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L’Oréal Luxe, le développement durable comme moteur d’innovation

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Directrice Développement Durable pour L’Oréal Luxe depuis 2017, Marie-Pia Schlumberger est chargée d’accompagner les 24 marques de luxe du Groupe L’Oréal dans leur transformation durable, dans le cadre du programme L’Oréal pour le Futur.

 

Marie-Pia Schlumberger débute sa carrière au sein des Directions Marketing de marques comme Armani Beauté et Viktor&Rolf, puis au Travel Retail. En 2017, convaincue que les enjeux RSE doivent être une priorité pour un acteur majeur de la beauté de Luxe, Marie-Pia Schlumberger propose la création de ce poste stratégique au sein de la Division. Elle accompagne les équipes dans cette transformation, avec pour mission de réinventer les codes de la beauté de luxe afin de la rendre plus durable.

 

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Aujourd’hui elle partage avec Forbes sa vision du développement durable comme moteur d’innovation et de disruption dans le secteur du Luxe. 

 

Comment un géant comme L’Oréal allie entrepreneurial spirit et développement durable ?

 

À l’origine de l’aventure entrepreneuriale L’Oréal, il y a l’innovation. L’innovation scientifique bien sûr, mais aussi dans la manière de produire, de vendre… L’innovation est ancrée dans l’ADN du Groupe et fait sa force depuis plus de 100 ans. C’est à la fois un état d’esprit et des savoir-faire qui aident à aborder des sujets complexes comme le développement durable en s’appuyant sur la science et la technologie et la pratique du test and learn. Un exemple concret : le partenariat entre Biotherm, une des marques de L’Oréal Luxe, et Carbios, qui a permis la réalisation en 2021 du premier produit de beauté au monde avec un flacon fabriqué en plastique issu du recyclage enzymatique, en pilote non-commercial.

La raison d’être du Groupe, « Créer la beauté qui fait avancer le monde » dit le lien entre innovation et développement durable. Faire avancer le monde aujourd’hui, c’est œuvrer, notamment en innovant, pour le rendre durable.

 

 

En quoi L’Oréal se positionne en tant que pionnier du développement durable ?

 

Le Groupe se distingue depuis plus de 10 ans par son approche scientifique, parce qu’on ne peut améliorer que ce qu’on sait mesurer. Au premier programme de transformation durable lancé en 2013 a succédé en 2020 un second, L’Oréal pour le Futur, qui va beaucoup plus loin en agissant simultanément sur trois piliers.

Le premier est de transformer nos activités dans le respect des limites planétaires définies par la communauté scientifique, ce qui se traduit par des engagements quantifiés de réduction d’impact sur quatre enjeux clés : le climat, l’eau, la biodiversité et les ressources naturelles.

Ensuite, parce que la transformation doit être systémique pour être véritablement durable, le deuxième pilier est d’associer tout l’écosystème du Groupe à notre transformation. Il s’agit donc d’embarquer nos fournisseurs, nos distributeurs, et aussi évidemment nos consommateurs.

Le dernier pilier est de contribuer à relever les grands défis planétaires, notamment à travers des fonds en faveur des femmes en situation de vulnérabilité, de la régénération des écosystèmes forestiers et marins, et de l’économie circulaire.

À chacun de ces piliers sont associés des objectifs à horizon 2025 et 2030, qui ont été fixés selon l’approche internationale Science-Based Targets (SBT). Par example, d’ici à 2030, nous innoverons pour permettre à nos consommateurs de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation de nos produits de 25 % en moyenne par produit fini. En 2022 nous sommes à -24%.

 

 

Comment se traduit le lien entre innovation et développement durable chez L’Oréal Luxe ?

 

D’abord par la conviction profonde que le développement durable est un formidable moteur d’innovation. Il nous permet d’innover sur toutes les dimensions du luxe : performance, efficacité, durabilité et désirabilité.

