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Russie-Ukraine : quand des entreprises occidentales deviennent des sources de financement de la guerre

Les autorités russes vont-elles faire payer aux contribuables internationaux dont les capitaux sont basés dans le pays le coût de la guerre déclenchée par Moscou ?

La taxe actuelle sur les retraits de capitaux des sociétés étrangères désirant quitter le pays, et pouvant aller jusqu’à 5%, pourrait être augmentée d’au moins 10 points, voire plus, face aux besoins croissants de l’économie de guerre russe.

Depuis le début du conflit en février 2022, les entreprises occidentales ont rapidement été soumises à un dilemme : rester dans le pays au risque de se voir montrées du doigts, ou quitter le marché russe émergent fort de plus de 140 millions de consommateurs. Pour celle qui n’ont pas voulu renoncer à la manne russe et qui, orientées sur le consommateur final qui continue d’acheter malgré la guerre aux frontières, la situation pouvait à l’origine évoluer sous un jour favorable. L’espoir ? Avoir les reins solides dans un premier temps pour bénéficier d’un marché débarrassé des concurrents qui auront plié bagages.  

Mauvais pari pour ces acteurs. La Fédération de Russie fait face à une situation délétère pour ses finances publiques : la projection économique de Moscou prévoyait un effort de guerre d’un mois qui s’est finalement éternisé. Et même si la situation sur le marché des hydrocarbures reste correcte, grâce à la réorientation vers la Chine et l’Inde, cela ne suffit pas à répondre aux besoins financiers. Sur le champ des opérations, les équipements militaires peu efficaces ou techniquement obsolètes appellent à toujours plus de dépenses pour ne pas voir la contre-attaque ukrainienne renvoyer les troupes de Moscou dans les frontières antérieures à 2014.

Pour le gouvernement russe, l’équation est délicate : Moscou ne veut pas dépendre uniquement du soutien de Pékin pour garder une marge de manœuvre diplomatique, mais la plupart des entreprises russes minées par les sanctions ne peuvent pas plus abonder au pot commun. Reste alors la manne financière des entreprises internationales. Le budget de l’État russe devrait encore accuser un déficit de 2 % du produit intérieur brut cette année. Si le volume des ventes d’actifs par des entreprises étrangères approche le total de 15 à 20 milliards de dollars comme il l’a fait en 2023, l’État pourrait espérer récupérer au moins deux milliards de dollars. Un bol d’air financier inespéré sur le dos des entreprises étrangères pour combler des dépenses qui ne sont pas entièrement connues puisqu’un tiers environ sont considérées comme des informations classées par l’Etat russe.

Ces acteurs économiques qui pensaient que la Russie pourrait, malgré la guerre, garantir une sécurité des affaires tombent de haut. Et le coup de massue fiscal vient donner raison aux entreprises qui ont rapidement quitté le territoire, enfonçant un peu plus celles qui n’ont pas voulu voir ce qui risquait de se jouer pour elles. L’un des principaux blocages en cours est celui de la banque autrichienne Raiffeisen, qui avait réalisé plus de la moitié de ses bénéfices en Russie en 2022, et qui se retrouve aujourd’hui sous le tir croisé d’une enquête américaine et d’une pression financière russe la poussant à envisager de coûteux montages pour se sortir de l’ornière. Au mieux, mais trop tard pour échapper à la volonté du Kremlin d’acquérir une plus grande marge de manœuvre financière vis-à-vis de Xi Jinping. Et une leçon pour l’ensemble des entreprises qui décideront de rester : elles seront perdantes sur deux tableaux, une fois à cause des nouvelles taxes russes, une fois à cause des sanctions internationales.

 Le gouvernement russe estime que l’Occident, et l’Union européenne en particulier, utilisent des sanctions « absurdes » ou « futiles et irréfléchies » face aux intérêts économiques présents sur son territoire. C’est pourtant, pour les entreprises occidentales, au moins autant de Moscou que de l’extérieur que l’insécurité économique vient aujourd’hui faire peser une menace.

 

 

 

 

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