Pour beaucoup, la décision d’Elon Musk d’insulter publiquement le président américain Donald Trump semblait autodestructrice, voire carrément irrationnelle.
Après tout, Donald Trump n’est pas seulement un adversaire politique, il est le président en exercice des États-Unis. Son gouvernement détient les clés de contrats gouvernementaux colossaux attribués aux entreprises d’Elon Musk, notamment Tesla, SpaceX, Starlink et The Boring Company. Des subventions pour les véhicules électriques aux contrats de défense et d’aérospatiale de plusieurs milliards de dollars, l’empire d’Elon Musk est profondément lié à la politique de Washington.
Alors, pourquoi provoquer le président américain ? Pourquoi risquer de s’aliéner la seule personne qui pourrait fermer les vannes fédérales ?
À première vue, le comportement récent d’Elon Musk, à savoir se moquer de la personnalité de Donald Trump et saper publiquement son projet de loi fiscale emblématique, semble imprudent. Cependant, et si cela n’était pas le cas ?
Bien que cela puisse sembler tiré par les cheveux, cette hypothèse n’est pas sans fondement ni sans parti pris. Compte tenu de l’exposition financière importante des investisseurs et des observateurs à Tesla et SpaceX, ceux-ci ont naturellement tendance à considérer les actions d’Elon Musk comme faisant partie d’une stratégie plus large plutôt que comme une erreur. Cette théorie est façonnée à la fois par l’histoire du marché et par l’espoir. Ainsi, étant donné les succès répétés d’Elon Musk, qui a su transformer la volatilité en avantage, elle reste une possibilité plausible, même si elle est hautement spéculative.
Et si l’homme le plus riche au monde était en train de mener une stratégie délibérée et calculée, non pas pour un gain à court terme, mais pour se positionner à long terme ?
Examinons les chiffres. Fin 2024 et début 2025, Elon Musk aurait dépensé plus de 300 millions de dollars pour soutenir le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, par le biais de plateformes médiatiques, de dons politiques et de réseaux d’influence. Ce soutien a peut-être contribué à assurer la réélection de Donald Trump, qui avait peu de chances de l’emporter. En quelques mois, la fortune d’Elon Musk a bondi de plus de 150 milliards de dollars, soit un retour sur investissement politique stupéfiant de 500 fois la mise initiale. Il s’agit sans doute de la plus forte augmentation de fortune personnelle jamais enregistrée dans l’histoire de l’humanité.
Ce type de gain asymétrique n’est pas le fruit du hasard. Il est le résultat d’une stratégie délibérée.
Et Elon Musk n’a encore que 53 ans, ce qui est jeune en politique. Il a encore des décennies devant lui, ainsi qu’un réservoir apparemment inépuisable d’idées, d’énergie et de capitaux. Il n’est peut-être pas éligible à la présidence (en tant que citoyen naturalisé), mais il est tout à fait capable d’influencer le choix du candidat et les idées qui domineront le débat politique.
Il est important de noter qu’Elon Musk contrôle désormais X (anciennement Twitter), l’une des plateformes de réseaux sociaux les plus puissantes au monde. Grâce à elle, il peut façonner le discours, amplifier la voix de ses alliés et contrôler le flux du discours politique à une échelle qu’aucun média traditionnel ne peut égaler. Il dispose également d’un capital pratiquement illimité, bien au-delà de la portée de tout comité d’action politique ou super PAC.
En effet, Elon Musk pourrait devenir le faiseur de rois le plus influent de notre époque.
Et n’oublions pas que beaucoup ont déjà sous-estimé Elon Musk par le passé, et qu’ils l’ont payé cher. Les vendeurs à découvert ont tenté à plusieurs reprises de parier contre lui, pour finalement être humiliés. Tesla a subi de fortes baisses, mais à chaque fois, l’action a rebondi avec une force explosive, balayant des milliards de positions courtes. Parier contre Elon Musk est devenu une entreprise très risquée, à la limite de l’autodestruction financière.
Elon Musk prospère dans la volatilité. Il accueille le chaos à bras ouverts. Et il maîtrise l’art de transformer le doute en domination.
Au cours de son bref mais très médiatisé « stage de printemps » à la Maison-Blanche, Elon Musk a probablement appris bien plus que ce que les gros titres ont révélé. Il a pu observer de près comment les messages politiques sont élaborés, comment le pouvoir est réparti et comment l’influence s’accumule, non seulement par le biais de la politique, mais aussi par la provocation, le contrôle des plateformes et l’image de marque personnelle.
Et peut-être que ce n’est pas personnel, mais transactionnel. Elon Musk a quitté la Maison-Blanche avec ce que beaucoup ont interprété comme une « clé en or » symbolique : l’accès, l’influence et l’alignement. Pourtant, quelques jours après son départ, il est devenu très critique. Ce timing ne suggère pas une explosion spontanée, mais un revirement calculé.
Certains pensent que la décision de Donald Trump de rejeter le candidat préféré d’Elon Musk pour le poste d’administrateur de la NASA a pu jouer un rôle. D’autres soulignent le fait que Tesla, malgré son rôle de leader dans la révolution des véhicules électriques, a été exclue des crédits pour les nouveaux véhicules dans le projet de réforme fiscale de Donald Trump. Cet oubli pourrait coûter des milliards de dollars à Tesla.
Le revirement d’Elon Musk était-il idéologique ? C’est possible. Cependant, il s’agissait plus probablement d’une question d’argent et de contrôle. Et Donald Trump le comprend sans doute. Pour être clair, le président américain n’a pas attaqué Elon Musk. En fait, il est resté calme, concentré sur son programme politique et largement au-dessus de la mêlée. Il maintient son image présidentielle. Et peut-être reconnaît-il ce que d’autres ne voient pas : le terrain de jeu proverbial est suffisamment grand pour eux deux.
La politique américaine laisse place à la concurrence et à la coexistence de forces puissantes. Les détracteurs peuvent qualifier l’approche d’Elon Musk d’erratique, mais l’histoire a montré qu’il est souvent plus habile que quiconque dans les stratégies à long terme. Peut-être que cette querelle publique n’est pas une erreur. Peut-être s’agit-il d’une stratégie visant à renforcer son influence, à contrôler le discours et à façonner la prochaine décennie de pouvoir et d’innovation. Peut-être, juste peut-être, est-ce du génie.
Déclaration :
Les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs. Veuillez consulter le lien suivant pour obtenir des informations supplémentaires : https://lnkd.in/e29X6rNAdditional
Note de la rédaction :
L’auteur de cet article est affilié à ERShares et à l’ETF XOVR. Le présent article a pour but de fournir des informations objectives. Toutefois, les lecteurs doivent être conscients que l’auteur peut avoir un intérêt financier dans le sujet traité. Comme pour tous les investissements en actions, les investisseurs doivent évaluer soigneusement toutes les options avec un professionnel de l’investissement qualifié avant de prendre toute décision d’investissement. Les investissements en capital-investissement, tels que ceux détenus dans XOVR, peuvent comporter des risques supplémentaires, notamment une liquidité limitée, par rapport aux titres traditionnels cotés en bourse. Il est important de tenir compte de ces facteurs et de consulter un professionnel qualifié pour évaluer la pertinence et la tolérance au risque.
Une contribution de Joel Shulman pour Forbes US, traduite par Flora Lucas
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