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Taxe sur les holdings : le gouvernement Lecornu s’attaque aux « cash boxes » patrimoniales

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Le gouvernement présente aujourd’hui à l’Assemblée nationale une mesure inédite : une taxe annuelle de 2 % sur les holdings patrimoniales détenant plus de cinq millions d’euros d’actifs.
Présentée comme un outil de justice fiscale, la nouvelle taxe sur les holdings patrimoniales arrive devant l’Assemblée nationale. Derrière ce texte hautement technique, le gouvernement de Sébastien Lecornu entend cibler les structures d’optimisation du capital, au risque d’inquiéter une partie du monde entrepreneurial.

Ce qu’il faut retenir

Le gouvernement présente aujourd’hui à l’Assemblée nationale une mesure inédite : une taxe annuelle de 2 % sur les holdings patrimoniales détenant plus de cinq millions d’euros d’actifs. Derrière ce texte d’apparence technique – six pages d’alinéas et de renvois aux codes fiscaux – se cache une réforme à la fois symbolique et complexe.  

Selon le gouvernement, cette « taxe holding » vise avant tout à lutter contre les montages d’optimisation et à renforcer l’équité fiscale. Elle exclut les biens professionnels pour ne pas pénaliser les entrepreneurs actifs, mais son champ exact reste flou. L’Institut des politiques publiques (IPP) y voit une taxe « anti-abus », plus destinée à limiter l’évitement fiscal qu’à générer d’importantes recettes budgétaires dans une note publiée par l’économiste Laurent Bach. 

 

Pourquoi c’est important à suivre

Cette taxe constitue l’un des volets les plus scrutés du budget 2026, tant elle cristallise la tension entre rendement budgétaire, équité fiscale et compétitivité économique. Pour le gouvernement de Sébastien Lecornu, il s’agit d’un signal politique fort : réaffirmer la volonté de taxer davantage le capital dormant sans nuire à l’investissement productif.


Mais la mesure divise profondément. Les députés de droite et du centre dénoncent une menace pour les PME familiales et les ETI, arguant qu’une partie des trésoreries et des actifs visés contribue directement à la stratégie d’investissement de ces entreprises.

De leur côté, les économistes saluent une première étape dans la lutte contre les montages patrimoniaux opaques, mais soulignent la difficulté à évaluer son efficacité réelle. L’expérience américaine, dont s’inspire la taxe, montre qu’un impôt peut être utile même avec un rendement limité, s’il rééquilibre le jeu fiscal sur le long terme.

 

Le chiffre à retenir : 900 millions d’euros

C’est le rendement annuel estimé de la taxe holding à son lancement, selon les projections du gouvernement. Un montant modeste, mais qui pourrait masquer des effets de second tour. En encourageant les détenteurs de holdings à distribuer davantage de dividendes ou à réinvestir leurs liquidités dans l’économie réelle, la taxe pourrait indirectement accroître les recettes issues de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés.

Selon l’IPP, l’impact budgétaire global dépendra moins du taux fixé (2 %) que de la réaction des contribuables concernés. En pratique, cette mesure cherche donc davantage à modifier les comportements fiscaux qu’à remplir les caisses de l’État à court terme.

 

 Citation principale

« Un bon impôt peut avoir un rendement faible s’il accroît les recettes d’impôt sur le revenu (via des distributions personnelles plus généreuses) ou d’impôt sur les sociétés (via des réinvestissements à haut rendement dans l’économie réelle) », estime l’économiste Laurent Bach dans sa note. 

 

À surveiller

La principale incertitude porte sur le nombre réel de holdings concernées et la composition des actifs taxables, faute de données publiques précises. L’IPP souligne qu’avec une base statistique fiable, un barème progressif aurait été plus pertinent qu’un taux fixe. Autre point de tension : la proposition du groupe socialiste, qui souhaite porter le taux à 20 % sur les bénéfices non distribués au-delà de 50 000 euros, pourrait rallumer le débat sur la taxation du capital.

Mais ce scénario se heurte aux contraintes du droit européen, notamment la directive « mère-fille » qui protège les flux entre sociétés. Enfin, la réaction du monde entrepreneurial sera déterminante : si les PME et ETI familiales perçoivent la mesure comme une atteinte à leur compétitivité, le gouvernement pourrait être contraint d’en revoir les contours avant sa mise en œuvre effective.

 


Lire aussi : Surtaxe, CVAE, Dutreil… les mesures du budget 2026 qui redessinent la fiscalité des entreprises

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