En dix ans, Lena Mahfouf a transformé ses rêves d’adolescente en une réalité éclatante. Celle que l’on connaît sous le pseudonyme de Lena Situations est devenue l’une des voix incontournables d’une génération connectée, libre et ambitieuse. Première influenceuse française invitée au Met Gala, entrée au musée Grévin et présentatrice aux Oscars, elle franchit les étapes à vitesse grand V. Derrière le phénomène de société, se révèle une entrepreneuse déterminée.
Un article issu du numéro 30 – printemps 2025, de Forbes France
Son prénom suffit à susciter l’engouement. Aux abords des défilés parisiens, dans les salles de concert, dans la rue, à chaque apparition, Lena déclenche une euphorie digne des plus grandes stars. À peine descend-elle d’une voiture que les foules s’amassent, les flashs crépitent, les voix s’élèvent. Pourtant, il fut un temps pas si lointain où Lena Mahfouf était de l’autre côté de la barrière, noyée dans la foule, tenant son appareil photo à bout de bras pour capturer quelques instants volés d’un monde qui lui semblait alors inaccessible. Désormais, elle immortalise Kim Kardashian au Kodak sur le tapis du Met Gala, partage avec complicité un tour de bus londonien aux côtés de Billie Eilish, et échange sur les nouvelles tendances mode avec Anna Wintour dans l’intimité chaleureuse de son désormais célèbre podcast.
Mais derrière l’effervescence, une constante demeure : un sourire sincère, une énergie lumineuse, une détermination implacable. Lena Mahfouf sait où elle va et rien ne semble pouvoir entraver son ascension.
Devenue incontournable, Lena réunit plus de 11 millions d’abonnés répartis entre Instagram, YouTube et TikTok. En deux ans seulement, l’impact médiatique de sa visibilité a explosé, passant subtilement de 4 à plus de 60 millions d’euros, faisant d’elle l’influenceuse française la plus bankable, selon Launchmetrics. Ces chiffres dessinent une communauté fidèle et engagée, toujours au rendez-vous dans les pop-up stores éphémères de sa marque de vêtements Hôtel Mahfouf, ou fidèle à son podcast « Canapé six places », devenu le rendez-vous privilégié de milliers de personnes.
Youtubeuse et blogueuse à ses débuts, Lena Mahfouf est aujourd’hui bien plus qu’une simple créatrice de contenu : elle est une experte du digital, une conteuse d’histoires modernes, un porte-parole du savoir-faire pour les maisons les plus prestigieuses et un accélérateur de notoriété pour de jeunes marques. Véritable couteau suisse de l’industrie, elle endosse mille visages avec une aisance déconcertante : voix off, présentatrice, influenceuse, entrepreneure, podcasteuse et créatrice de mode.
Dans chaque projet, chaque initiative, elle tisse un fil rouge invisible mais indéniable : celui d’une ambition assumée, d’une vision moderne et d’un lien inébranlable avec sa communauté. À l’ombre de sa caméra de Vlog, on décèle une Lena plus discrète, professionnelle, une femme d’affaires aguerrie qui gère plusieurs sociétés, emploie des centaines de personnes, conçoit des foules de collaborations et de projets.
Plus secret encore, Lena accompagne en marque blanche – comme elle aime le préciser – de grandes maisons dans leur direction artistique, conseille avec finesse des talents sur leur personal branding, et guide des marques influentes dans leurs stratégies de communication. Son influence dépasse les écrans. Elle se tisse dans l’industrie elle-même, dans les coulisses de décisions stratégiques où son expertise est devenue précieuse.
Elle, qui, à l’école, esquivait les additions, boudait les soustractions, fuyait les tables de multiplication, invente aujourd’hui sa propre équation : « +=+ » (le positif attire le positif) : plus elle ose rêver, plus elle accomplit. Et si son emploi du temps déborde, Lena, le temps d’une interview, a quitté son canapé rose pour celui de Forbes, afin de revenir sur cette success-story hors du commun et sur tous ces rêves qui font briller son regard tourné vers l’avenir.

Forbes France : Quand on vous découvre aujourd’hui, on imagine que tout est allé très vite. Comment tout cela a-t-il commencé ?
LENA MAHFOUF : Tout a commencé par un blog. J’écrivais après les cours, sans me poser de questions, juste pour partager ce que j’aimais. C’est mon petit frère qui m’a dit un jour : « Tu devrais faire des vidéos sur YouTube. » Je me suis lancée, sans matériel pro, mais avec cette envie sincère de raconter. J’avais cette passion du contenu, du montage, de la narration. C’était de l’expérimentation pure, et c’est ce qui m’a formée. Je me suis cherchée, j’ai testé plein de formats, plein de choses. Mais à chaque fois, je me disais : « Fais-le, et tu verras bien. »
Vous dites souvent que vous n’aviez rien à perdre. Aujourd’hui, vous avez tout gagné. Vous imaginiez-vous à ce niveau de reconnaissance et d’influence ?
