Ce qu’il faut retenir
Luca De Meo fait fort pour son premier mois à la direction du groupe Kering, qu’il est chargé de ramener sur les rails après plusieurs années compliquées pour sa marque phare, Gucci. Dans un communiqué relayé dans la nuit de dimanche à lundi, le géant du luxe tricolore a annoncé céder sa filiale Kering Beauté à son concurrent L’Oréal, ainsi que le développement des produits beauté de Gucci après l’expiration de la licence avec le parfumeur Coty. Cette licence devrait arriver à échéance en 2028, date à laquelle L’Oréal prendra le relais pour la création et la distribution des parfums et cosmétiques de la marque.
Pourquoi c’est important à suivre
L’accord entre les deux grandes maisons s’établit à 4 milliards d’euros, payables en numéraire au début de l’opération prévue pour le premier semestre 2026. Il comprend la cession de la marque de parfum Creed, acquise par Kering en 2023, et prévoit que L’Oréal verse également des redevances à Kering pour l’utilisation des marques sous licence. Selon le communiqué officiel de Kering, les deux groupes créeront aussi un « comité stratégique » afin de développer conjointement des projets dans la beauté et le bien-être, un segment présenté comme une nouvelle priorité pour le groupe.
Le numéro 1 mondial de la beauté a été conseillé par Rothschild & Co et Bank of America, tandis que Kering s’est appuyé sur Evercore et Centerview Partners. Par cette opération d’envergure, Luca De Meo met fin à l’un des pivots stratégiques lancés par François-Henri Pinault : la création d’une division beauté autonome censée concurrencer L’Oréal Luxe. Le nouveau PDG opte au contraire pour un recentrage sur la mode et la maroquinerie, afin de stabiliser la performance du groupe et de réduire une dette estimée à 9,5 milliards d’euros à l’été 2025.
Le chiffre à retenir : 50/50
L’opération comportera un « partenariat exclusif, prévu sous la forme d’une co-entreprise à 50/50, qui permettra de créer des expériences et des services combinant les capacités d’innovation de L’Oréal et la connaissance approfondie des clients du luxe de Kering », a affirmé Luca De Meo, cité dans le communiqué. Cette alliance inclura notamment des licences à long terme, d’une durée de 50 ans selon Reuters, couvrant les marques Gucci, Bottega Veneta, Balenciaga, Alexander McQueen et Pomellato.
Citation principale
« Cette alliance stratégique marque une étape décisive pour Kering et nous permet de nous concentrer sur ce qui nous définit le mieux : notre puissance créative et l’attractivité de nos Maisons », a assuré le patron de Kering.
À surveiller
Si l’opération déclenchée par Luca De Meo paraît colossale et risquée pour l’avenir de Kering, le message a su séduire les investisseurs. En effet, le cours de Bourse du groupe était en hausse de 5 % ce lundi matin à Paris. « L’ajout de ces marques extraordinaires complète parfaitement notre portefeuille existant, […] Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga […] présentent un énorme potentiel de croissance », a indiqué le directeur général de L’Oréal, Nicolas Hieronimus, dans le même communiqué. Le produit de cette vente pourrait être employé à la réduction de la dette du groupe évaluée à 9,5 milliards d’euros en juillet.
Le succès de cette transaction dépendra toutefois de la capacité des deux groupes à préserver la cohérence du positionnement des marques et à maintenir des marges élevées dans un marché du parfum et du soin hautement concurrentiel.
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