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Maroc : Le discours « féministe » du Roi Mohamed VI

Comme chaque année, le souverain marocain Mohamed VI a prononcé le 31 juillet dernier son grand discours de politique générale, placé cette fois sous l’égide des réformes dans le sens de l’égalité hommes-femmes et de la main tendue à l’Algérie. Par Yves Derai, contributeur

 

Au Maroc, la parole du Roi est rare. C’est la raison pour laquelle le « Discours du Trône » est si suivi, à l’intérieur comme à l’extérieur du royaume. L’année 2022 ayant été riche en événements politiques et diplomatiques, cette allocution était plus attendue encore que les années précédentes : nouveaux développements dans le dossier du Sahara occidental avec la reconnaissance du voisin espagnol de la souveraineté marocaine sur cette région conflictuelle synonyme de tensions avec l’Algérie, reprise des relations diplomatiques avec Israël dans la foulée des accords d’Abraham et, surtout, montée en puissance du Maroc sur le plan économique, qui tend à devenir le « dragon » régional où nombre de grandes entreprises européennes, et notamment françaises, ont choisi d’installer leur « hub » Afrique.

Mais, prenant à contrepied les prévisions les plus expertes, SM. Mohamed VI a beaucoup insisté sur le statut des femmes dans son pays, régi par un Code de la Famille et une réforme remontant à plus de 10 ans jugés insuffisants par nombre d’observateurs. « Désormais, il (ndlr : le Code de la Famille) ne suffit plus en tant que tel, a expliqué le monarque. L’expérience a en effet mis en évidence certains obstacles qui empêchent de parfaire la réforme initiée. » S’appuyant sur une réalité socio-économique majeure, Mohamed a poursuivi ainsi sa démonstration : « Quand les femmes accèdent pleinement à leurs droits, elles ne portent aucun préjudice aux hommes, pas plus qu’elles ne se font tort. De fait, la condition sine qua non pour que le Maroc continue de progresser est (…) qu’elles apportent leur concours efficient à toutes les filières de développement ». Rappelons, entre autres, que le Maroc est devenu une terre fertile pour les constructeurs automobiles.

Le Roi du Maroc, étant cependant pleinement conscient de sa position unique en Islam de Commandeur des croyants, a pris soin de rassurer le monde musulman quand à son attachement aux valeurs fondamentales de l’Islam, compatibles, selon lui, avec ses convictions « féministes ». « Je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le très Haut a autorisé, en particulier par des textes coraniques formels » a-t-il souligné.

Au final, un exercice d’équilibriste pour un Roi réformateur qui tient, par-dessus tout, à la cohésion du peuple marocain dans sa diversité sociale et religieuse.

 

 

 

 

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