L.M. : Honnêtement, non. Quand j’ai commencé, je postais tous les jours sur mon blog. Je faisais des vidéos vues par cinq personnes, mais j’adorais ça. J’ai avancé à l’instinct, il n’y avait pas de plan de carrière, ce n’était pas stratégique, c’était sincère. Je n’avais rien à perdre… et tout à rêver.
Comment expliquez-vous cet engouement ?
L.M. : Je suis arrivée au moment où la première vague avait déjà explosé. YouTube était structuré, les créateurs avaient des millions d’abonnés. J’ai vite compris que je ne pouvais pas me comparer. J’avais envie de parler de mode, de lifestyle, de mes journées. Et je me suis dit : « Sois toi, même si ça prend du temps. » Et ça a pris du temps, j’ai fait des vidéos pendant trois ans avant qu’elles ne soient regardées. Mais ça a fonctionné parce que je suis arrivée au bon endroit, au bon moment, que j’étais une fille normale qui embarquait les gens dans son univers, que c’était vrai, tout simplement.
Vous êtes désormais une référence dans un milieu très codifié, celui de la mode. Comment avez-vous trouvé votre place ?
L.M. : Je crois que c’est en étant exactement ce que les autres ne sont pas, parce que je sais ce que ça fait d’être de l’autre côté de la barrière, celle qui veut prendre des selfies avec les stars. J’ai toujours voulu que ce soit accessible. Si je peux être ce pont entre l’industrie et le public, alors, je suis à la bonne place.
Quelle est votre vision de la mode aujourd’hui ?
L.M. : La mode est un art, mais elle a longtemps été inaccessible. Ce qui me passionne, ce sont les coulisses : les ateliers, les couturières, les idées qui prennent vie. Je veux rendre tout ça visible, partager la beauté du processus. On ne parle pas assez des mains derrière les créations, et c’est pour elles aussi que je suis là.
On connaît Lena la créatrice, la podcasteuse, l’influenceuse… Mais concrètement, quelles sont vos activités ?
L.M. : C’est vrai qu’il y a beaucoup de facettes. Je produis du contenu pour mes plateformes, je dirige ma marque Hôtel Mahfouf, je développe le podcast « Canapé six places », je fais du consulting créatif pour des maisons de mode ou des marques, souvent en marque blanche, et je travaille aussi sur des projets plus événementiels. Et derrière tout ça, il y a une équipe, des budgets, des contrats, des négociations, des deadlines… Je touche à tout, mais toujours avec une vision globale.
Vous êtes donc cheffe d’entreprise à part entière. Qu’est-ce que cela signifie au quotidien ?
L.M. : C’est un vrai rôle, très concret. Être cheffe d’entreprise, ce n’est pas juste avoir son nom sur une société, c’est prendre des décisions difficiles, créer des emplois, gérer des équipes, porter une vision. J’apprends encore chaque jour. Mais ce que j’aime, c’est qu’il n’y a pas de routine. Chaque journée est différente, chaque projet est un nouveau défi. Et j’essaie de garder cette énergie du début, même dans la complexité. Heureusement, je suis très bien entourée. J’ai la chance d’être accompagnée par une équipe solide, passionnée, qui se dépasse jour après jour pour donner vie à nos idées et faire grandir chaque projet.
Beaucoup vous perçoivent comme une businesswoman…
L.M. : Ça m’a longtemps angoissée, ce mot. Je l’associais à quelque chose de froid, de distant. Mais aujourd’hui, je me le suis approprié. Être une femme d’affaires, pour moi, c’est créer du lien, donner du sens, savoir prendre des décisions. J’ai planté des graines un peu partout et un jour, tout a fleuri. Il a fallu apprendre à gérer, à structurer. Mais je ne perds jamais de vue que tout part d’une histoire à raconter. Que ce soit une vidéo, un podcast ou une campagne, si l’histoire est forte, le reste suivra.

Vous affirmez avoir appris à dire non. C’est souvent un tournant dans un parcours entrepreneurial.
L.M. : Oh oui ! Pendant longtemps, j’ai dit oui à tout. Par peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur. Et puis j’ai compris que dire non, c’est aussi se respecter. Aujourd’hui, j’entre dans une salle de réunion, je mets mon petit blazer et je dis : « Ça, je ne suis pas d’accord. » Et je le dis avec le sourire. C’est un apprentissage. Il y a une force dans l’affirmation douce. Et je veux être ce genre de leader.
Vous savez aussi saisir l’opportunité quand elle se présente ?
