Ce qu’il faut retenir
Coup dur pour la France : l’agence américaine S&P a abaissé, vendredi soir, la note souveraine française de « AA- » à « A+ », tout en lui attribuant une perspective stable. En cause : les blocages politiques à l’Assemblée nationale et le ralentissement du redressement des finances publiques.
L’agence s’inquiète du manque de mesures fortes pour réduire le déficit et juge la trajectoire de la dette peu crédible. Elle anticipe une dette publique pouvant grimper jusqu’à 121 % du PIB en 2028. Cette décision intervient plus tôt que prévu, signe d’une perte de confiance accélérée. S&P estime désormais que la dette publique française pourrait atteindre 121 % du PIB en 2028, contre 118,6 % anticipés par le gouvernement. Après Fitch Ratings, c’est la deuxième dégradation majeure en un mois, avant le verdict de Moody’s Investors Service attendu le 24 octobre.
Pourquoi c’est important à suivre
Cette dégradation ne se limite pas à un symbole : elle peut alourdir le coût de financement de la France sur les marchés. Les investisseurs exigent déjà une prime de risque accrue sur les obligations françaises, certaines analyses jugeant que le marché valorise la France au niveau « BBB », soit quatre à cinq crans en dessous de sa note officielle.
Dans un contexte de taux d’intérêt élevés, cette perte de crédibilité pourrait réduire les marges de manœuvre budgétaires d’un État déjà fragilisé par un déficit de 5,4 % du PIB. Politiquement, ce déclassement fragilise aussi le gouvernement, dont la capacité à faire adopter un budget crédible avant fin 2025 est désormais scrutée de près par Bruxelles.
Citation principale
« Malgré le dépôt d’un projet de budget pour 2026 au Parlement cette semaine, l’incertitude sur les finances publiques de la France demeure élevée, soulignent les analystes de S&P dans leur note. Bien qu’à notre avis l’objectif de déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 sera atteint, nous croyons qu’en l’absence de mesures additionnelles significatives pour réduire le déficit, la consolidation budgétaire sur notre horizon de prévision sera plus lente qu’attendu précédemment ».
Le chiffre à retenir : 4
Il s’agit de la quatrième dégradation infligée à la France par S&P depuis le 13 janvier 2012. Cette année-là, le pays avait perdu son triple A, symbole de confiance absolue des marchés, sur fond de crise de la dette dans la zone euro. En novembre 2013, l’agence avait de nouveau abaissé la note française, ramenée alors à la troisième marche de son échelle de notation. Plus récemment, en mai 2024, S&P avait encore rétrogradé la France d’un cran, après la publication d’un déficit public 2023 plus élevé que prévu, signe que la trajectoire budgétaire du pays continuait de s’éloigner des standards européens.
À surveiller
Le verdict de Moody’s, attendu le 24 octobre, constituera un test clé pour la crédibilité financière du pays. Une nouvelle dégradation placerait la France sur une trajectoire comparable à celle de l’Espagne ou du Portugal, aujourd’hui mieux perçus par les marchés malgré des notes inférieures. À court terme, il faudra aussi observer l’évolution du spread franco-allemand : s’il repart à la hausse, cela indiquerait une défiance persistante envers la dette française, malgré les tentatives du gouvernement de rassurer sur sa stratégie budgétaire.
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