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La nouvelle réglementation française sur les jets privés pourrait nuire au tourisme

jets privésSource : Getty Images

Après deux années de restrictions sanitaires en France, les jets privés sont de retour. Leurs passagers prennent d’assaut les hôtels de luxe parisiens, louent des villas ainsi que des yachts sur la Côte d’Azur et dépensent des millions d’euros en shopping, dîners et autres divertissements.

 

Selon Virtuoso, un réseau de conseillers en voyages de luxe, la France figure parmi les cinq premières destinations pour les voyages en automne et en hiver. De nombreux touristes arrivent dans l’hexagone en jet privé. D’après les données de WingX et d’Eurocontrol, les aéroports du Bourget (Paris) et de Nice sont les deux aéroports européens les plus fréquentés par les jets privés en juillet. L’aéroport de Cannes-Mandelieu arrive en 15e position. En outre, les pertes économiques liées à la diminution du nombre de touristes russes sur la Côte d’Azur ne semblent pas avoir eu de répercussions sur les gains réalisés cet été.

Parallèlement, un responsable du gouvernement français affirme que le gouvernement prévoit de faire pression sur les autres membres de l’UE afin de mettre en œuvre de nouvelles réglementations et d’éventuelles restrictions pour les jets privés. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré au journal Le Parisien : « Je pense qu’on doit agir et réguler les vols en jet privé ». Le ministre ajoute toutefois : « Nous sommes, bien sûr, loin de l’interdiction pure et simple préconisée […] par le patron d’EELV Julien Bayou ». Clément Beaune a déclaré qu’il proposerait des actions lors d’une prochaine réunion des ministres européens des Transports.

Selon un porte-parole du gouvernement, « on peut comprendre que les Français qui réduisent leur consommation d’énergie puissent être offensés lorsque certains de leurs concitoyens utilisent un jet privé pour se déplacer d’un endroit à l’autre, même si dans la plupart des cas, les jets privés sont utilisés pour les voyages d’affaires. »

D’après le Financial Times, le ministre des Transports semble s’intéresser particulièrement aux voyages d’agrément. « S’il peut y avoir des voyages d’affaires urgents, les vols en jets privés ne pourraient pas être pris juste pour le confort étant donné les efforts demandés à la population », explique le Financial Times.

Robert Baltus, directeur de l’exploitation au sein de l’Association européenne de l’aviation d’affaires, a déclaré à Corporate Jet Investor : « Il est très regrettable que le ministre [français des Transports] choisisse la voie la plus facile en blâmant les PDG qui maintiennent la France et l’Union européenne à flot. [L’aviation d’affaires est] le segment de l’industrie aéronautique qui permet aux économies de rayonner et aux régions éloignées d’être reliées, sans parler de toutes les opérations médicales et d’urgence qui sont réalisées grâce aux avions d’affaires ». Selon lui, « intimider le plus petit segment du secteur de l’aviation, qui représente 0,04 % des émissions mondiales de CO2, car c’est une cible facile et que la foule exige un sacrifice, ne résoudra rien… Au contraire, cela détériorera davantage les économies européennes et la vie des citoyens que nous servons et employons. »

Dans une autre déclaration, Robert Baltus a ajouté que « si le ministre [français des Transports] était sérieux quant à l’amélioration de l’empreinte de l’aviation, il concentrerait son intention sur l’introduction de l’initiative du ciel unique européen (SES) qui réduira de 10 % toutes les émissions de l’aviation en Europe. Cependant, la France est l’État membre qui bloque principalement l’introduction de cette initiative depuis près de 20 ans, car les ministres français ont peur des syndicats français. Réfléchissons à cela. Jusqu’à 10 % du CO2 émis par tous les vols en Europe au cours des 20 dernières années a été gaspillé en carburant, car ce ministre et ses prédécesseurs n’ont pas voulu et n’ont pas été capables d’apporter facilement les changements nécessaires qui sont disponibles par l’introduction du SES. »

L’aviation privée en Europe représente environ 87 milliards de dollars d’activité économique annuelle et compte plus de 400 000 emplois, selon l’EBAA.

Selon WingX, l’activité des vols de jets privés français en 2022 est en avance sur les niveaux d’avant-pandémie. Depuis le début de l’année, les vols long-courriers en provenance des Émirats arabes unis sont en hausse de 63 % par rapport à 2019, et les vols en provenance des États-Unis de 18 %. Dans l’ensemble, les vols en jet privé sont supérieurs de 13 % aux niveaux d’avant-pandémie.

Un hôtelier français a déclaré à Forbes que décourager les arrivées de jets privés n’avait pas de sens : « Plus de la moitié de nos revenus proviennent des clients qui séjournent dans nos suites. Ils boivent dans nos bars. Ils mangent dans nos restaurants. Ce sont eux qui prennent des soins au spa. Nous ne pouvons pas survivre avec EasyJet et RyanAir ».

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Doug Gollan

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