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Renault-Nissan : refonte de l’alliance entre les deux constructeurs automobiles

RenaultRefonte de l’alliance Renault-Nissan. | Source : Getty Images

Le groupe Renault va réduire à 15 % sa participation au capital de Nissan. De son côté, le constructeur automobile japonais, qui détient déjà 15 % de Renault, bénéficiera dorénavant des droits de vote associés à sa participation.

 

Tout comme Nissan, le gouvernement français détient 15 % du capital de Renault. Selon les nouveaux termes de l’alliance, le reste des actions du groupe Renault serait placé dans un trust, selon Reuters. Ces informations seraient conformes aux attentes des investisseurs, les longues négociations semblant sur le point d’aboutir. D’autres nouvelles sont attendues d’ici le 6 février.

À la lumière des récents événements, la banque d’investissement Bernstein a relevé sa note sur les actions Renault. « L’annonce conjointe est conforme à nos attentes et aux rapports de la semaine dernière. Le dénouement du nœud gordien entre Nissan et Renault a été l’une des principales raisons de la hausse de la note des actions Renault la semaine dernière », a indiqué Bernstein dans son rapport.

« Les 28,4 % d’actions Nissan restantes seront placées dans un trust français, les droits économiques revenant toujours à Renault. Il semble qu’il y ait un accord général sur le fait que les actions dites “excédentaires” pourraient être vendues au fil du temps », a précisé Bernstein.

Renault a renfloué Nissan en 1999 après que l’entreprise japonaise ait été au bord de la faillite. Depuis lors, la société Nissan a prospéré, mais s’est impatientée de la structure de l’actionnariat qui lui laisse peu de droits de vote pour décider de l’orientation stratégique de l’alliance. Mitsubishi Motors a été ajouté au groupement. Les progrès dans les négociations ont été stoppés avec l’arrestation par les autorités japonaises de l’ancien président de l’alliance Carlos Ghosn, en novembre 2018.

La « Renaulution » voulue par Luca De Meo, le PDG de Renault, vise à diviser le groupe en cinq sociétés autonomes. Les détails sur la manière dont Nissan sera inclus dans ce plan stratégique seront attendus lors de l’annonce officielle. La division prévue par Renault est la suivante :

  • Ampere, pour les véhicules électriques (VE) et leurs logiciels ;
  • Power, notamment pour les moteurs à combustion interne et les hybrides, les solutions basées sur l’hydrogène. Le projet Horse avec le chinois Geely pour les moteurs à combustion interne et les hybrides ;
  • Alpine, pour les voitures de sport électriques ;
  • Mobilize, des services d’autopartage et de mobilité avec la société chinoise Jiangling Motors ;
  • The Future is Neutral, pour le recyclage.

Le plan prévoit de porter les marges bénéficiaires d’exploitation à 8 % d’ici 2025, et à plus de 10 % en 2030, contre 5 % prévus cette année. Selon Bernstein, Nissan va investir dans Ampere.

« Dans le cadre de son plan stratégique, Renault prévoit d’introduire en bourse sa branche VE et logiciels, “Ampere”, et Nissan a accepté de devenir un actionnaire stratégique. Des rapports récents faisaient état d’une participation de 15 %. L’annonce d’aujourd’hui, cependant, ne contenait pas de détails supplémentaires. Nous nous attendons à ce que Renault continue sur la voie de l’introduction en bourse d’Ampere plus tard dans l’année », a déclaré Bernstein.

« La stratégie de Renault est freinée par la propriété intellectuelle commune entre Nissan et Renault, que le groupe français aimerait transférer à Ampere et au projet Horse avec Geely. L’annonce publiée aujourd’hui ne fait pas mention des accords de propriété intellectuelle et nous serions heureux d’obtenir des précisions si des obstacles subsistent dans la mise en œuvre de la stratégie de Renault », a indiqué Bernstein.

La banque d’investissement UBS a reconnu que la nouvelle de la refonte de l’alliance était conforme aux attentes. « Il y a peu de nouveautés par rapport à ce qui a été évoqué dans la presse ces derniers mois. Pour nous, la principale information nouvelle concerne la possibilité pour Renault de continuer à recevoir des dividendes de la participation dans Nissan liée aux 28,4 % transférés à un trust français. Il n’y a aucune indication d’un événement commun qui pourrait avoir lieu la semaine prochaine, comme mentionné dans la presse à plusieurs reprises, si ce n’est que “Les membres de l’Alliance prévoient de faire une annonce immédiatement après les approbations du conseil d’administration” », a déclaré UBS dans un communiqué.

« La structure fiduciaire implique également que Renault ne recevra aucun produit en espèces, du moins à court terme, selon nous, et aucun détail n’est fourni sur les conditions liées à une cession. Cela dit, nous pensons que peu d’investisseurs s’attendaient à ce que Renault renvoie des liquidités au cours des prochains mois après une réduction de sa participation dans Nissan », explique UBS.

L’action Renault a chuté en février après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, passant d’environ 37 à 21 dollars, mais elle s’est régulièrement redressée depuis lors, clôturant à 37,27 euros vendredi 27 janvier. Renault a généré 10 % de son chiffre d’affaires et environ 12 % de sa marge opérationnelle en Russie en 2021. Le groupe a cessé ses activités en Russie en 2022.

Les chroniqueurs de Reuters BreakingViews, Pierre Briançon et Katrina Hamlin, ont déclaré que la refonte de l’alliance marquait la fin de la domination de Renault sur Nissan. « Cette refonte résout les problèmes de gouvernance persistants. Mais sans un leader clair, la prise de décision pourrait devenir plus floue », ont-ils déclaré.

« Toutefois, il y a des limites à la refonte. La prise de décision entre deux partenaires égaux avec une gestion séparée sera plus délicate sans un président ou un directeur général commun fort. Cela pourrait rendre plus difficile la résolution des querelles sur les investissements futurs ou le partage des technologies, par exemple. Les mois de négociations nécessaires, même pour réaliser cette petite avancée, ne laissent pas présager un avenir sans heurts », expliquent-ils.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Neil Winton

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