Sa fortune est estimé à 358 milliards de dollars, en hausse par rapport au début du mois d’avril malgré les mauvaises performances de ses entreprises phares Tesla et SpaceX.
Il faut parfois savoir dissocier l’homme de sa fortune. Malgré les turbulences rencontrées, Elon Musk reste l’homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 358,5 milliards de dollars selon notre classement Forbes, en hausse par rapport au début du mois d’avril. Ses engagements ainsi que ses choix entrepreneuriaux contestables ont mis à mal certains de ses bébés, dont Tesla.
Longtemps symbole de l’innovation verte et de la disruption industrielle, le constructeur automobile traverse aujourd’hui une zone de fortes turbulences. Le premier trimestre de 2025 a été le pire depuis 2022 : les livraisons ont chuté à l’échelle mondiale, et en Europe, les ventes ont plongé de 38 %, laissant la place à Volkswagen en tête du marché des véhicules électriques. En France, la baisse atteint 36,8 %, une hémorragie expliquée à la fois par la montée en puissance du Chinois BYD — qui propose des véhicules deux fois moins chers et souvent plus avancés technologiquement — et par le désamour grandissant des consommateurs européens vis-à-vis d’un Musk perçu comme de plus en plus aligné avec les nationalismes populistes.
Le retard sur les nouvelles plateformes de véhicules, le vieillissement de certains modèles phares comme la Model 3, les promesses non tenues sur la conduite autonome, et une communication parfois erratique du patron n’arrangent rien. Les manifestations organisées devant les concessionnaires Tesla, notamment en Californie et en Allemagne, sont un signe : Musk n’est plus vu comme le héros du progrès, mais parfois comme une figure autoritaire et déconnectée.
Miser sur la diversification
Dans le ciel aussi, la trajectoire de Musk s’assombrit. Les trois derniers lancements de SpaceX se sont soldés par des échecs spectaculaires, avec des fusées Starship explosant avant d’atteindre l’orbite. Ces revers techniques interviennent alors même que l’entreprise multiplie les promesses autour du vol habité vers Mars et des futurs contrats avec la NASA.
Mais la grogne monte aussi sur le terrain environnemental. Située au Texas, la base de lancement de SpaceX est accusée d’impacter des zones naturelles protégées. Des ONG écologistes ont porté plainte, mettant en lumière le laxisme des autorités fédérales et l’opacité du processus d’évaluation environnementale. L’image de SpaceX comme entreprise “visionnaire” laisse peu à peu place à celle d’une firme brutale, prête à tout sacrifier à sa course vers les étoiles.
Face à ces défis, Musk mise sur la diversification, notamment avec xAI, sa startup spécialisée en intelligence artificielle. Sa nouvelle pépite dans l’intelligence artificielle, a pour objectif de concurrencer OpenAI (qu’il a cofondée avant de s’en éloigner) et DeepMind. Le but affiché : créer une intelligence artificielle “véritablement bénéfique à l’humanité”, mais aussi totalement indépendante des idéologies progressistes ou des géants technologiques de la Silicon Valley qu’il accuse de biais politiques. Il continue aussi à piloter Neuralink, qui a obtenu les autorisations nécessaires pour tester ses implants cérébraux sur l’humain, ainsi que The Boring Company, qui poursuit ses projets de tunnels urbains, bien que ceux-ci restent largement au stade expérimental ou très localisé.
Techno-populiste
Sur le plan purement personnel, Elon Musk est également en difficulté. Depuis son entrée au sein de l’administration Trump en tant que directeur du DOGE (Département de l’Efficacité Gouvernementale), il s’est mué en promoteur de l’austérité et de la rationalisation à outrance de l’État. Résultat : des vagues de licenciements dans la fonction publique, des suppressions de programmes sociaux, et des protestations massives dans plusieurs États démocrates.
Cette proximité avec le pouvoir républicain, ajoutée à ses interventions fréquentes sur X (ex-Twitter), où il n’hésite pas à soutenir des figures controversées comme l’AfD en Allemagne ou à attaquer de grands médias, a fragilisé ses entreprises à l’international. En Europe notamment, où les enjeux environnementaux et éthiques sont centraux, Musk est désormais perçu par une partie de l’opinion comme un oligarque techno-populiste. Un colosse, certes. Mais un colosse aux pieds d’argiles.
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