Les deux plus grandes plateformes européennes de vente directe entre agriculteurs et consommateurs se sont serré la main. La Ruche Qui Dit Oui !, créée en 2011, a officialisé son acquisition par CrowdFarming, société espagnole qui permet aux producteurs de vendre et d’expédier leurs produits directement aux consommateurs tout en supprimant les intermédiaires.
Les deux entreprises représentent à elles deux près de 10 000 producteurs et 1,5 million de consommateurs répartis dans plus de 30 pays. Le rachat de La Ruche Qui Dit Oui ! par CrowdFarming symbolise un pas de plus vers la consolidation d’une alternative crédible face aux grandes chaînes de distribution. Engagées dans un système fondé sur la transparence, la traçabilité et la juste rémunération des producteurs, elles visent une transition vers une agriculture biologique, régénérative et durable, conforme aux standards européens les plus récents.
Un rachat qui promet une meilleure offre
Les utilisateurs de La Ruche Qui Dit Oui ! peuvent être rassurés : la plateforme française de vente directe entre agriculteurs et particuliers continuera d’opérer comme avant, malgré son rachat. Mieux encore, ils bénéficieront d’une offre de produits élargie. Grâce au savoir-faire logistique de CrowdFarming, les particuliers pourront désormais acquérir des produits issus d’autres pays comme l’Espagne, l’Italie ou des régions françaises plus reculées, ouvrant la voie à une approche « glocale » : locale dans l’esprit, mais européenne dans la portée.
« La Ruche Qui Dit Oui ! ne disparaît pas et CrowdFarming non plus, précise Philippe Crozet, CEO de la Ruche. Les deux modèles vont coexister, même si à terme, nous devrions avoir une plateforme commune où on pourra trouver tous les services. Nous créons des ponts entre ces deux modèles pour les améliorer. »
Du côté des producteurs, quelques ajustements sont également prévus. Ils pourront désormais bénéficier des outils numériques et logistiques développés par CrowdFarming, afin de se décharger de certaines lourdeurs administratives ou opérationnelles rencontrées jusque-là sur La Ruche. L’objectif : leur permettre de se concentrer davantage sur la production et la qualité, tout en réduisant les coûts liés à la distribution. Pour accompagner cette extension, CrowdFarming et La Ruche comptent recruter de nouveaux producteurs à travers l’Europe.
Vers une alternative crédible à la grande distribution
Portées par les valeurs du circuit court et des produits locaux, La Ruche et CrowdFarming concluent une fusion stratégique pour concurrencer la grande distribution.
« C’est un modèle qui a connu un certain nombre de dérives et qui n’est pas celui que nous défendons aujourd’hui. Il reste néanmoins le modèle majoritaire, rapporte Philippe Crozet. On a perdu toute transparence : on ne sait plus où sont faits nos produits, ce qu’on mange, ce qu’il y a dedans… Il y a des scandales alimentaires toutes les semaines en ce moment, aucune transparence, les producteurs et productrices ne sont pas rémunérés à leur juste valeur… Sortir de ce système pour retourner vers la qualité et la transparence sont des valeurs partagées par la Ruche et CrowdFarming. »
L’objectif est de tendre vers une nouvelle génération d’agriculture durable, étiquetable, régénérative et sans intermédiaire.
« Nous aimerions bien que dans cinq ans et plus, n’importe qui en Europe puisse se fournir directement auprès de producteurs, dans la plupart des cas bios, ajoute le CEO de la Ruche. Il faut que cela devienne un canal de distribution aussi répandu que la grande distribution. »
Allier la logistique de CrowdFarming avec le réseau des quelque 800 ruches déployées par La Ruche Qui Dit Oui ! dans sept pays – principalement la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Italie et les Pays-Bas – pourrait accélérer cette dynamique. Philippe Crozet ambitionne même l’ouverture de nouvelles ruches dans les années à venir afin de renforcer le maillage territorial parfois épars dans les pays déjà conquis par la société.
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