Plus de la moitié des entreprises françaises observent déjà des retombées économiques positives grâce à l’intelligence artificielle, selon le Baromètre européen EY de l’IA. Pourtant, leur appétit pour l’IA décroît, contrastant avec une dynamique européenne plus affirmée.
La deuxième édition du Baromètre européen EY de l’IA révèle que 55 % des entreprises françaises ont déjà constaté des effets économiques positifs de l’IA. Parmi elles, 75 % évoquent des gains significatifs de productivité ou d’optimisation, avec des retombées financières pouvant atteindre jusqu’à 5 millions d’euros. Ces performances sont alignées avec la moyenne européenne.
Pourtant, les perceptions évoluent à deux vitesses. Alors que l’enthousiasme progresse de 7 points à l’échelle européenne, il recule de 7 points en France, avec 66 % des répondants se disant « très ou plutôt positifs » face à l’IA. Un chiffre qui reste élevé, mais qui masque une montée des inquiétudes : 73 % des Français redoutent un impact négatif sur l’emploi, contre 63 % en 2024.
Un déficit de formation perçu par les salariés
Derrière cet optimisme relatif, un décalage persiste entre l’appétence des salariés pour l’IA et les moyens mis en place par les entreprises pour accompagner cette transition. En 2025, 50 % des salariés français (contre 58 % en Europe) affirment suivre une formation à l’IA — une hausse de 5 points en un an (contre +20 points au niveau européen).
Mais moins d’un quart des salariés français jugent le volume et la qualité des formations satisfaisants.
« Aussi fort que soit le désir d’acquérir des qualifications en IA, les personnes interrogées accordent une mauvaise note à leurs employeurs », souligne le rapport.
Pour Stéphane Distinguin, fondateur et associé EY Fabernovel :
« La promesse des LLM se confirme à une vitesse inédite. […] Cette année, la prise de conscience s’affirme et s’accompagne d’une très forte augmentation des attentes des salariés en matière de formation à ces technologies. »
Il plaide pour « une approche plus pragmatique et appliquée », articulant formation individuelle et conduite du changement collectif.
Investissements prudents
Malgré les effets mesurables sur la productivité, les entreprises françaises restent prudentes dans leurs investissements IA. Selon le rapport, seulement 5 % prévoient d’y consacrer plus de 5 millions d’euros dans les cinq prochaines années, tandis qu’un quart ne dispose toujours d’aucune stratégie formalisée.
Les projets restent souvent modestes :
25 % des entreprises investissent moins de 5 000 €,
25 % entre 5 000 € et 1 million,
17 % entre 1 et 5 millions.
Cette retenue s’explique notamment par les incertitudes sur les effets à moyen terme de l’IA sur l’emploi, l’organisation du travail et les compétences internes. Le rapport évoque ainsi un « optimisme inquiet » : une volonté d’adaptation, mais avec peu de garanties concrètes sur les retombées structurelles.
En dépit de ces freins, l’IA demeure une priorité stratégique : 35 % des entreprises françaises la placent au cœur de leur feuille de route, un chiffre supérieur à la moyenne européenne (29 %).
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