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Luxe français sous tension : LVMH et Kering misent sur le Made in USA et des changements de gouvernance

LVMH a vu son résultat net plonger de 22 % au premier semestre 2025. Kering a annoncé un bénéfice net en chute de 46 % sur la même période. Les deux groupes français misent sur un renouveau stratégique pour relever la tête face à une conjoncture mondiale morose.

 

Le secteur du luxe mondial n’est plus à la fête. Après avoir reculé pour la première fois depuis onze ans en 2024, la filière connaît une première moitié d’année difficile, plombée par un environnement économique incertain. Les trois champions français — LVMH, Hermès et Kering — pâtissent de ce ralentissement. Le résultat net du groupe dirigé par Bernard Arnault a plongé de 22 % au premier semestre, à la suite d’une baisse de 30 % de ses ventes, lesquelles s’élèvent à 40 milliards d’euros. La multinationale de François Pinault a, elle, enregistré un bénéfice net en chute de 46 % sur la même période, à 474 millions d’euros. Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de Kering a diminué de 16 %, à 7,6 milliards d’euros.

Dans le détail, LVMH a vu ses marques de mode et de maroquinerie — Louis Vuitton, Givenchy, Céline, Dior — perdre 8 % au cours du premier semestre. L’activité des marques de vins et spiritueux — Moët Hennessy — a également reculé de 7 %. Des chiffres qui confirment que le ralentissement touche l’ensemble des segments du luxe.


Chez Kering, le principal problème vient de sa marque italienne phare, Gucci. Au deuxième trimestre, Gucci a vu ses ventes reculer de 27 %, à 1,46 milliard d’euros. Les autres marques du groupe ne parviennent pas à redresser la barre : les ventes d’Yves Saint Laurent ont chuté de 11 %, à 1,29 milliard d’euros. Quant aux autres « maisons » du groupe, dont Balenciaga, leur chiffre d’affaires a baissé de 15 %, à 1,46 milliard d’euros.

 

Ouverture d’une usine aux États-Unis 

Les géants français du luxe sont confrontés à un recul de la consommation en Chine et au ralentissement économique des États-Unis, devenu en 2023 le premier marché mondial du secteur selon Bain & Company. La classe moyenne chinoise boude désormais de nombreux produits jugés trop chers. Alors que l’Union européenne et les États-Unis ont signé, dimanche 27 juillet, un accord imposant des droits de douane de 15 % sur les produits en provenance des Vingt-Sept, le secteur va devoir absorber ce choc pour préserver sa rentabilité.

Bernard Arnault a annoncé l’extension des capacités de production de Louis Vuitton aux États-Unis. La marque phare de LVMH prévoit ainsi l’ouverture d’un second atelier au Texas, où elle dispose déjà d’une usine de maroquinerie inaugurée en 2019 en présence de Donald Trump. L’ancien président américain entretient depuis longtemps de bonnes relations avec le patron du luxe français. Avec ce nouveau site, Louis Vuitton porterait à quatre le nombre de ses unités de production sur le sol américain.

« Pour nos clients américains, acheter un produit Louis Vuitton made in USA ne pose (…) aucun problème », a fait valoir Bernard Arnault dans un entretien accordé au Figaro.

 

Renouveau stratégique 

Mais cette stratégie, bien que symboliquement forte, ne suffira pas à elle seule à neutraliser l’impact de la conjoncture. LVMH a d’ailleurs précisé qu’il n’envisageait pas, pour l’heure, de compenser les tensions économiques par une hausse des prix. En parallèle, le groupe a annoncé début mai un plan de réduction des coûts comprenant la suppression de 1 200 postes au sein de sa division Moët Hennessy. Dans un contexte qu’il dit aborder « avec une grande vigilance », Bernard Arnault a également resserré les rangs en confiant des postes clés à deux de ses plus fidèles collaborateurs. À partir de début 2025, Jean-Jacques Guiony, ex-directeur financier du groupe, âgé de 63 ans, prendra la tête de Moët Hennessy en tant que PDG, aux côtés d’Alexandre Arnault, l’un des fils du fondateur, déjà en poste comme directeur général délégué de la division.

Chez Kering, l’heure est également au renouveau stratégique. Le groupe fondé par François Pinault place de grands espoirs dans l’arrivée de Luca de Meo, ancien patron de Renault, qui prendra ses fonctions à la mi-septembre. En prévision de cette transition, François Pinault devrait progressivement se mettre en retrait. Le groupe a fait savoir que des échanges sont déjà en cours avec le dirigeant italien pour définir les grandes orientations à venir. Contrairement à LVMH, Kering a d’ores et déjà ouvert la porte à une hausse des prix prévue à l’automne.

 


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