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La clarification des droits de douane pourrait faire du bien à l’économie américaine

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Droits de douane aux États-Unis. Source : Getty Images

Au cours des dernières semaines, le gouvernement Trump a annoncé une série d’accords commerciaux ainsi que la mise à jour des tarifs douaniers pour de nombreux pays qui n’ont pas encore signé d’accord. Des accords ont été conclus avec des partenaires commerciaux clés tels que l’Union européenne (UE), le Japon, le Royaume-Uni et le Vietnam, tandis que des « trêves » tarifaires sont en vigueur avec la Chine et le Mexique. Les droits de douane effectifs moyens sont de 17 %, soit une légère hausse par rapport à fin juin, mais toujours inférieurs aux estimations de mi-juillet.

 

Plus important encore, une « nouvelle norme » semble se dessiner pour le commerce, avec des taux de droits de douane compris entre 10 % et 25 %, des droits plus élevés sur les produits transbordés (c’est-à-dire les réexportations), des quotas pour les produits clés et des accords d’investissement/de financement. Dans l’ensemble, le paysage commercial semble conforme aux prévisions de mi-année et on continue donc de penser que la hausse des droits de douane ralentira la croissance économique américaine et augmentera l’inflation, sans toutefois provoquer de récession.

Avec la clarification de la question des droits de douane, l’une des principales sources d’incertitude qui pesait sur les entreprises, les consommateurs et les marchés financiers s’estompe. Combinée aux incitations fiscales et à la relance budgétaire prévue par le « Grand et Beau » projet de loi, la confiance des entreprises devrait se redresser cet automne, les chefs d’entreprise pouvant désormais prendre les décisions en matière d’embauche et d’investissements qui avaient été reportées en raison du manque de visibilité. En effet, plusieurs opérations de fusion-acquisition ont été annoncées ces dernières semaines, notamment la fusion entre les compagnies ferroviaires Union Pacific et Norfolk Southern et le rapprochement entre les banques régionales Synovus Financial et Pinnacle Financial.


Le contexte macroéconomique actuel corrobore l’opinion selon laquelle l’économie pourrait connaître un ralentissement temporaire au second semestre, induit par les droits de douane, avant de redémarrer en 2026, sous l’effet des baisses de taux de la Fed, des mesures de relance budgétaire et du regain d’optimisme des entreprises.

L’un des principaux risques à venir est un nouveau ralentissement du marché du travail. Le rapport sur l’emploi publié vendredi 1er août, qui fait état de 73 000 créations d’emplois, a surpris beaucoup d’observateurs. Même si la création de moins de 100 000 emplois par mois pourrait devenir la « nouvelle norme » compte tenu des licenciements liés au DOGE, du vieillissement de la population et de la baisse des flux migratoires, il était impossible de s’attendre à un ralentissement aussi rapide du marché du travail.

Plus frappant encore, les révisions à la baisse de 258 000 emplois pour mai et juin ramènent la moyenne sur trois mois à un rythme dérisoire de +35 000, ce qui signifie qu’il y a peu de marge de manœuvre en cas de nouvelles déceptions. Avec une création d’emplois dans le secteur industriel au point mort et des vents contraires liés aux droits de douane, un recul de l’emploi dans les mois à venir est fort probable, ce qui pourrait raviver les craintes de récession.

Si cela peut être source de volatilité à court terme, le rapport sur l’emploi de juillet n’était pas entièrement sombre. Il a en effet montré une hausse régulière des salaires et une augmentation du nombre d’heures hebdomadaires moyennes, deux facteurs qui devraient soutenir les dépenses. L’emploi hebdomadaire total, qui est un bon indicateur du revenu total du travail, a augmenté de 5,3 % en glissement annuel, égalant son meilleur résultat depuis mars 2024.

L’autre risque principal provient des valorisations élevées des actions, l’indice S&P 500 se négociant à 22,1 fois les bénéfices attendus pour les 12 prochains mois. Cependant, la valorisation est un outil de timing notoirement peu fiable, et plusieurs raisons structurelles expliquent pourquoi les valorisations actuelles semblent historiquement élevées, notamment la composition du marché lui-même.

Les secteurs à PER élevé, tels que les technologies de l’information, représentent aujourd’hui une part plus importante de l’indice de référence, tandis que les groupes qui se négocient généralement à des multiples plus faibles, tels que l’énergie, ont un poids moindre, ce qui tire le multiple global du marché à la hausse.

Un autre facteur clé de la hausse des multiples est la qualité supérieure des fondamentaux actuels par rapport au passé, l’indice affichant des marges d’exploitation plus élevées, une meilleure croissance des revenus, une génération de flux de trésorerie disponible plus forte et un endettement plus faible.

Si ces changements ne peuvent expliquer entièrement la hausse des valorisations, il est rare d’observer une contraction des multiples dans un contexte de forte croissance des bénéfices et de récentes baisses de taux, comme c’est le cas aujourd’hui. Bien que les valorisations soient « tendues » par rapport à l’histoire, de nombreuses raisons permettent de penser que les actions pourraient rester chères dans les années à venir. Un recul à court terme des actions comme une opportunité d’achat est à envisager, car l’économie (et, par extension, les bénéfices des entreprises) devrait s’accélérer au cours des 12 prochains mois.

 

Jeffrey Schulze, CFA, est directeur et responsable de la stratégie économique et de marché chez ClearBridge Investments, une filiale de Franklin Templeton. Ses prévisions ne doivent pas être considérées comme des prévisions d’événements futurs ou de performances réelles ni comme des conseils en investissement. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Ni ClearBridge Investments ni ses fournisseurs d’informations ne peuvent être tenus responsables des dommages ou pertes résultant de l’utilisation de ces informations.

 

Une contribution de Jeffrey Schulze pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


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