Les secrets des leaders de la croissance et de la création de valeur

Pourquoi les entreprises à la croissance la plus rapide au monde — comme Nvidia, Microsoft ou e.l.f. Beauty — surperforment-elles l’indice S&P 500 ? Ce n’est ni une question de chance, ni de technologie, ni de stratégies trompeuses, contrairement à ce que pensent les sceptiques. C’est le résultat d’une réflexion radicale.

Les entreprises les plus rentables et à la croissance la plus soutenue — Apple, Nvidia, Microsoft ou Spotify — adoptent un mode de gestion bien plus dynamique que celui des grandes entreprises traditionnelles. Alors pourquoi, dans l’imaginaire collectif, l’entreprise continue-t-elle de se représenter comme une structure pyramidale figée, comme il y a plus d’un siècle (Figure 2) ?

Les logiciels classiques, comme la fonction SmartArt de PowerPoint, proposent des dizaines d’organigrammes… mais la plupart ne sont que des variantes de la même pyramide de boîtes. Même les ouvrages majeurs sur le monde des affaires — Humanocracy de Gary Hamel, A New Way To Think de Roger Martin ou Reinventing Organizations de Frédéric Laloux — fourmillent de principes sur la gestion moderne des entreprises. Pourtant, aucun ne fournit une image claire et mémorable de ce à quoi ces nouvelles organisations ressemblent vraiment. Résultat : rien ne vient remplacer la vieille pyramide de boîtes qui reste ancrée dans notre imaginaire.

Les principes fondamentaux des entreprises traditionnelles

Pour comprendre ce phénomène, il faut examiner de plus près les principes qui structurent les entreprises classiques et leur fameuse pyramide hiérarchique :

• L’objectif premier, explicite ou implicite, d’une entreprise est de générer des profits (Bechuk, 2022).
• Pour maintenir le personnel concentré sur cet objectif, les organisations reposent sur une hiérarchie de pouvoir (McKinsey, 2023).
• Afin de garantir l’efficacité de cette hiérarchie, des processus formels définissent la manière dont chaque aspect de l’entreprise est supervisé et contrôlé (Lee & Edmondson, 2017).

Avec ces principes profondément ancrés, est-il étonnant que l’image mentale d’une entreprise reste celle d’une pyramide de boîtes, dirigée depuis le sommet ?

Il n’est pas non plus surprenant que ces pyramides montrent de plus en plus leurs limites. Les enquêtes Gallup révèlent que l’engagement des employés stagne à des niveaux préoccupants dans le monde entier. La confiance des clients dans les dirigeants tourne autour de 30 % (PWC, 2024). La plupart des entreprises publiques peinent à obtenir sur cinq ans des rendements supérieurs à ceux du S&P 500. Et selon une étude McKinsey, seulement 27 % des entreprises américaines privilégient les rendements à long terme.

Comment sont gérées les entreprises à la croissance la plus rapide aujourd’hui

Aujourd’hui, nous disposons de solutions éprouvées que les entreprises les plus intelligentes ont déjà adoptées. À quoi ressemblent-elles ? Chaque entreprise reste unique, mais certains modèles clés se dégagent.

Avec l’avènement d’Internet, et désormais de l’IA, les capacités des entreprises se sont accrues, tandis que les clients ont gagné en influence. Les organisations les plus prospères sont celles qui ont embrassé des principes radicalement différents :

• L’objectif d’une entreprise est de créer et satisfaire ses clients, comme l’avait prédit Peter Drucker dès 1954 : « le seul objectif valable d’une entreprise ». Les profits deviennent alors un résultat, et non un objectif.
• Pour maintenir l’attention du personnel sur la satisfaction client, les dirigeants adoptent un état d’esprit adaptatif, favorisant engagement et innovation (Jun & Lee, 2023).
• Les processus commerciaux sont repensés pour garantir que l’objectif reste prioritaire et que les résultats attendus soient atteints (McKinsey, 2024).

Ces principes façonnent des réseaux de processus interactifs, conviviaux et extrêmement efficaces. L’interaction et l’effet multiplicateur de ces processus stimulent souvent une innovation florissante.

La nouvelle organisation des entreprises se traduit souvent par des rendements élevés

Sur dix ans, les rendements totaux de ces entreprises dépassent fréquemment celles de l’indice S&P 500 (SeekingAlpha, septembre 2025).

De nombreuses entreprises sont hybrides ou en transition

Lorsqu’on analyse les tendances de dizaines de milliers d’entreprises, il faut garder à l’esprit que chacune reste unique. Aucune grande organisation ne suit parfaitement une tendance ou une autre dans toutes ses activités : chaque entreprise évolue en permanence.

La plupart présentent des segments qui reflètent certaines tendances, et d’autres qui ne les reflètent pas. Ce qui compte, c’est l’équilibre. Une entreprise qui penche majoritairement vers une approche particulière adoptera souvent les caractéristiques associées. La situation change lorsque les entreprises passent d’un mode de gestion traditionnel à une approche centrée sur la création de valeur, ou inversement, lorsqu’elles régresseront.

Par exemple, le schéma ci-dessous illustre l’évolution de Microsoft à trois moments : 2011, 2014 et 2025. La situation diffère à chaque étape, et l’avenir reste partiellement incertain : la vision de Microsoft en matière d’IA est ambitieuse, mais à qui sera-t-elle prioritairement destinée ?

Nvidia est un autre exemple marquant : le PDG Jensen Huang compte environ 50 subordonnés directs, mais reste personnellement impliqué dans presque toutes les décisions de l’entreprise. Son approche pratique et exigeante s’accompagne d’une grande popularité (Business Insider, 2024).

En général, les entreprises qui appliquent ces principes de création de valeur surpassent celles qui se concentrent uniquement sur le profit, sans pour autant nuire à ces dernières. La leçon pour dirigeants, écoles de commerce, consultants et conseils d’administration est claire : abandonnez les idées obsolètes, adoptez les pratiques fondées sur les preuves. Les chemins menant à la création de valeur (ou au déclin) sont désormais limpides.

Une contribution de Steve Denning pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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