Avec quatre Premiers ministres en l’espace d’une année, la politique française connaît une instabilité inédite, qui inquiète les chefs d’entreprise. Toujours perturbé par la dissolution de juin 2024, la majorité gouvernementale reste fragile et aucun cap clair ne se dessine. Le dernier épisode : la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre après la chute du centriste François Bayrou.
D’après la Grande consultation des entrepreneurs (CGE) menée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, près de 60% des chefs d’entreprise redoutent des répercussions sur la consommation des Français en raison de la situation politique actuelle. L’inquiétude est grande.
Une crise qui pèse sur la croissance tricolore
Depuis l’été 2024, période marquée par la dissolution anticipée de l’Assemblée nationale, l’incertitude politique s’accroît. 54 % des sondés estiment que cette instabilité pourrait peser négativement sur leurs entreprises, et 18 % affirment déjà ressentir cet effet.
L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime que la censure du budget fin 2024 a amputé la croissance tricolore de 0,3 point de PIB. Le pouvoir d’achat des Français, qui devrait connaître une amélioration de 0,3% en 2025, pourrait perdre 0,4% en 2026 dans ce contexte d’incertitude.
L’OFCE prévoit aussi une baisse de l’investissement des entreprises de 1 % en 2025 (après une contraction de 1,6 % en 2024). La moitié des dirigeants interrogés par la GCE anticipent que la crise politique pourrait amener leurs projets d’investissement à être gelés ou annulés.
Par ailleurs, 54 % des patrons jugent que l’attractivité de la France pâtit de cette instabilité aux yeux des investisseurs étrangers. In constat d’autant plus embarrassant pour une stratégie que Macron avait placée au cœur de sa politique (via notamment les sommets Choose France).
Les attentes des patrons vis-à-vis de Sébastien Lecornu
La récente nomination de Sébastien Lecornu en tant que Premier ministre s’inscrit donc dans un contexte politique et économique tendu. 77 % des patrons souhaitent une baisse des prélèvements. Le débat sur la taxe Zucman cristallise les attentes : Lecornu a déclaré le 26 septembre auprès du Parisien qu’il ne souhaitait pas imposer cette taxe sur les hauts patrimoines, la jugeant « pas la bonne réponse ». Il a également écarté la réinstauration de l’ISF, supprimé en 2018.
D’autres attentes importantes :
43 % des sondés espèrent une simplification administrative.
35 % attendent un soutien à l’emploi (et 39 % des patrons pensent que l’instabilité politique pourrait retarder voire annuler des embauches).
34 % souhaitent une réduction de la dette publique.
D’autres priorités citées : transition écologique (9 %), innovation (8 %), soutien à l’export (3 %).
Le nouveau chef du gouvernement, qui n’a pas encore dévoilé la composition de son cabinet, prépare déjà les orientations budgétaires pour 2026. Refusant un « budget d’austérité », il envisage un déficit de 4,7 % pour l’année prochaine, contre les 4,6 % estimés sous Bayrou. La question demeure : parviendra-t-il à calmer les inquiétudes persistantes des entrepreneurs ?
À lire également : Vers un management “orchestral” des talents ? – Forbes France

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