Les Français épargnent davantage que leurs voisins européens et, selon le gouvernement, consomment insuffisamment. Un phénomène qui complique les efforts de redressement des finances publiques.
Ce qu’il faut retenir
Le taux d’épargne des Français a atteint un sommet inédit depuis 45 ans (hors crise sanitaire), s’établissant à 18,8 % au premier trimestre 2025, selon l’Insee. Cette dynamique est perçue avec une certaine inquiétude par le gouvernement, qui mise sur la consommation pour soutenir la croissance. Or, cette dernière reste en berne.
Dans le document de présentation accompagnant l’allocution de François Bayrou sur le budget 2026 ce mardi, l’exécutif a néanmoins tempéré son analyse, estimant que la hausse de l’épargne « pourrait laisser place à une reprise de la consommation ».
En comparaison, le taux d’épargne des ménages en zone euro se situe autour de 13 à 14 %, selon les dernières données d’Eurostat.
Pourquoi c’est important à suivre
Pour les économistes de la Banque de France, cette montée de l’épargne s’explique notamment par la rétention des intérêts générés sur les produits d’épargne dans un contexte de taux élevés. Les retraités, en particulier, préfèrent conserver ce complément de revenu plutôt que le consommer.
« Le rendement réel de l’épargne réglementée est redevenu attractif depuis la hausse de l’inflation et des taux directeurs », résume un économiste du Cercle de l’Épargne dans une note publiée en juin 2025.
Le climat d’incertitude géopolitique, tant en France qu’à l’international, contribue aussi à renforcer ce comportement prudent des ménages.
Citation principale
« Il y a un contexte d’incertitude qui renforce les comportements attentistes des ménages », a observé François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, ce jeudi, lors de la présentation du rapport annuel sur l’épargne réglementée.
Le chiffre à retenir : 15 %
Le gouvernement envisage à moyen terme de faire retomber le taux d’épargne à son niveau d’avant-Covid, soit sous la barre des 15 %. Mais cela pourrait passer par une diminution du rendement de certains produits populaires comme le Livret A, une perspective potentiellement impopulaire.
À surveiller
L’Insee souligne que la faiblesse de la consommation des ménages tient surtout à des contraintes budgétaires croissantes. L’inflation sur les biens de consommation courante, notamment l’alimentation et l’énergie, reste élevée en 2025.
Malgré cela, le Ministère de l’Économie et la Banque de France mettent en avant le besoin d’orienter une partie de l’épargne vers des placements plus risqués, mais utiles au financement de l’économie productive, comme les actions ou les fonds d’investissement à long terme.
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