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Qui Pour Piloter Air France-KLM ?

Getty Images

Dirigée à titre intérimaire par Anne-Marie Couderc après la démission de Jean-Marc Janaillac, début mai, à la suite du rejet de projet d’accord salarial, Air France-KLM éprouve toutes les peines du monde à trouver son nouveau patron. Si la rumeur d’une arrivée de Catherine Guillouard a dynamité le cours de bourse de la compagnie franco-néerlandaise ce lundi, la candidature de l’actuelle PDG de la RATP a été démentie dans la foulée.

+6,34%. Il y a bien longtemps que le cours de bourse d’Air France-KLM n’avait pas été à pareille fête. Confrontée à une grave crise de gouvernance, la compagnie franco-néerlandaise a repris (un peu) de vigueur sur les marchés ce lundi, notamment galvanisée par la rumeur faisant état de l’arrivée prochaine, à la tête de ce « monument en péril », de Catherine Guillouard qui dirige la RATP depuis un an. Il ne s’agit pas du seul élément qui a permis au titre Air France-KLM de terminer en tête du SBF120 en ce premier jour de la semaine, les bons chiffres du trafic du mois de juin ayant également joué un rôle prépondérant dans cette progression.  Dans le détail, le groupe a fait état d’une hausse de 4,5% de son trafic en juin pour l’ensemble de ses compagnies (Air France, KLM, HOP! et Transavia) et d’une progression de 1,6 point de son coefficient d’occupation à 89,3%. Le transporteur aérien précise également dans un communiqué avoir transporté le mois dernier 9,3 millions de passagers, soit une progression de 3,7%. Une performance qui a surpris jusque dans les rangs des analystes et qui, de facto, a tiré le titre vers le haut. Une éclaircie dans le ciel chargé de nuages de la compagnie qui n’a toujours pas trouvé son ou sa nouvelle dirigeante, la quête de l’homme ou de la femme idoine s’avérant particulièrement laborieuse.

Mais ce lundi, la potentielle arrivée de Catherine Guillouard, qui préside aux destinées de la RATP, a mis en alerte les investisseurs, ces derniers espérant la fin de la crise de gouvernance qui secoue l’ancien fleuron depuis début mai. En effet, Jean-Marc Janaillac a préféré plier bagages après l’échec du référendum sur le projet d’accord salarial qu’il appelait de ses vœux et pour lequel il avait mis son poste dans la balance.  Depuis, l’état-major du transporteur aérien navigue en eaux troubles, même si une solution transitoire avait été trouvée quelques semaines après ce camouflet. Après moult refus, notamment celui d’Anne-Marie Idrac, ancienne PDG de la RATP (déjà) qui, selon certaines sources, lorgnait le poste de manière plus durable (jusqu’en 2019, date d’expiration du mandat de Janaillac), la solution d’une direction collégiale est retenue. Ainsi, la présidence non-exécutive du groupe est échue à Anne-Marie Couderc, ex-dirigeante d’Hachette et de Presstalis et ancienne ministre d’Alain Juppé, qui s’appuie alors sur un triumvirat opérationnel composé de Frédéric Gagey, directeur financier d’Air France,  Franck Terner, patron d’Air France et Peter Elbers, DG de KLM.

« Déshabiller la RATP pour habiller Air France »

Avec Catherine Guillouard, Air France-KLM semblait, enfin, tenir une patronne sur du long terme, d’où la réaction des marchés.  « Elle n’est pas candidate, non ! Mais comme son CV coche les cases, les gens pensent à elle », a déclaré une source citée par Reuters. « Beaucoup de gens rêvent qu’elle y aille ! ». De quoi rafraîchir les ardeurs des opérateurs car toujours selon cette source si le profil de cette énarque de 53 ans qui a déjà passé près de 10 ans (de 1997 à 2007) dans le giron de la compagnie  n’est pas en cause, elle préside aux destinées de la RATP depuis seulement un an, succédant à Elisabeth Borne devenue ministre des Transports en mai 2017 dans le gouvernement Philippe. « Catherine Guillouard n’est pas en cause. Elle est très bien, très sérieuse et connaît bien Air France, mais on ne va pas changer le PDG de la RATP tous les ans », évoque cette même source. « Le processus est en cours, il avance. Ce serait bien de boucler rapidement, mais encore faut-il trouver la bonne personne », ajoute cette même source, qui juge par ailleurs infondée l’information figurant dans l’article du Figaro, selon laquelle Emmanuel Macron lui-même devrait « prendre sa décision dans la semaine » sur ce dossier.

Mais l’un des principaux problèmes de cette nomination réside également dans la rémunération pour un poste particulièrement exposé où il y a énormément de coups à prendre. Déjà, en 2016, la succession d’Alexandre de Juniac n’avait pas suscité la convoitise des professionnels du secteur. Fabrice Brégier, ex-numéro 2 d’Airbus, avait déjà refusé le poste en 2011 et en 2016. Il aurait également déjà décliné.  Il faut dire que la rémunération n’aide pas à attirer des profils d’expérience : d’un montant fixe de 600 000 euros annuels, avec la possibilité de la doubler en rémunération variable, elle demeure à des années-lumière de la concurrence (8,8 millions d’euros pour Willie Walsh PDG d’IAG en 2015 avec des critères similaires). En outre, la question d’une éventuelle sortie de l’Etat, qui détient 14% du capital d’Air France-KLM (soit peu ou prou 440 millions d’euros) semble également avoir du plomb dans l’aile tant la valeur boursière de la compagnie a fondu en raison du long conflit avec les pilotes d’Air France et du scepticisme des investisseurs sur la capacité de la compagnie à se redresser. Et ce n’est pas le sursaut d’hier qui va les convaincre de revoir leur position. L’horizon est encore loin d’être dégagé pour Air France-KLM.

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