L.M. : Alors ça, vous pouvez compter sur moi. Quand je sens qu’il y a une opportunité, je la saisis. Et si je sens qu’il n’y a pas l’opportunité que je souhaite, je vais la créer !
Selon Launchmetrics, vous êtes aujourd’hui l’influenceuse française la plus « bankable ». Qu’est-ce que ce genre de reconnaissance représente pour vous ?
L.M. : C’est évidemment flatteur, mais ce n’est pas ce que je mets en premier. Ce que je retiens surtout, c’est que ça reflète une relation de confiance avec ma communauté, et une cohérence dans les projets que je choisis. Pour moi, le mot « bankable » n’est pas qu’une question d’argent, c’est une question de fiabilité. Bien évidemment, il y a des enjeux de rentabilité, médiatiques ou financiers pour les marques ; mais au-delà de cet aspect, si une marque me fait confiance, c’est parce qu’elle sait que je vais porter le projet avec sincérité, que je vais y mettre du sens. Et si les gens suivent, c’est parce qu’ils savent que je suis alignée. C’est ça, pour moi, la vraie valeur.

On parle beaucoup de ce que gagnent ou de ce que rapportent les créateurs de contenus, on parle moins de ce qu’ils investissent…
L.M. : Ah ça ! Quand j’ai lancé Hôtel Mahfouf, j’ai investi 500 000 euros en fonds propres. C’est bien plus qu’une marque de vêtements et de produits lifestyle, c’est un concept store éphémère pensé comme un lieu de vie, un espace chaleureux où les gens peuvent se retrouver, partager un moment, boire un café. J’ai investi dans ma marque avant même d’acheter un appartement. C’était risqué, mais j’y croyais, et quand je vois que ça réunit autant de personnes, je me dis que c’était un bon investissement.
Hôtel Mahfouf est un vrai phénomène.
L.M. : C’est mon terrain de jeu. Chaque collection ouvre une nouvelle « pièce » de l’hôtel. Mais mon rêve, c’est d’avoir un vrai hôtel, un lieu à moi où les gens pourraient venir, se retrouver, créer des souvenirs. C’est un rêve un peu fou, mais il m’anime. Et chaque projet, chaque collection est une marche vers cet objectif plus grand. J’y mets du cœur, du sens. Et je crois que les gens le ressentent. Mais avant ce beau projet d’hôtel, on en a un autre qui arrive : ouvrir un énorme pop-up store au BHV sur plusieurs étages. J’adore ce magasin.
Vous êtes aussi très lucide sur l’impact des réseaux sociaux. Comment réagissez-vous face aux manifestations de haine ?
L.M. : Oui, je suis lucide parce qu’on ne peut pas faire semblant. Les réseaux sociaux, c’est beaucoup d’amour mais c’est aussi beaucoup de haine. On peut dire plein de choses sur moi, mais il y a une chose qu’on ne peut pas dire, c’est que je ne suis pas résiliente. Parce que j’ai vu tout passer, j’ai pu tout lire à mon égard. Et en fait, à un moment, tu finis par faire le deuil de vouloir plaire à tout le monde, tu t’anesthésies. Ça ne te touche plus. Mais ce n’est pas positif. Ce qui m’inquiète, c’est de savoir qu’il y a des jeunes qui reçoivent, lisent des messages de haine et n’ont pas encore les épaules pour les encaisser. Il faut que l’on parle de ça, sans détour. Ce n’est pas normal, ce n’est pas « le jeu », vous n’avez pas à subir du cyberharcèlement.
Votre mantra, « +=+ », c’est un peu la synthèse de tout ça ?
L.M. : Exactement. Le positif attire le positif. C’est né d’un moment dur, une journée compliquée. Avec ma meilleure amie, on a décidé de se concentrer sur ce qu’il y avait de beau. Et c’est resté. C’est un moteur. C’est naïf, peut-être, mais c’est puissant. Ça rassemble, ça donne de l’élan. C’est mon rappel quotidien que même dans les tempêtes, il y a un coin de ciel bleu à chercher.

Et la suite ? Quel est le prochain rêve ?
L.M. : Je n’ai réalisé que 10 % de mes rêves, j’ai encore 90 % des choses à faire ! J’aimerais monter une agence d’événementiel, continuer le consulting, et peut-être, un jour, ouvrir ce petit hôtel dans lequel il y aurait un fleuriste. Mais surtout, j’aimerais que ce que je fais continue de procurer du plaisir aux gens. C’est ma plus belle réussite. Si les gens sortent d’un podcast, d’une vidéo ou d’une expérience Hôtel Mahfouf avec le sourire, alors j’ai réussi. C’est ça, mon vrai luxe.
Photos : Kenza Le Bas
Coiffure : Clothilde Laisné
Remerciements à L’Oréal Paris Kerastase
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