Jony Ive, le gourou du design d’Apple, est sur le point de devenir milliardaire grâce à un accord avec Open AI

L’accord avec OpenAI, qui porte sur l’intégralité des actions, valorise io, la start-up de Jony Ive spécialisée dans le matériel informatique pour l’IA, à 6,5 milliards de dollars, ce qui devrait constituer une manne considérable pour le père du design de l’iPhone.

L’homme derrière le design de l’iPhone est sur le point d’entrer dans le classement Forbes des milliardaires. Mercredi 21 mai, OpenAI a annoncé l’acquisition de la start-up io, spécialisée dans le matériel d’intelligence artificielle (IA) et fondée par le légendaire designer d’Apple Jony Ive, dans le cadre d’une transaction entièrement en actions évaluant la société à 6,5 milliards de dollars.

Forbes estime que Jony Ive détient 11 % d’io et qu’il devrait recevoir des actions d’OpenAI d’une valeur de 715 millions de dollars, même si celles-ci ne seront pas entièrement acquises avant plusieurs années, selon une source proche du dossier. L’accord doit encore être approuvé par les autorités réglementaires.

Avant de lancer io l’année dernière, Jony Ive a passé près de trois décennies chez Apple, où il a conçu ses produits pour un salaire très élevé. Il possède également un empire immobilier estimé à 100 millions de dollars (net de dettes) et une société de design appelée LoveFrom qui réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 200 millions de dollars.

Jony Ive, dont Steve Jobs disait qu’il avait « plus de pouvoir opérationnel que quiconque chez Apple à part moi », est peut-être déjà milliardaire, même si cela est difficile à savoir avec certitude, car ses 27 années de rémunération chez Apple n’ont jamais été rendues publiques. Un bref aperçu de ses participations apparait dans plusieurs documents déposés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) pour la période de quatre ans allant de 2008 à 2011, au cours de laquelle il a encaissé les actions qu’il avait reçues en compensation pour un montant estimé à 75 millions de dollars (après impôts). Jony Ive a refusé de commenter cette information.

Les détails sur les produits conçus par io sont rares, mais l’acquisition de la start-up semble être un élément clé de la stratégie d’OpenAI visant à créer de nouveaux appareils matériels alimentés par l’IA, selon une vidéo dans laquelle Jony Ive est apparu avec le cofondateur et PDG milliardaire d’OpenAI, Sam Altman, mercredi, le jour de l’annonce de l’accord.

« Nous sommes à l’aube de ce que je considère comme la plus grande révolution technologique de notre époque », a déclaré Jony Ive, 58 ans, dans la vidéo. « J’ai de plus en plus le sentiment que tout ce que j’ai appris au cours des 30 dernières années m’a conduit à ce moment. »

La start-up créée il y a un an par Jony Ive, en collaboration avec ses anciens collègues d’Apple Scott Cannon, Evans Hankey et Tang Tan, est née d’un partenariat avec LoveFrom, l’agence de design de Jony Ive, qui a débuté en 2023, à peu près au moment où LoveFrom a commencé à travailler discrètement avec OpenAI.

« Nous avons très vite compris que nous avions besoin d’une troisième entreprise », a déclaré Sam Altman dans une interview. Au départ, io opérait en toute discrétion, employant 55 personnes (en plus des 60 employés de LoveFrom) et levant deux tours de financement pour un montant total estimé à 225 millions de dollars auprès de plusieurs entreprises, dont Sutter Hill Ventures, Emerson Collective, Thrive Capital et OpenAI, qui détenait déjà 23 % des parts d’io avant l’annonce de mercredi.

Les cinq milliards de dollars qu’OpenAI verse aux actionnaires d’io pour les 77 % restants prendront probablement la forme d’unités de participation aux bénéfices d’OpenAI, qui sont généralement acquises sur quatre ans, ce qui signifie qu’il faudra attendre un certain temps avant que les actions de Jony Ive ne lui soient transférées. « Cela se débloquera au cours des prochaines années », a déclaré une source proche de l’accord à Forbes. « Toute la structure de cette opération vise à garantir que tout le monde est sur la même longueur d’onde. »

Dans la vidéo annonçant l’accord, Sam Altman a déclaré que la mission d’io était de « créer une famille d’appareils qui permettraient aux gens d’utiliser l’IA pour créer toutes sortes de choses merveilleuses. Le premier sur lequel nous avons travaillé a complètement captivé notre imagination ».

