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Taxe sur les holdings : la promesse fragile d’un milliard d’euros pour l’État

Taxe sur les holdings : la promesse fragile d’un milliard d’euros pour l’État - gettyimages 185926326
Selon les estimations du ministère des Finances, la mesure pourrait rapporter 900 millions d’euros nets après déduction de la baisse du rendement de l’IFI.
Annoncée à 2 % sur les actifs financiers non professionnels détenus par des holdings dépassant 5 millions d’euros, la mesure promet environ un milliard d’euros de recettes - mais suscite de fortes réserves chez les fiscalistes et les parlementaires. Entre rendement incertain, complexité technique et risques d’optimisation, elle pourrait rapporter moins que prévu.

Ce qu’il faut retenir

Le gouvernement veut taxer à 2 % la valeur nette des actifs financiers non professionnels détenus dans des holdings dont la valorisation dépasse les 5 millions d’euros. Cette « taxe sur les holdings », inscrite à l’article 3 du projet de loi de finances 2026, vise à contrer certaines pratiques d’optimisation fiscale, notamment celles consistant à loger des biens personnels – comme des jets privés ou des chalets – dans des structures d’investissement pour en limiter l’imposition.

Présentée comme une mesure de justice fiscale, elle suscite déjà un large scepticisme, tant de la part des fiscalistes que de l’opposition, qui doutent de son efficacité et de son rendement réel. Ce concept s’inspire du débat autour de la taxe “Zucman”, qui n’a pas été retenu dans le projet de budget du gouvernement.

 

Pourquoi c’est important à suivre

Cette taxe marque une nouvelle étape dans la volonté du gouvernement de mieux taxer le patrimoine financier, alors que les marges de manœuvre budgétaires se réduisent fortement et que la dette publique reste au-dessus de 110 % du PIB. Officiellement, elle doit rapporter près d’un milliard d’euros à l’État. Officiellement, elle pourrait rapporter jusqu’à un milliard d’euros, mais même à Bercy, on admet que ce rendement dépendra largement du comportement des contribuables visés.


La complexité du dispositif – qui suppose d’identifier la part « non professionnelle » des actifs dans des structures souvent mixtes – rend son application difficile et sujette à interprétation. Plusieurs fiscalistes craignent qu’elle ne pousse les détenteurs de holdings à réorganiser leur patrimoine, voire à transférer une partie de leurs avoirs à l’étranger. En d’autres termes, le succès de la mesure dépendra moins du taux affiché que de sa capacité réelle à cibler les montages abusifs sans pénaliser les structures d’investissement légitimes. Si l’équilibre est manqué, la taxe pourrait rapporter beaucoup moins qu’espéré et fragiliser l’attractivité fiscale de la France.

 

Citation principale

« En essayant de viser un nombre très limité de contribuables qui placent leur yacht ou leur chalet dans leur holding, le texte prend dans ses filets de nombreuses autres sociétés », prévient l’avocat fiscaliste Xavier Rollet, du cabinet Racine aux Echos.

 

Le chiffre à retenir : 900 millions

Selon les estimations du ministère des Finances, la mesure pourrait rapporter 900 millions d’euros nets après déduction de la baisse du rendement de l’IFI. Un chiffre jugé optimiste par plusieurs parlementaires, certains évaluant plutôt le rendement final à quelques centaines de millions d’euros.

 

À surveiller

Les écologistes ont demandé une saisine du Conseil des prélèvements obligatoires pour vérifier le rendement réel du dispositif. D’ici à son entrée en vigueur, prévue en 2026, l’attention se portera sur la réaction des détenteurs de holdings : vont-ils réorienter leurs avoirs vers l’investissement productif, comme l’espère le gouvernement, ou chercher à contourner la taxe ? La réponse déterminera si cette mesure devient un vrai tournant fiscal ou un simple symbole politique.

 


Lire aussi : Budget 2026 : tour d’horizon des hausses d’impôts prévues par le gouvernement

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