L’intelligence artificielle entraîne bel et bien une baisse de l’emploi aux États-Unis, révèle une vaste étude menée sur plusieurs années par des chercheurs de Stanford. Après avoir analysé les parcours de millions de travailleurs dans des milliers d’entreprises, ils constatent que les emplois les plus fragilisés sont les postes peu qualifiés, dans les secteurs où l’IA remplace les tâches humaines plutôt que de les compléter.
En d’autres termes, l’IA frappe d’abord les jeunes travailleurs.
« Depuis l’adoption massive de l’IA générative, les actifs en début de carrière, âgés de 22 à 25 ans, dans les professions les plus exposées à cette technologie, ont vu l’emploi reculer de 13 % en moyenne », observent les chercheurs de Stanford Erik Brynjolfsson, Bharat Chandar et Ruyu Chen dans l’introduction de leur étude.
Les métiers les plus touchés incluent notamment le développement logiciel et le service à la clientèle. Pour parvenir à ce constat, l’équipe s’est appuyée sur les données d’ADP, premier fournisseur de services de paie aux États-Unis, afin de suivre les tendances de l’emploi entre janvier 2021 et juillet 2025. Si l’emploi global a progressé sur la période, la dynamique s’est nettement essoufflée pour les jeunes travailleurs dès la fin de l’année 2022 — soit quelques semaines avant la mise en ligne publique de ChatGPT, en novembre 2022, qui a marqué le coup d’envoi d’une vague d’innovations en IA toujours en plein essor.
Les outils de développement propulsés par l’IA se sont multipliés : GitHub Copilot, Cursor, Replit, CodeGPT, Bolt ou encore Amazon Q Developer, sans compter les grands modèles comme ChatGPT ou Claude, désormais capables de générer du code. Du côté du service client, une simple recherche sur le comparateur de logiciels professionnels G2 avec le mot-clé « service client IA » fait apparaître plus de 1 800 solutions.
« La révolution de l’IA commence à avoir un impact significatif, et disproportionné, sur les jeunes actifs aux États-Unis », soulignent les chercheurs. Mais tout dépend de la façon dont ces technologies sont utilisées. L’étude révèle que la baisse d’emploi touche surtout les professions où l’IA remplace directement les tâches humaines. À l’inverse, dans les métiers où elle vient en appui, l’emploi des débutants se maintient, voire progresse. Un facteur clé : le taux d’amélioration des outils d’IA.
L’étude illustre la rapidité fulgurante des progrès : en 2023, les systèmes d’IA ne parvenaient à résoudre que 4,4 % des problèmes de codage sur une référence largement utilisée ; un an plus tard, ils en maîtrisaient déjà 71,7 %. Une amélioration vertigineuse.
Bonne nouvelle toutefois : lorsqu’elle vient en appui plutôt qu’en remplacement, l’IA n’entraîne pas de pression à la baisse sur les salaires. Certains métiers résistent d’ailleurs mieux que d’autres aux vagues d’automatisation. Il s’agit généralement de professions mobilisant des compétences difficilement imitables par la machine : soins aux personnes, activités physiques, interactions sociales ou encore créativité.
À l’inverse, les emplois d’exécution, fondés sur des règles ou des savoirs codifiés, se révèlent bien plus vulnérables. Et avec l’évolution accélérée des outils, difficile d’imaginer que l’IA ne viendra pas assumer toujours plus de tâches, et donc de métiers, dans les mois et années à venir.
Une contribution de John Koetsier pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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