Le guichet de dépôt des dossiers pour MaPrimeRénov’ pour les rénovations d’ampleur rouvre ce 30 septembre après une suspension estivale due à l’épuisement des crédits, à des délais d’instruction trop longs et à une série de fraudes signalées par l’État. Mais la réouverture se fait avec des règles beaucoup plus strictes, entre quotas, recentrage sur les logements les plus énergivores, plafonds abaissés et barèmes modifiés.
En 2025, MaPrimeRénov’ a connu un afflux conséquent de demandes et des tensions budgétaires. Le gouvernement a donc suspendu l’ouverture des dossiers de rénovations d’ampleur en juin pour « refroidir le moteur », gérer les files d’attente et lutter contre les fraudes détectées sur certains dossiers. Plusieurs enquêtes ont montré un niveau de fraude ou d’anomalies qui a forcé l’exécutif à revoir la gouvernance et les contrôles.
Des changements clés
Si la plateforme MaPrimeRénov’ rouvre ce 30 septembre, les dossiers déposés avant la fermeture gardent les règles qui les régissaient au moment du dépôt. Mais il est important de préciser que la réouverture des guichets ne concerne que le volet rénovation d’ampleur. Les aides « par geste » et la « MaPrimeRénov’ copropriété » ont été maintenues ou encadrées différemment, selon le Ministère de l’Économie.
Ce qui va changer à la réouverture du dispositif, c’est notamment la mise en place d’un quota. Seuls 13 000 nouveaux dossiers seront acceptés jusqu’à fin 2025. La reprise n’est donc pas illimitée puisque l’État plafonne le nombre de nouveaux dossiers pour limiter l’impact budgétaire. Le retour de MaPrimeRénov’ signifie également une priorité aux ménages très modestes. À l’ouverture, seuls les foyers aux revenus les plus faibles pourront déposer leur dossier. L’accès s’élargira ensuite aux ménages modestes, selon la dynamique des dépôts. Il s’agit d’un recentrage social destiné à protéger les foyers les plus exposés à la précarité énergétique.
Le retour de l’aide publique, c’est aussi un recentrage sur les logements les plus énergivores, dont le DPE est classé E, F ou G. L’ouverture large à des logements moins dégradés est désormais supprimée. Le taux de prise en charge, lui, devient uniforme quel que soit le gain en classe. Il s’élèvera à 45 % pour les ménages aux ressources intermédiaires, et à 10 % pour les ménages aux ressources supérieures. Pour les ménages très modestes et modestes, les taux restent de 80 % et 60 %. Une autre conséquence notable est à prendre en compte : le bonus de 10 % dit « de sortie de passoire » est supprimé et les plafonds d’éligibilité sont abaissés. En effet, pour un gain de deux classes, les plafonds de dépenses pris en compte pour l’aide sont réduits à 30 000 €, à 40 000 € pour un gain de trois classes ou plus. Les montants antérieurs plus élevés, jusqu’à 70 000 € pour des sauts importants, sont supprimés.
Des gains ciblés et des risques
Pour les ménages très modestes, ces mesures peuvent signifier un accès plus certain à la subvention, le recentrage sur les DPE faibles montrant que l’aide vise désormais en priorité les logements qui polluent le plus. Pour les ménages intermédiaires et aisés, les taux plus bas et les plafonds réduits vont fortement diminuer la capacité d’investissement public. Les projets d’envergure toucheront donc moins de subventions.
En ce qui concerne la filière du bâtiment, la pause a créé de l’incertitude. Les professionnels demandaient une continuité et la réouverture limitée crée un « goulot d’étranglement » administratif et économique pour certains artisans. La colère de la filière avait tenté d’être apaisée par la ministre chargée du Logement Valérie Létard avant l’été.
Ce n’est pas tout, puisque la reprise du guichet s’accompagne d’un renforcement des contrôles, d’où la complexité accrue des dossiers et, probablement, de plus longues phases d’instruction pour sécuriser les financements publics.
Pour les ménages les plus modestes, il sera essentiel de déposer dès l’ouverture, les places étant limitées. Et si le logement en question n’est pas E, F ou G, le volet rénovation d’ampleur ne sera pas accessible. Les dossiers déposés avant la fermeture, eux, conservent l’ancien régime de barèmes. La réouverture de MaPrimeRénov’ le 30 septembre 2025 marque donc un tournant puisque l’aide est redistribuée plus strictement et encadrée pour réduire les fraudes et maîtriser les crédits publics. La réponse, bien que compréhensible face aux dérives, risque toutefois d’affaiblir l’effet-levier public sur les rénovations d’envergure et d’entretenir l’incertitude pour la filière du bâtiment. Les mois qui suivront le retour de MaPrimeRénov’ révéleront si ce recentrage parvient à concilier le social, l’efficacité écologique et la stabilité économique.
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