Dans les tuyaux depuis une vingtaine d’années, le partenariat commercial entre l’Union européenne et l’Amérique latine a été validé du côté de Bruxelles. La France, jusqu’ici opposé au traité, se montre ouverte aux négociations si des mécanismes de protections « robustes » étaient mis en place.
Ce qu’il faut retenir
La Commission européenne a donné son feu vert au texte de l’accord controversé de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, marquant une étape clé dans un processus qui dure depuis plus de vingt ans. Ce partenariat doit encore être ratifié par les Vingt-Sept et le Parlement européen, mais Bruxelles tente déjà de rassurer les opinions publiques, notamment françaises, en promettant des mécanismes de protection « robustes » pour les filières agricoles sensibles.
Pourquoi c’est important à suivre
Ce traité pourrait bouleverser l’équilibre économique et commercial entre l’Europe et l’Amérique latine. L’UE y voit un levier pour renforcer sa compétitivité industrielle et élargir ses débouchés dans les secteurs de l’automobile, de la mécanique ou encore des spiritueux. Mais pour les agriculteurs européens, la crainte est de voir affluer des produits sud-américains – viande, sucre, soja, riz – produits à moindre coût et soumis à des normes environnementales ou sanitaires moins strictes que celles de l’UE. Le risque de dumping est au cœur du débat.
Citation principale
« Nous continuons à diversifier nos échanges, à renforcer de nouveaux partenariats et à créer de nouvelles opportunités commerciales », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
Le chiffre à retenir : 4 milliards d’euros
C’est le montant d’économies annuelles attendues en droits de douane pour les exportateurs européens.
À surveiller
Depuis la fin des négociations en décembre, la colère du monde agricole européen ne faiblit pas. Le COPA-Cogeca, principale organisation représentative du secteur, accuse la Commission européenne d’avoir imposé « un passage en force politique » jugé « lourd de conséquences négatives ». De son côté, la FNSEA, premier syndicat agricole français, a promis de maintenir la pression et appelle directement Emmanuel Macron à intervenir. Dans ce contexte, une manifestation d’agriculteurs est prévue ce jeudi à Bruxelles.
Le calendrier est également stratégique : Bruxelles veut une adoption rapide, avant fin 2025, profitant de la présidence du Mercosur par Lula, alors que la politique intérieure française est fragilisée par un vote de confiance décisif. En effet, la France a posé des lignes rouges claires : une clause de sauvegarde doit pouvoir être activée par un seul pays, et de manière provisoire avant toute décision définitive. .
Du côté des oppositions, la ligne choisie par la France suscite de vives réactions alors qu’Emmanuel Macron avait déclarait que « la France ne signera pas » le traité de libre échanges, en novembre dernier. Le Rassemblement national a dénoncé une « trahison » tandis que la France insoumise demande « mobilisation générale » contre le traité.

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