Qui est Marguerite Bérard, la première femme française à diriger une grande banque européenne ?

C’est une première dans l’histoire. Une dirigeante française devient la première femme à prendre la tête d’une grande banque européenne. Elle a été officiellement nommée mercredi à la direction générale de la banque néerlandaise ABN Amro. Qui est Marguerite Bérard, figure montante de la finance française ?

« Je suis honorée de me voir confier la responsabilité de diriger la banque dans les années à venir », a déclaré Marguerite Bérard dans un communiqué, à l’issue de l’Assemblée générale des actionnaires de la banque ABN Amro. À l’origine d’un parcours réussi dans les cabinets ministériels et les comités exécutifs de deux grandes banques françaises, BPCE et BNP Paribas, Marguerite Bérard a quitté la direction du réseau France de cette dernière à la surprise générale, il y a un peu plus d’un an. Au moment de quitter BNP Paribas en mars 2024, Marguerite Bérard avait dit ressentir « beaucoup d’émotion » sur le réseau LinkedIn, tout en restant mystérieuse sur la poursuite de « nouveaux projets ». Ce départ inattendu lui ouvrira les portes de ABN Amro en haut de la pyramide hiérarchique.

Avant la banque, la politique

Marguerite Bérard naît le 31 décembre 1977 à Paris d’une mère banquière et d’un père préfet. Tradition familiale oblige, elle rejoint l’école de la haute fonction publique en 2002, après un cursus à Sciences Po et un master outre-Atlantique à l’université de Princeton. Elle sort major de la même promotion qu’Emmanuel Macron. En sortie d’études, la jeune énarque rejoint l’inspection des finances au service de Nicolas Sarkozy, avant d’intégrer l’Élysée comme conseillère entre 2007 et 2010 puis directrice de cabinet du ministre du Travail Xavier Bertrand.

Lorsque François Hollande remporte les élections présidentielles en 2012, Marguerite Bérard s’envole vers le privé. Elle entre chez BPCE, qui rassemble la Banque populaire et la Caisse d’épargne, en tant que directrice générale adjointe en charge de la stratégie. En 2019, elle quitte BPCE pour rejoindre BNP Paribas où elle dirige la banque commerciale en France.

Un nouveau chapitre – et des défis – chez ABN Amro

Banque commerciale et d’investissement née aux Pays-Bas en 1964, ABN Amro fait partie de l’indice AEX jusqu’à son rachat en 2007 par un consortium composé des banques Fortis, RBS et Santander. Cette acquisition d’envergure est alors la plus grande jamais réalisée dans le secteur bancaire avec un montant de 70 milliards d’euros. Ce rachat mènera à une nationalisation de la banque néerlandaise dans le sillage de la crise financière de 2008. ABN Amro a depuis connu plusieurs embûches.

En 2014, elle s’allège de 1 000 postes, notamment dans le réseau de vente. Une réduction de personnel liée à la transition numérique de la banque de distribution. L’année suivante, ABN Amro est réintroduite en bourse, après la vente d’une participation de 20 % dans la banque par l’État néerlandais, qui a permis de lever pour l’État 3,3 milliards de dollars. En 2016, un nouveau plan de restructuration annonce la suppression d’environ 1 300 postes, notamment dans les fonctions support et de back-office.

Mais en 2024, la banque néerlandaise, qui fait partie du trop de tête des banques dominantes aux Pays-Bas, sort la tête de l’eau. Si elle enregistre une baisse de 9% de son bénéfice net trimestriel à 690 millions d’euros sur un an, dépassant la prévision moyenne des analystes à 528 millions d’euros, elle connaît une amélioration soutenue de son revenu net d’intérêts (RNI) et une bonne performance des commissions.

En octobre dernier, le gouvernement néerlandais a annoncé son intention de réduire à environ 30% sa participation chez ABN Amro. Marguérite Bérard aura donc fort à faire pour mener la barque du géant hollandais, mais son expérience au sein des grandes banques françaises devrait lui octroyer les armes nécessaires.

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