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Portrait : Qui est Gilles Moretton, architecte de la relance du tennis français ?

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Gilles Moretton, président de la FFT

Élu en février 2021, l’ex-65e mondial Gilles Moretton brigue en 2024 un deuxième mandat de quatre ans à la tête de la Fédération française de tennis. Sous sa présidence, la FFT, deuxième fédération sportive de France, se transcende et bat des records avec près d’1,2 million de licenciés à travers l’Hexagone. Retour sur une histoire remarquable qui remonte à plus de cent ans.

 

La Fédération Française de Tennis est une association d’utilité publique qui regroupe plus de 500 salariés et qui signe plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires et 33 millions d’euros de résultats nets sur l’exercice 2024. Mais à l’origine, la Fédération s’est faite autour d’un simple rectangle de couleur ocre. En 1920, elle voit le jour à la suite de l’éclatement de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques. Sept ans plus tard, les « Quatre Mousquetaires », Jacques Brugnon, Jean Borotra, Henri Cochet et René Lacoste, remportent la Coupe Davis à Philadelphie. De là, l’idée de construire un stade consacré au tennis s’impose rapidement pour offrir aux champions un cadre digne de ce nom pour la défense de leur trophée.

C’est la construction de l’illustre stade Roland-Garros qui accueillera en 1928 la finale de la Coupe Davis. Lorsque la ville de Paris lance un appel d’offre pour ce projet d’envergure, c’est deux cadors du rugby français qui remportent la mise. La création du stade se fait donc sous l’égide d’Émile Lesieur, international français de rugby et président du Stade Français, et Pierre Gillou, président du Racing. L’unique condition d’Émile Lesieur à cet engagement financier entre les deux présidents rivaux : que le stade porte le nom d’un de ses amis, Roland Garros, pionnier de l’aviation et héros de guerre, mort pour la France en 1918.


 

Le stade Roland-Garros, pionnier du tennis français

Autour de ce rectangle ocre, le stade se construit et le court central, qui prendra le nom du président de la FFT Philippe Chatrier en 2001, accueille 10 000 spectateurs. Le site se développe drastiquement au fil des ans et au milieu des années 1970, il compte neuf courts et s’étend sur une superficie de 3,35 hectares. En 1994, un nouveau central de 10 000 places est construit. Il est appelé « court A » jusqu’à ce qu’il prenne en 1997 le nom de Suzanne Lenglen, première star internationale du tennis féminin. Seul site de tournoi du Grand Chelem à ne pas posséder de court couvert, le stade Roland-Garros se met à la page. Le court central est détruit et reconstruit en deux phases : la nouvelle enceinte principale du stade Roland Garros est mise en service en 2019 et le toit rétractable qui la couvre doit être prêt pour 2020. En 2024, le court Suzanne Lenglen inaugure à son tour son toit. 

Lorsque la FFT décide en 2015 d’agrandir le stade Roland Garros pour construire un nouveau court de 5000 places, elle est confrontée à de grandes difficultés. Si Anne Hidalgo annonce l’accord de la ville de Paris sur les permis de construire prévoyant l’aménagement d’un hectare dans le jardin des serres d’Auteuil, ce n’est pas au goût des associations écologiques. Les permis de construire font l’objet de sept recours contentieux déposés par des associations de protection de l’environnement, menaçant et retardant le projet. Mais les derniers recours sont rejetés en 2016 et le Court Simonne-Mathieu devient à son inauguration en 2019 le troisième plus grand de l’enceinte sportive.

 

Gilles Moretton, un artisan du succès de la FFT

Une première vie de joueur de tennis professionnel, une deuxième vie de chef d’entreprise, Gilles Moretton en est à son deuxième mandat à la tête de la FFT. Cet ancien propriétaire du grand prix de tennis de Lyon, et de l’ASVEL de Lyon, qu’il vend à Tony Parker en 2014, a une vie bien remplie. Lorsqu’il décide d’arrêter de travailler à l’âge de 59 ans, il s’envole pour le Népal pendant deux ans dans un besoin de créer un “sas entre une vie professionnelle intense et une future troisième vie. « Je ne savais pas encore de quoi allait être constituée ma troisième vie, mais je savais qu’elle devait être tournée vers les autres, vers l’altruisme. », explique Gilles Moretton.

Lyonnais d’origine, il revient dans sa terre natale et devient président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de tennis en 2018. « Je n’étais pas un aficionado des réunions et des comités directeurs, mais je voulais rendre aux autres ce que les autres m’avaient donné, et aussi au tennis », affirme Gilles Moretton. Là, c’est un vrai parcours du combattant pour l’ancien tennisman, qui découvre le côté obscur de la politique et essuie les diffamations de son prédécesseur. En 2020 et fort de son expérience en région, il annonce briguer la présidence de la FFT. Il est élu en 2021 pour un mandat de quatre ans, puis réélu en 2024. Sous son égide, la Fédération continue de se développer. Et dans les chiffres réalisés, le tournoi de Roland-Garros est « presque accessoire » pour Gilles Moretton. « Nous sommes avant tout une fédération de clubs et de licenciés. Notre mission première, c’est l’enseignement et la formation au tennis. Quand je me suis engagé, ce n’était pas pour un tournoi, mais pour les 1,2 million de licenciés à travers la France ».

Quand Gilles Moretton prend les rênes de la FFT en 2021, celle-ci comptait 930 000 licenciés. Dans le sillage de la crise sanitaire, la Fédération perd 92 millions d’euros, mais sous l’égide de son président, parvient à relever la barre et se développer comme jamais auparavant. Elle lance de nouveaux produits et promeut le padel, extrêmement populaire aujourd’hui. « Lorsque j’ai pris les commandes de la Fédération, le padel était au fond du tiroir. On l’a remis en avant et c’est devenu un phénomène mondial », explique Gilles Moretton.

Pour le président de la FFT, ce qui brille au sein de celle-ci, c’est avant tout la « pyramide » des licenciés jusqu’à l’élite du tennis et le lien social qui se crée dans les clubs. Le tennis est le deuxième sport en France en nombre de licenciés, derrière le football. Mais en termes de chiffre d’affaires, il est seul au sommet. En effet, si le football n’a qu’une seule propriété en la Coupe de France, la FFT possède à part entière le tournoi de Roland-Garros. L’un des quatre tournois du Grand Chelem qui pour son président montre une identité remarquable, à l’image de son homologue britannique Wimbledon. 

 


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