Concrètement, cela se traduit par de nouveaux matériaux, de nouvelles formes et textures qui nous permettent de proposer des objets à la fois éco-conçus et hautement désirables. En matière de packagings, traditionnellement beaucoup plus lourds dans le segment du luxe, nous avons une double approche : l’allègement bien sûr et la recharge. Après Armani MyWay en 2020, nous avons ainsi étendu les recharges à nos parfums best-sellers, dont Lancôme La Vie Est Belle ou Armani Acqua di Giò, nos soins iconiques, dont YSL Pure Shots, et certaines gammes de maquillage, notamment celles de Valentino et Prada.

Nous innovons aussi en retail : nous avons récemment lancé un mural de fontaines à parfum invitant les clients à venir recharger leur flacon directement en boutique. Aujourd’hui en test dans deux boutiques Sephora, elle sera déployée dans plusieurs points de vente

 

Nous innovons enfin sur le sourcing des ingrédients. Par exemple, le parfum Prada Paradoxe contient deux ingrédients innovants : l’Ambrofix™, issu de la canne à sucre au lieu de la sauge grâce à un nouveau processus de bioconversion qui permet d’utiliser 100 fois moins de surface agricole que la méthode traditionnelle, et Serenolide™, nouvelle molécule de musc renouvelable avec un pouvoir de diffusion parmi les plus puissants au monde. Au Maroc dans les jardins de l’Ourika, YSL Beauté allie préservation de la biodiversité grâce à l’agriculture régénérative et recherche en botanique sur de nouvelles essences.

 

 

Comment le pôle développement durable de L’Oréal Luxe emmène ses marques dans ces initiatives ? Quelles sont les prochaines étapes ?

 

D’abord, en accompagnant les 24 marques de L’Oréal Luxe à contribuer activement à L’Oréal pour le Futur. Toutes utilisent ainsi l’outil Groupe d’évaluation de l’impact environnemental et social sur tous leurs produits. Cet outil analyse 14 facteurs d’impact sur tout le cycle de vie d’un produit, transport et utilisation compris. L’amélioration du profil environnemental et social de tous les lancements fait partie des engagements Groupe : côté Luxe, nous affichions en 2022 un impact réduit sur 98% de nos produits neufs ou rénovés.

Au-delà de leur contribution à l’atteinte des engagements Groupe, chacune de nos marques incarne aussi la transformation durable avec sa propre identité. Ainsi, Yves Saint Laurent célébrait les femmes libres, ce qui a conduit YSL Beauté à s’engager dans la lutte contre les violences conjugales avec son programme « Aimer sans abuser ».

Ensuite, nous travaillons comme on l’a vu sur des enjeux spécifiques au luxe comme le packaging.

Les prochaines étapes sont le retail et le digital. Pour le retail, la division Luxe est pilote au sein du Groupe du déploiement du RetailEcoScore, outil qui permettra de mesurer, donc améliorer, l’empreinte environnementale de nos points de vente et matériaux promotionnels.

En matière de digital, nous travaillons activement pour rassembler toutes les données et mesurer son impact. Certaines marques, dont Valentino Beauté, travaillent à éco-concevoir leurs sites pour en réduire l’empreinte carbone.

 

 

En tant que géant de l’industrie, L’Oréal a une grande responsabilité en termes d’exemplarité pour les autres entreprises du secteur. Comment la division Luxe gère cette responsabilité ?

 

C’est bien parce que les grands groupes se doivent de montrer la voie que L’Oréal a fixé des objectifs 2030 très ambitieux. Cela conduit aussi à coopérer avec d’autres acteurs : le Groupe fait partie du Consortium EcoBeautyScore qui vise à développer une méthode d’évaluation et de notation de l’impact environnemental des produits pour tout le secteur des cosmétiques.

Quant à L’Oréal Luxe, notre responsabilité est de démontrer qu’il est possible d’allier luxe et durabilité. Les marques de luxe, ainsi que les personnalités qui les incarnent, ont une influence importante. Nous utilisons ce pouvoir d’influence pour rendre désirables de nouveaux rituels, comme le fait Emma Watson en promouvant la recharge de Prada Paradoxe. Notre rôle est de créer le luxe de demain, désirable et durable.  

 

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