Bogota. Nairobi. Jakarta. Qu’est-ce que ces villes ont en commun ? Ce sont d’abord des puissances économiques en plein essor, mais aussi les futures figures de proue de la fintech, appelées à jouer un rôle majeur dans son évolution au cours des prochaines décennies.
Qu’est-ce qui nourrit cette dynamique ? Les petites et moyennes entreprises (PME). Dans les marchés émergents, ces PME forment des écosystèmes dynamiques qui stimulent l’emploi, l’innovation et la résilience locale.
Pendant longtemps, elles ont été reléguées au rang de clients secondaires dans la finance : trop complexes pour les outils grand public, trop petites pour les solutions d’entreprise. Mais la donne évolue. Une vague d’innovations fintech crée désormais des infrastructures taillées sur mesure pour répondre à leurs besoins, offrant aux PME des marchés émergents un potentiel immense.
Les PME ont besoin d’outils de gestion au niveau financier
Elles ne sont pas seulement le pilier des économies locales : ce sont aussi des moteurs agiles du marché mondial des logiciels. Leur adoption d’outils cloud s’accélère, portée par la recherche d’économies, de flexibilité et de solutions évolutives. Mais les défis restent nombreux : complexité réglementaire, tensions sur les chaînes d’approvisionnement, ou encore préoccupations croissantes autour de la cybersécurité.
Beaucoup de PME fonctionnent sans directeur financier, ni réel appui comptable. En Amérique latine et dans les Caraïbes, elles représentent 99,5 % des entreprises et emploient 60 % de la population active, mais ne génèrent que 20 % du PIB. Un écart qui reflète le manque d’infrastructures financières et de ressources pour accompagner leur croissance. Des outils capables de simplifier les prévisions et d’éclairer la prise de décision pourraient changer la donne, en aidant les entrepreneurs à anticiper, pivoter et se développer sereinement.
Le dernier lancement de produits de Visa dédiés aux PME illustre clairement les besoins urgents des petites entreprises en matière de visibilité financière. Prévisions de trésorerie en temps réel, classement automatique des dépenses, alertes sur la santé financière : autant de fonctionnalités accessibles depuis un tableau de bord intuitif, qui peuvent profondément transformer leur gestion au quotidien. Visa cible en particulier les marchés émergents d’Asie et d’Amérique latine.
Ce type d’outil permet de combler un déficit crucial de ressources. Il donne aux PME un niveau d’analyse et d’anticipation longtemps réservé aux grandes entreprises dotées de services financiers structurés. Dans un écosystème où les solutions open source séduisent les budgets serrés, fintechs et acteurs historiques devront redoubler d’efforts pour proposer des outils sécurisés, adaptés et simples à intégrer.
Les PME ont besoin d’une intégration plus fluide
Ouvrir un compte professionnel ou solliciter un prêt reste, pour beaucoup de petites entreprises, un parcours semé d’embûches : lourdeurs administratives, délais flous, processus opaques… Résultat, un déficit de financement mondial estimé à 5 200 milliards de dollars, qui illustre à quel point les PME restent mal servies par les circuits bancaires traditionnels.
Fintechs émergentes et acteurs établis s’emploient à réduire cet écart. Visa, par exemple, propose de nouveaux outils d’infrastructure permettant aux banques et fintechs de vérifier, d’évaluer et d’intégrer rapidement les PME, sans aller-retours interminables. L’idée : faire de l’accès au financement une expérience aussi simple qu’un abonnement – et non une épreuve comparable à une demande de prêt immobilier.
Ce progrès est particulièrement crucial dans les zones où l’infrastructure classique est déficiente. Dans de nombreux marchés émergents, des entrepreneurs gèrent leur activité via WhatsApp, des solutions de paiement mobile ou une vitrine Shopify. Ils ne devraient pas être exclus du système bancaire formel simplement parce que celui-ci n’a pas été pensé pour eux.
Les PME ont besoin de plus qu’un simple service de paiement
L’un des effets les plus inattendus du regain d’intérêt pour les solutions fintech destinées aux PME est sans doute la réduction de l’écart d’innovation entre les géants historiques et les jeunes pousses. Longtemps, le monde du capital-risque a considéré que les start-ups, malgré des ressources limitées, compensaient par leur agilité et la rapidité de leurs cycles de développement.
Mais les dernières annonces de produits, notamment chez Visa, viennent bousculer ce postulat. L’innovation ne repose plus uniquement sur les épaules des start-ups. Les grandes entreprises technologiques et financières mobilisent désormais pleinement leurs ressources – données, clients, capital – pour créer des solutions de pointe, parfois à un rythme égal, voire supérieur. Certaines vont même plus loin : Visa a investi dans Moniepoint et Stripe a racheté Paystack, deux fintechs emblématiques.
Cette dynamique s’accompagne d’un avantage de taille : les acteurs établis peuvent s’appuyer sur leurs canaux de distribution existants pour diffuser massivement leurs innovations. Loin de freiner l’élan entrepreneurial, cette convergence entre grandes entreprises et jeunes acteurs crée un écosystème fertile où tous repoussent ensemble les frontières de la fintech au service des PME.
Longtemps délaissées, les PME s’imposent enfin dans la fintech
Dans le monde post-Covid-19, les petites et moyennes entreprises sont devenues des moteurs économiques incontournables. Pourtant, elles ont longtemps été privées d’outils pensés pour leurs besoins concrets. Cela est en train de changer.
La prochaine grande avancée de la fintech ne résidera pas dans le lancement d’une nouvelle carte bancaire au design soigné, mais dans le développement d’infrastructures capables de soutenir les PME dans leur croissance, leurs recrutements et la consolidation de leur activité.
Les PME ne forment pas une simple catégorie de clients : elles sont la colonne vertébrale des économies mondiales. Et elles commencent enfin à bénéficier d’outils fintech à la hauteur de leur rôle.
Une contribution de Ilona Limonta-Volkova pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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