Rechercher

Loulou Khazen, podcasteuse et investisseure

La modernité de « Loulou » suinte de tous les pores de sa personnalité. La podcasteuse s’est confiée sur son parcours cabossé, mais inspirant.

Un article écrit par Yves Derai, à retrouver dans le numéro 31 du magazine Forbes.

 

Loulou Khazen a parcouru le monde. Née au Liban, elle a fait ses études en management hôtelier en Australie avant, à 22 ans, de se poser à Dubaï. Pourquoi là plutôt qu’en Europe ou aux États-Unis où elle aurait sans doute réussi à s’implanter ? « C’est ici que je me suis sentie le plus désirée, dit-elle. Ici, il y a la convergence culturelle et un pays qui ouvre les bras au reste du monde. » Quand elle est arrivée à Dubaï au début des années 2000, il y avait 2,5 millions d’habitants. Dix ans après, l’émirat en compte le double.


Forte de son cursus universitaire, elle commence à travailler dans le tourisme. Mais assez vite, elle se rend compte que pour une femme qui souhaite fonder une famille et garder du temps pour soi, les métiers de l’hôtellerie sont trop chronophages. Dans ce pays où « tout est possible », elle s’improvise coordinatrice de projet dans une filiale de Chrysler en charge de la commercialisation des véhicules. Puis cette touche-à-tout qui n’a pas peur de grand-chose se tourne vers l’immobilier, un secteur ultra dynamique à Dubaï. Jusqu’en 2008 où la crise des subprimes entraîne un violent coup d’arrêt dans le monde entier. Dubaï n’échappe pas au marasme.

Loin de s’effondrer, Loulou se dit à ce moment-là que le meilleur moyen d’avoir un travail est de se le donner. Elle crée son entreprise de conseils pour les start-up, Active M, avec une amie libanaise. « Pendant cette période, j’apprends beaucoup, se souvient-elle. J’ai accès à nombre de projets, business plans, etc. » À telle enseigne qu’elle décide, elle aussi, de lancer sa start-up, Nabbesh, une place de marché pour freelance. Huit ans après cette création, sa société compte quelque 110 000 adhérents et 15 000 entreprises clientes. « Mais c’était très difficile car ce métier n’existait pas à Dubaï, explique-t-elle. J’ai essayé de lever des fonds en vain. J’ai arrêté en 2020. »

La jeune femme qui a le goût du risque ne désarme pas. Riches d’expériences diverses, elle devient pionnière en podcast business à Dubaï grâce à « Conversation avec Loulou » qu’elle produit elle-même. Les entrepreneurs défilent à son micro pour se confier, lors d’un échange sympathique et informel. Cet outil innovant dont elle a eu l’idée pendant le Covid – une période finalement assez propice à la création – lui permet de développer son réseau grâce auquel elle constitue un groupe d’investisseurs, Spade Ventures. Ce dernier prend des tickets dans des start-up à Dubaï et ailleurs. Le succès de son podcast qui atteint les 500 000 auditeurs lui permet aussi de monétiser. Et les femmes dans tout ça ? « J’en parle souvent dans mes podcasts, dit-elle, mais je vais être franche avec vous, je ne peux pas faire du genre dans Spade Ventures. Mes investisseurs cherchent la rentabilité, pas la philanthropie. »

Son engagement en faveur de l’inclusion, elle le démontre lors de conférences très appréciées. Son itinéraire est inspirant. « J’ai grandi dans une famille traditionnelle où les femmes devaient choisir un bon mari et faire des enfants, pas du tout fonder des entreprises, confie-t-elle. Pour mon entourage au Liban, une femme enceinte qui crée sa boîte n’est pas une bonne mère. J’ai 43 ans aujourd’hui et je pense avoir démontré que c’était tout à fait possible. »

 


À lire également : D’assistante d’Elon Musk à investisseuse dans SpaceX : le parcours d’Elissa Butterfield

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC