Face à une trajectoire financière sans redressement et un déficit en forte hausse, Pierre Moscovici tire la sonnette d’alarme. La dette sociale devrait atteindre 175 milliards d’euros d’ici 2028, en grande partie portée par l’Acoss, un organisme non conçu pour gérer l’endettement de long terme.
Ce qu’il faut retenir
La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme sur la trajectoire des finances de la Sécurité sociale. Le déficit pourrait atteindre 24,1 milliards d’euros en 2028, et la dette sociale frôler les 175 milliards d’euros, avec un risque de crise de liquidité dès 2027. En cause : des déficits structurels, l’explosion des dépenses d’assurance maladie et des outils de financement sous-dimensionnés.
La Cades, chargée d’amortir la dette sociale, risque d’être dépassée dès 2025. Une partie croissante de la dette est désormais portée par l’Acoss, structure censée gérer uniquement la trésorerie à court terme, et qui pourrait se heurter à des limites de financement sur les marchés.
Pourquoi c’est important à suivre
Le financement de la Sécurité sociale, pilier du modèle social français, entre dans une zone de turbulences inédite. Loin d’une crise hypothétique, le « point de bascule » semble déjà atteint, et la perspective d’une crise de liquidité n’est plus exclue par la Cour des comptes.
L’absence de trajectoire de redressement claire, la concentration du déficit sur la seule branche maladie, et l’impuissance législative à adopter des réformes structurelles nourrissent les inquiétudes. La France, bien qu’encore loin d’un scénario à la grecque, ne pourra éviter des « décisions difficiles », selon le FMI comme selon la Cour.
Citation principale
« Nous avons atteint une cote d’alerte, notre dette sociale est maintenant excessive. Nous commençons à aborder des problèmes de soutenabilité. Nous ne pouvons pas continuer à jouer avec notre déficit et notre dette. » — Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes
Le chiffre à retenir : 175 milliards d’euros
C’est le montant projeté de la dette sociale en 2028, dont une large partie ne sera plus gérée par la Cades, mais par l’Acoss. Ce transfert de charge rend le système de financement plus vulnérable à une crise de liquidité, dès 2027 selon les projections.
À surveiller
Les allègements généraux de cotisations sociales ont atteint 77 milliards d’euros en 2023, en hausse de 18 milliards en trois ans. La Cour recommande de resserrer les critères d’éligibilité et de réduire le plafond des allègements « famille » de 3,3 à 2,5 SMIC, ce qui permettrait d’économiser plusieurs milliards d’euros. La Cour appelle à une lutte accrue contre les indus et fraudes Les sommes versées à tort par la Sécurité sociale ont atteint 19 milliards d’euros en 2023, dont 10 milliards seulement ont été détectés. La Cour recommande d’amplifier les contrôles, notamment via l’intelligence artificielle, pour améliorer la détection et la récupération. Les dépenses liées à l’intérim des soignants sont également dans le viseur. Elles ont été multipliées par trois depuis 2019, atteignant 500 millions d’euros en 2023. La Cour juge ce niveau insoutenable et appelle à une meilleure maîtrise de ce poste de dépense.

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