Avec 100 millions de touristes en 2024, la France reste la destination la plus visitée au monde. Mais en termes de retombées économiques, elle est désormais devancée par l’Espagne, qui capte davantage de dépenses touristiques.
Ce qu’il faut retenir
L’écart se creuse entre la France et l’Espagne sur le plan de la valeur générée par le tourisme. En 2024, la France a accueilli 100 millions de visiteurs internationaux, un record, contre 94 millions pour l’Espagne. Pourtant, les touristes étrangers auraient dépensé 126 milliards d’euros en Espagne, contre 71 milliards en France, selon les dernières données [publiées par l’Organisation mondiale du tourisme et reprises par l’Alliance France Tourisme].
Ce différentiel met en lumière une faiblesse structurelle de l’offre touristique française. Les professionnels du secteur appellent à des investissements massifs pour éviter un décrochage durable, notamment dans l’hôtellerie, la qualité des services et l’expérience globale proposée aux visiteurs.
Pourquoi c’est important à suivre
Si la France reste la première destination en nombre de visiteurs, elle ne transforme pas suffisamment ce flux en valeur économique. Pour l’Alliance France Tourisme, il est crucial de rénover, densifier et monter en gamme l’offre hôtelière, en ciblant les clientèles internationales à fort pouvoir d’achat, tout en continuant de répondre à la demande locale — les touristes français représentent encore les deux tiers de la dépense touristique globale.
En janvier dernier, Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, alertait dans Le Figaro :
« Il faut construire de nouveaux hôtels, en particulier haut de gamme […]. Mais nous devons travailler sur toutes les gammes et, dans l’ensemble, nous avons un parc vieillissant d’hôtels et de restaurants. »
La rénovation énergétique, l’accessibilité et la montée en qualité des infrastructures sont identifiées comme des axes prioritaires, dans un contexte où le tourisme mondial post-Covid est en forte recomposition.
Citation principale
« Ces chiffres sont difficilement vérifiables, notre secteur souffre d’un manque de données fiables. Mais le vrai sujet n’est pas le nombre de touristes », affirme Leslie Rival, secrétaire générale de l’Alliance France Tourisme, un groupe de réflexion réunissant 25 grandes entreprises du secteur, dont Accor.. « L’objectif, ce n’est pas de faire toujours plus mais de faire toujours mieux. Il nous faut un tourisme de qualité, pas de quantité », a-t-elle poursuivi sur France 24.
Le chiffre à retenir : 8 %
Le tourisme représente 8 % du PIB français et génère près de deux millions d’emplois directs et indirects. Des chiffres majeurs pour l’économie nationale, mais qui pourraient s’éroder sans une politique volontariste d’investissement et de montée en gamme.
À surveiller
La France pâtit de sa géographie de transit, notamment pour les voyageurs belges, néerlandais ou allemands en route vers les destinations plus méridionales comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Cela explique en partie pourquoi le nombre de nuits passées en France est bien inférieur à celui observé en Espagne, malgré une fréquentation globale plus élevée. Mais pour Leslie Rival, pas question d’imiter le modèle espagnol :
« C’est aussi une question de l’image de la France. Comment avons-nous envie de recevoir ? Cela passera nécessairement par un tourisme beaucoup plus résilient et vert et toutes nos entreprises y travaillent et c’est le sens de l’Histoire », affirme-t-elle.
La stratégie française mise donc davantage sur un tourisme durable et qualitatif, refusant le « surtourisme » qui affecte certaines régions espagnoles.
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