Rechercher

La Fed et les signaux économiques montrent une inquiétude croissante

Fed
Jerome Powell, président de la Fed. L Source : Getty Images

Le sirocco, un vent qui souffle depuis le Sahara et traverse la Méditerranée, apporte tour à tour de l’air sec puis humide pouvant atteindre la vitesse d’un ouragan. On dit qu’il rend les gens irritables, aggrave les problèmes de santé et use les appareils mécaniques. Actuellement, un sirocco économique souffle sur les États-Unis.

 

Ce sirocco économique balaie l’incertitude liée à la guerre commerciale, attise la tension sur les marchés du travail volatils et ravive les inquiétudes concernant la dette nationale, alimenté par la méfiance croissante de la communauté internationale à l’égard des actions et des intentions des États-Unis. Le risque de récession ne cesse de s’accroître.

 

Que dit la Fed ?

La décision du Federal Open Market Committee (FOMC, comité fédéral du marché ouvert) de la Fed de maintenir le taux directeur à court terme dans une fourchette comprise entre 4,25 % et 4,50 % n’a surpris personne. Ce n’est pas tant le chiffre que la déclaration du FOMC et les remarques du président Jerome Powell à l’issue de la réunion de deux jours qui s’est achevée mercredi 7 mai qui ont retenu l’attention des observateurs de la Fed.

Le communiqué du FOMC était mitigé. Il mentionnait que le recul du PIB du pays au premier trimestre 2025 était dû à une forte augmentation des importations, les entreprises ayant importé des marchandises avant que les droits de douane n’atteignent leur nouveau niveau élevé. Sinon, l’économie était « toujours en bonne santé », le chômage restant faible.

Toutefois, Jerome Powell a explicitement évoqué certains signes négatifs. La confiance des consommateurs a baissé dans plusieurs enquêtes. L’inflation s’est établie à 2,3 % sur la période de 12 mois qui s’est achevée en mars. Hors les catégories volatiles que sont l’alimentation et l’énergie, l’inflation s’est élevée à 2,6 % en glissement annuel. L’objectif d’inflation étant de 2 %, la situation économique reste plus fragile que ne le souhaiterait la Fed.

Jerome Powell a également déclaré que si les hausses importantes des droits de douane se maintenaient, « elles risqueraient d’entraîner une hausse de l’inflation, un ralentissement de la croissance économique et une augmentation du chômage ». Il se pourrait que cette inflation soit un phénomène ponctuel, mais elle pourrait aussi s’avérer plus persistante. « Pour éviter cette issue, il faudra que l’ampleur des effets des droits de douane soit limitée, que leur répercussion sur les prix soit rapide et, en fin de compte, que les anticipations d’inflation à long terme restent bien ancrées », a-t-il ajouté.

La Fed a pour responsabilité de remplir son double mandat, à savoir la stabilité des prix et le plein emploi durable. Cela pourrait donner lieu à un « scénario difficile » où les deux objectifs seraient « en tension », comme l’a déclaré Jerome Powell. À ce stade, il pourrait être nécessaire de jongler entre les deux, ce qui suggère que soit les prix augmenteraient plus rapidement que prévu, soit le chômage commencerait à augmenter. Cette situation ne se produira peut-être pas, mais c’est un défi potentiel que Jerome Powell et la Fed évoquent désormais.

 

Des signaux économiques incertains

Dans un communiqué publié mercredi par courrier électronique, Oxford Economics estime que la Fed attendra très probablement de disposer de données et de voir comment la situation évolue avant de réagir, ce qui pourrait signifier qu’il n’y aura pas de baisse des taux d’intérêt avant décembre. Cela serait conforme à la manière dont la banque centrale a réagi par le passé.

Toutefois, l’organisation a attendu une bonne année pendant que les taux d’intérêt grimpaient avant de prendre des mesures, qui ne semblent pas avoir freiné la hausse de l’inflation. La hausse des prix s’explique à la fois par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement induites par la pandémie et par le fait que les grandes entreprises ont profité de la situation pour augmenter leurs prix et, par conséquent, leurs bénéfices depuis le début de la pandémie. Parfois, il vaut mieux ne rien faire, mais une action inopportune est souvent malvenue.

Comme l’a écrit Oxford Economics, la vigueur actuelle du marché du travail est une bonne nouvelle. Combien de temps cela va-t-il durer ? L’impact des suppressions d’emplois au niveau fédéral ne s’est pas encore fait sentir dans les rapports sur l’emploi. Les chiffres d’avril n’ont montré qu’une baisse de 9 000 postes.

Lorsque le rapport a été publié début mai, ManpowerGroup a qualifié cette baisse de « surprise bienvenue », mais a souligné qu’elle cachait des « fissures dans les fondations » qui témoignaient de tensions. Les données de l’entreprise suggèrent une baisse de 11 % des offres d’emploi par rapport à l’année précédente, les entreprises adoptant une « approche plus stratégique et réfléchie » en matière de recrutement, avec une attitude attentiste.

Un nouveau rapport du Bureau of Labor Statistics montre une baisse de 0,8 % de la productivité au premier trimestre 2025, tandis que les coûts salariaux unitaires ont augmenté de 5,7 %, tous deux en données annualisées. Cette baisse ne concerne qu’un seul mois, mais si elle se poursuit, elle pourrait annoncer un ralentissement économique.

Les prix de l’essence baissent d’une année sur l’autre, ce qui peut sembler positif jusqu’à ce que l’on se rende compte que cela signifie que les marchés énergétiques s’attendent à un ralentissement des économies mondiales. Cela pourrait signifier une récession.

Le gouvernement Trump souhaite réduire considérablement les aides au logement pour les ménages à faibles et très faibles revenus. Le Congrès pourrait suivre ou non. Les préférences présidentielles ne sont jamais intégrées dans les budgets sans modifications ou désaccords. Cependant, même le budget présidentiel « resterait essentiellement inchangé à 1 600 milliards de dollars », écrit Veronique de Rugy dans le magazine Reason.

Il y a trop d’inconnues, trop de complexité dans l’économie, trop peu de confiance internationale dans l’économie américaine et la position mondiale des États-Unis. Trop de choses pourraient mal tourner, et cela seul est peut-être le signe le plus inquiétant.

 

Une contribution d’Erik Sherman pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


À lire également : Les attaques à répétition de Donald Trump contre la Fed font chuter Wall Street

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC