partiellement recouper les revenus mentionnés dans sa dernière déclaration.
Yousef Al Shelash, président de Dar Al Arkan, entretient des liens étroits avec la famille Trump, qu’il a qualifiés « d’amitié » lors de l’inauguration, en décembre dernier, de la Trump Tower Jeddah — une tour résidentielle de 47 étages sur la côte de la mer Rouge, en Arabie saoudite. Présent à ses côtés, Eric Trump, le fils cadet du président et vice-président exécutif de la Trump Organization, n’a pas tari d’éloges, saluant M. Al Shelash comme « un membre de la famille Trump » et quelqu’un qu’il « aime beaucoup ».
Riche d’une fortune estimée à 900 millions de dollars, principalement en actions de Dar Al Arkan, le magnat saoudien est aujourd’hui un partenaire incontournable de l’empire Trump. Sa société mène actuellement au moins six projets en collaboration avec la Trump Organization, incluant des hôtels, des clubs de golf, des villas et des résidences de luxe répartis entre Dubaï, Oman, le Qatar et l’Arabie saoudite.
Et l’expansion ne semble pas s’arrêter là : en janvier, Al Shelash confiait à CNBC Arabia qu’un septième projet était en préparation, cette fois en Grèce — bien qu’aucune annonce officielle n’ait encore été faite. Si plusieurs de ces projets ont vu le jour après la fin du premier mandat présidentiel de Donald Trump, le lancement d’un club de golf et d’un complexe de villas au Qatar, annoncé en avril, marque le premier contrat initié depuis son retour à la Maison-Blanche.
La Trump Organization poursuit son expansion en Asie, multipliant les partenariats dans des marchés en pleine croissance. En mai, elle a annoncé le lancement d’un vaste projet au Vietnam, comprenant un terrain de golf et un complexe résidentiel de luxe sous la marque Trump. Ce développement, estimé à 1,5 milliard de dollars sur quatre ans, est réalisé en collaboration avec Hung Yen Hospitality, une filiale de Kinh Bac City Development Holding Corp., un promoteur immobilier coté à la Bourse vietnamienne.
Selon la dernière déclaration financière de Donald Trump, Hung Yen a versé 5 millions de dollars en 2024 à la Trump Organization au titre de droits de licence. À l’occasion de la pose de la première pierre en mai, Eric Trump s’est rendu sur place aux côtés de Dang Thanh Tam, président de Kinh Bac.
Dang Thanh Tam, figure influente du monde des affaires vietnamien, s’est d’abord illustré dans le développement industriel, faisant de Kinh Bac l’un des principaux acteurs du secteur, avec des clients de renom comme le conglomérat sud-coréen LG ou le fournisseur d’Apple, Foxconn. Ses participations, combinées à celles de sa famille dans Kinh Bac et dans SaigonTel — entreprise de télécommunications et d’immobilier industriel également cotée — sont aujourd’hui estimées à 160 millions de dollars. Dans un entretien accordé à Forbes Vietnam en mai, Dang Thanh Tam a expliqué que son groupe avait commencé à envisager un projet de golf dès 2023, avant de signer un accord avec la Trump Organization fin septembre — à peine six semaines avant l’élection présidentielle américaine.
« Le président Donald Trump a visité le Vietnam à deux reprises durant son premier mandat et a toujours exprimé son affection pour notre pays », a déclaré Dang Thanh Tam à Forbes Vietnam. Il souligne que le projet a rapidement obtenu le feu vert des autorités vietnamiennes. « Lorsque toutes les conditions ont été réunies, nous avons agi très vite. Nous connaissions la valeur de la marque Trump et avions une grande confiance dans la Trump Organization et ses standards internationaux. »
Donald Trump pourrait encore toucher plusieurs millions de dollars en droits de licence et en frais de gestion pour les projets internationaux de son entreprise au cours de son second mandat. Si les revenus liés au projet vietnamien et aux développements à Dubaï et Oman avec Dar Al Arkan ont déjà été déclarés, ceux provenant des projets en cours au Qatar et en Arabie saoudite n’ont pas encore été signalés dans ses documents financiers.
Toutefois, toutes les ambitions internationales de la famille Trump ne progressent pas sans accroc. À Belgrade, un projet d’hôtel de luxe de 500 millions de dollars, en partenariat avec Affinity Partners (le fonds d’investissement de Jared Kushner) et le milliardaire émirati Mohamed Alabbar, a été mis en difficulté. Le mois dernier, des procureurs serbes ont révélé qu’un haut fonctionnaire du ministère de la Culture avait falsifié un document destiné à faciliter l’approbation du projet. Sollicitée, la Trump Organization n’a pas encore répondu à une demande de commentaire concernant l’état d’avancement du projet dans la capitale serbe.
Un article de Giacomo Tognini pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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