Cela signifie que les deux légendes de la Silicon Valley travaillent sur un produit matériel grand public alimenté par l’IA, un marché difficile à percer. Meta et Google ont essayé, mais leurs lunettes n’ont pas encore été adoptées à grande échelle. Il en va de même pour les start-up Humane et Rabbit (dont les appareils Humane pin et Rabbit R1 ont récemment été qualifiés de « produits médiocres » par Jony Ive dans une interview accordée à Bloomberg).

Cependant, Mike Speiser, directeur général de Sutter Hill Ventures, qui a investi dans les deux tours de financement d’io, pense que si quelqu’un est capable de relever le défi, c’est bien l’équipe d’io. « Après avoir travaillé avec eux, je ne voudrais jamais rivaliser avec cette équipe dans le domaine des produits grand public », a déclaré Mike Speiser à Forbes mercredi. « Les fondateurs font partie des plus grands créateurs de produits grand public de l’histoire. »

Né à Londres, Jony Ive a déménagé aux États-Unis en 1992 pour rejoindre Apple, « attiré par l’optimisme exaltant de San Francisco et de la Silicon Valley », a-t-il déclaré mercredi dans la vidéo avec Sam Altman.

Jony Ive restera chez Apple pendant les trois décennies suivantes, occupant divers postes de direction dans le domaine du design, avant de devenir directeur de la conception de 2015 à 2019. Au cours de cette période, il a participé à la conception de l’iMac, de l’iPhone, de l’iPad, de l’Apple Watch, du MacBook et de l’interface utilisateur du système d’exploitation d’Apple. Les revenus générés par son travail chez Apple lui ont largement suffi pour acheter en 2012, pour 17 millions de dollars, une maison conçue par Willis Polk à San Francisco avec vue sur le Golden Gate Bridge.

Jony Ive a quitté Apple en 2019 et a créé sa propre entreprise, LoveFrom (le nom proviendrait d’une conversation avec Steve Jobs, dont Jony Ive était un ami proche). Il est toutefois resté proche du géant technologique, continuant à travailler pour Apple jusqu’en 2022 dans le cadre d’un contrat pluriannuel de 100 millions de dollars, selon le New York Times.

Jony Ive et LoveFrom ont également conçu des produits pour des clients prestigieux tels qu’Airbnb et Ferrari, et ont créé une série de vestes à plus de 2 000 dollars pour la société de vêtements du milliardaire Remo Ruffini, Moncler.

À cette époque, Jony Ive a également commencé à acquérir des biens immobiliers, à titre personnel et par l’intermédiaire d’entités affiliées à LoveFrom, dans la région de San Francisco. Entre 2020 et 2024, il a dépensé près de 150 millions de dollars dans l’immobilier commercial, dont l’achat spectaculaire, l’année dernière, du Little Fox Theatre, un bâtiment de 3 250 m² pour 60 millions de dollars. La plupart des biens immobiliers de Jony Ive se trouvent dans le même quartier, Jackson Square, et il dépense des dizaines de millions de dollars pour développer et rénover ces propriétés, selon une source proche de l’opération.

Une fois la fusion effective, le studio de design de Jony Ive, LoveFrom, continuera à fonctionner comme une entité distincte, mais travaillera sous contrat pour l’équipe io d’OpenAI. OpenAI deviendra ainsi le principal client de LoveFrom, qui ne prévoit pas d’accepter de nouveaux clients, selon une source proche des deux entreprises. Cette source a décrit le partenariat comme ayant un « volet design » (LoveFrom) et un « volet ingénierie » (io/OpenAI).

Jony Ive, quant à lui, ne prévoit pas de rejoindre OpenAI, préférant diriger la partie créative et conception du projet au sein de LoveFrom, et ce avec un optimisme apparemment sans limites. « Je suis absolument certain que nous sommes littéralement à l’aube d’une nouvelle génération de technologies qui peuvent nous rendre meilleurs », a déclaré Jony Ive.

Article de Pheobe Liu et Matt Durot pour Forbes US, traduit par Flora Lucas

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